Je m’appelle Mohamed B. et je suis de nationalité algérienne. J’ai 23 ans et je suis arrivé en France en juin 2008. Je suis athlète de performance et mon intention était de rejoindre un club en France et continuer ma carrière; j’avais été 4 fois champion national en Algérie.
Quand je suis arrivé en France, mon projet n’a pas été possible faute de documents – j’étais entré en France avec un visa court séjour et les lois sur les clubs venaient de se changer, et finalement j’ai essayé pendant quelques mois jusqu’à l’expiration du visa mais c’était impossible. Pendant cette période j’habitais chez ma soeur, à Marseille.
Je ne connaissais pas la Légion Étrangère avant de venir en France, et au début je l’ai vue comme une solution pour ma situation irrégulière. Après, ce qui m’a motivé a été la Grande famille de toutes les nationalités, le Code d’Honneur que j’avais lu, la discipline et les missions pour la paix. Je me suis engagé dans la Légion en octobre 2008.
J’étais à Aubagne, où on a fait les tests d’entrée. J’ai été content après avoir été accepté, je me disais que je n’aurais pas pu prendre un refus devant tous les candidats, ma fierté était en jeu.
Nous sommes partis à Castelnaudary et le début de l’Instruction s’est plutôt bien passé. Mes problèmes ont commencé quand le Lieutenant G. a commencé à me harceler constamment. Nous nous sommes présentés chez le Lieutenant et il m’a demandé mes raisons pour rejoindre la Légion. Je lui ai répondu que j’étais venu pour être un Légionnaire et servir l’Armée Francaise avec honneur et fidelité, et que j’aimais l’aventure. Il m’a dit « Arrête de mentir, tu es venu pour manger et dormir parce que tu n’avais pas où manger et dormir. Vous croyez que la Légion Étrangère c’est pour les clandestins qui dorment dehors, ici c’est pas Marseille avec les Arabes, c’est la Légion Étrangère. Je vais te montrer qu’est-ce que c’est manger et dormir ici. » Et de ce jour-là, mes problèmes ont commencé.
Pendant l’Instruction nous avions 3 Caporaux qui ont été correctes envers moi et mes camarades. Après 1 mois et demi environ, ils ont terminé leur stage pour devenir Sergents et ils ont été remplacés. Ca a commence avec les caporaux C. et P. : des insultes genre « sale arabe », « sale noir », des coups sans aucune raison. Le caporal C. est venu plusieurs fois dans ma chambre et a jeté mes affaires dans la douche et a mis du savon dessus et les a mouillées (des photos, livres, souvenirs, habits). J’ai demandé la raison, et il m’a répondu que c’était un ordre du Lieutenant. J’étais suivi constament et insulté par ces 2 caporaux et le Lieutenant. Ils me collaient et trouvaient des raisons pour me punir, taper et insulter. Même quand je mangeais ils m’insultaient en me disant « tu manges comme un porc Arabe. Ils me mettaient trop de pression; tellement cela m’affectait que je tapais les murs et je sentais ma tête qui va exploser, et depuis cette periode je fais de cauchemars la nuit.
Ces actions m’ont beaucoup humilié, et je ne pouvais rien dire ou faire car même le Chef de section avait le même comportement. J’ai gardé tout pour moi et j’ai commence à m’embrouiller avec mes camarades. S’il y avait un conflit entre nous, les supérieurs disaient qu’il faut qu’on règle les problèmes entre nous et nous encourageaient en fait à nous bagarrer. Je me suis beaucoup bagarré pendant ce temps parce qu’ il y avait beaucoup de pression. À chaque fois qu’il y avaient des conflits on était bien sûr puni, mais les supérieurs faisaient peu pour régler les conflits et créer une atmosphere d’entente entre les soldats. Pendant l’Instruction j’ai vu cette réalité de la Légion mais j’avais la volonté de dépasser les difficultés, je pensais à mon honneur.
Je suis arabe et en même temps j’ai la peau foncée. Je me suis fait insulté trop de fois de « sale arabe, sale noir », ou « vous êtes ici juste parce que vous êtes des clandestins », « vous valez rien »; par exemple, pour les corvées on nous disait « les arabes, prenez votre place aux toilettes parce que vous méritez pas mieux », « vous faites que des problèmes dans la vie civile », etc. Des fois je sentais qu’ils trouvaient du plaisir à nous frapper sans raison. Une fois on est parti voir le chef de section, on était moi, un Francais qui est maintenant civil et un Portuguais qui a déserté. On a expliqué la situation au chef de section (lieutenant G.), les insultes qui marquent, aussi le Portuguais qui était noir, et le Francais parce qu’il voulait partir civil. J’ai expliqué que je ne trouve pas juste de me faire insulter sur ma famille, ma mere ou ma race ou religion parce que cela n’est pas écrit dans le Code d’Honneur On a parlé avec lui et le résultat a été qu’ on a ramassé plus, il nous a dit « si vous êtes pas contents, vous n’avez qu’à déserter la nuit ». Les caporaux me disaient on va te faire déserter, le Lieutenant venait me voir tous le jours pour me dire, « tu es encore là, déserte, tu attends quoi », quand je faisais de bons résultats il me disait, « soit pas content, tu es une merde et tu reste une merde, tu vas partir au 2eme REI, je connais tous les Lieutenants la-bas ils vont te faire déserter ». Et effectivement, quand je suis arrivé au 2eme REI à Nîmes, j’ai eu beaucoup de problèmes.
Le premier jour, le Caporal C. qui avait été envoyé par le Lieutenant G. a parlé avec tout le monde qui me faisait l’instruction au 2eme REI pour avoir la fourragère, de me faire ramasser. J’ai su cela par un Caporal qui m’a fait l’instruction dans le 2eme REI, il a parlé avec le chef de section de la part du Lieutenant avec tous les caporaux qu’il fallait me faire ramasser et déserter, parce que le Caporal C. était du 2eme REI et grâ²ce a cela il connnaissait les Caporaux et le Chef de Section. Mais le Chef de Section du 2eme REI a été correcte avec moi.
Mon état d’âme mauvais a cependant continué, j’ai été marqué par le traitement que j’avais reçu. Je n’ai pas résisté, je ne voyais aucun sens et je ne pouvais plus rester dans la Légion après ces expériences, je me sentais deprimé et je sentais mes nerfs poussés à bout , je ne dormais pas, j’avais des cauchemars et j’essayais de trouver une solution pour me calmer. Je me sentais seul et je ne savais pas quoi faire, je suis alors parti en juillet 2009 et je n’y suis plus revenu.
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C’est beau la Légion !
Au lieu de se rendre à Cameron au Mexique le ministre de la défense Hervé Morin ferait mieux de régler le problème de la légion en France. C’est une honte ce qui se passe dans cette institution. Le gouvernement français est complice par abstention ou tolérance de ces atteintes aux droits de l’homme.
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