Publié le 15 Juin 2016
RUBRIQUE : DÉFENSE, EUROPE
Palais de l’Elysée, le 15 juin 2016
Les préoccupations en matière de sécurité se multiplient, tant sur nos territoires que dans notre voisinage. L’Union fait face à une instabilité grandissante à l’Est et au Sud, elle est confrontée au terrorisme et aux pressions migratoires. Les efforts visant à renforcer la coopération en matière de défense au sein de l’Union européenne doivent s’intensifier. Pour cela, les États membres de l’UE ont à afficher une volonté politique commune.
La Finlande et la France, qui ont démontré leur engagement en faveur de la gestion des crises de l’UE, appellent à davantage de solidarité et à une meilleure répartition des efforts et envisagent un usage élargi du financement commun et des capacités communes pour les opérations.
La politique de sécurité et de défense commune de l’UE doit aussi contribuer à protéger l’Europe et les Européens.La défense, ainsi que d’autres dimensions (notamment internes) de la sécurité, ont le potentiel de devenir des moteurs de l’intégration européenne. La coopération en matière de défense sert l’intérêt des citoyens de l’UE, alimente une culture de confiance et présente des avantages financiers.
Elle représente également un moyen important de renforcer les capacités dont l’UE a besoin en tant qu’acteur extérieur crédible. A la suite des attentats terroristes de Paris, l’UE s’est montrée ferme et solidaire dans la défense contre les agressions, après l’invocation de la clause d’assistance mutuelle du Traité de Lisbonne par la France.
L’UE souligne de manière constante que la sécurité est une condition préalable au développement dans les pays partenaires. La Commission et le Service européen pour l’action extérieure devraient rapidement obtenir des résultats dans l’initiative intitulée « Renforcer les capacités pour favoriser la sécurité et le développement »(CBSD), notamment par un assouplissement de l’interprétation des Traités et la mise en place d’un instrument financier spécifique dans le prochain cadre financier pluriannuel. Cela représenterait une avancée conséquente dans l’optimisation de l’efficacité de l’action extérieure de l’UE.
L’UE doit s’efforcer de maintenir une base technologique et industrielle de défense européenne forte, compétitive et innovante.Les grandes entreprises et les PME bénéficieront de chaînes d’approvisionnement intégrées et d’un meilleur accès transfrontalier au marché. À travers son Plan d’action en matière de défense, qui sera publié d’ici la fin 2016, la Commission européenne devra à cet égard améliorer la cohérence de la coopération en matière de défense. Il faut améliorer le lien entre la défense et les autres politiques de l’UE, comme le marché intérieur, l’industrie ou l’espace.
L’UE peut apporter une valeur ajoutée à la recherche en matière de défense. Un financement adéquat doit être consacré à l’action préparatoire concernant la recherche relative à la politique de sécurité et de défense commune.
Un régime de sécurité d’approvisionnement global à l’échelle de l’UE est aussi nécessaire pour soutenir la capacité de résilience des États membres, garantir la compétitivité de l’industrie de la défense, faciliter la création d’un marché intérieur de la défense et renforcer l’autonomie stratégique de l’Europe.
Si l’OTAN reste la pierre angulaire de la défense collective, l’UE doit accroître son rôle de garant de la sécurité et de la défense, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Europe, notamment par une approche plus stratégique de ses relations avec l’OTAN.Le Conseil européen et le Sommet de Varsovie doivent susciter un nouvel élan politique pour avancer avec une déclaration conjointe. La coopération doit être développée dans les domaines de la sécurité maritime, du soutien aux partenaires pour la formation et le renforcement des capacités, des exercices, et des menaces hybrides.
Les menaces hybrides sont désormais constantes et inquiétantes.Davantage d’efforts doivent être fournis pour renforcer la capacité de résilience de nos sociétés. Si les États membres sont les premiers intervenants, l’UE dispose d’une panoplie robuste pour favoriser la sensibilisation, la résilience, ainsi que la prévention et la réaction en situation de crise. L’UE doit redoubler d’efforts pour contrer ces menaces. La mise en place d’un centre d’excellence pour la lutte contre les menaces hybrides pourrait soutenir l’UE et ses États membres et favoriser le renforcement de la coopération entre l’UE et l’OTAN préconisé par le Conseil dans ses conclusions du 18 avril 2016.
L’atteinte de ces objectifs nécessitera à la fois un investissement suffisant des États membres dans la défense, et une coopération en matière de défense plus systématique au sein de l’UE.Les États membres, qui détiennent les capacités militaires, doivent s’efforcer de mieux coordonner leurs programmes et leurs budgets de défense, à commencer par les livres blancs sur la défense nationale. Dans ce contexte, la création d’un « Semestre européen de défense » pourrait être envisagée. L’Union doit étudier d’autres mesures pour encourager la coopération en matière de défense.
Suite à la finalisation de la stratégie globale de l’UE et en vue de la rendre pleinement opérationnelle, le Conseil européen doit fournir des orientations pour améliorer l’efficacité et les capacités de la dimension militaire de l’Union.
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