INFO METRONEWS – Un mois et demi après la mort troublante d’un étudiant de Saint-Cyr, l’avocat de la famille Frederik-Karel Canoy a demandé officiellement ce mercredi une audience au ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Le père Daniel Lavocat, militaire retraité, est persuadé que son fils a été tué. Il estime que les traces constatées sur le corps de Michaël sont incompatibles avec un suicide.
Le 9 mars dernier, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a ordonné une « enquête de commandement » pour éclaircir les circonstances du suicide en février d’un élève-officier de l’école militaire de Saint-Cyr. Michaël Lavocat avait 22 ans et était en dernière année au sein de la prestigieuse école de Coëtquidan (Morbihan). Son corps a été retrouvé le 9 février au camp militaire de La Courtine (Creuse) où il effectuait un stage d’entraînement. Dans un premier temps, la thèse du suicide a été privilégiée par le parquet de Guéret avant que l’enquête ne soit requalifiée en « provocation au suicide ».
Dans la première version livrée à la mère de Michaël – dont nous avions raconté l’histoire ici – le jeune homme s’était donné la mort avec son Famas parce qu’il n’avait pas supporté le décès de son père trois jours auparavant. Or, Daniel Lavocat, qui réside au Cameroun, est bel et bien vivant. Aujourd’hui, le père de famille, militaire de carrière, est un homme en « colère » et en quête de réponses. Son avocat Me Frederik-Karel Canoy a demandé officiellement ce mercredi à être reçu par le ministre de la Défense afin de lui exposer « les nombreuses zones d’ombre » de cette affaire (lire encadré ci-dessous). Daniel Lavocat est lui persuadé que son enfant a été tué et réclame l’expertise balistique qu’on lui a refusé et qui lèverait tous les doutes.
Comment avez-vous appris la mort de votre fils ?
Je vis au Cameroun et mon ex-femme m’a appelé. J’ai décroché, elle s’est écriée : ‘Tu es vivant ! Ton fils s’est suicidé en apprenant ta mort’. Elle a raccroché avant de tomber dans les pommes. On venait de lui annoncer deux morts d’un coup : la mienne et celle de son enfant qui n’aurait soi-disant pas supporté mon décès. Et je suis là au bout du fil… L’assistance sociale m’a alors rappelé, puis un collègue et un général… Personne n’y croyait.
Comment est-ce possible ?
Je ne sais pas mais depuis le début, on essaye de nous faire avaler des couleuvres. C’est un mauvais polar, un scénario mal monté. Je suis persuadé qu’on veut déguiser l’assassinat de Michaël en suicide. On nous a raconté qu’il avait subtilisé une cartouche de Famas lors d’un tir le 2 février pour se suicider le 9 en apprenant ma prétendue mort le 7. Cette affaire pue. Michaël était un jeune homme joyeux, volontaire, brillant, il avait une copine, faisait partie de la chorale de l’église. Il était heureux et n’avait aucune raison de se suicider.
C’est pourtant la thèse qui a été très rapidement privilégiée par le parquet. A laquelle vous opposez les « constatations » faites sur le corps de votre fils…
Je suis allé voir son corps à la morgue. Je connais les blessures causées par un Famas. Et je ne vois pas comment on peut se suicider avec cette arme en se tirant officiellement une balle de face et en ayant sur la même face côté droit de la figure un trou béant. Une balle de Famas sort du canon à 1100 m/seconde, entre et ne fait pas de demi-tour sur place. Je suis militaire et je connais parfaitement cette arme avec laquelle j’ai opéré sur de nombreuses opérations. La balle que Michael a reçue a été tirée par l’arrière gauche puisque l’impact destructeur a détruit toute la face avant droite. Et il est impossible pour une personne normalement constituée de prendre un Famas de 75cm de long qui pèse 4,4 kilos, de le retourner à l’envers avec la main gauche – sachant que mon fils est droitier – et de se loger une balle dans la tête par-derrière. C’est techniquement et matériellement impossible.
Votre avocat a demandé ce mercredi une audience au ministre de la Défense. Qu’attendez-vous aujourd’hui ?
Je sais que l’on a tué mon fils, je veux savoir qui l’a tué et pourquoi. Le procureur de Guéret Sébastien Farges a refusé l’expertise balistique sous prétexte que cela coûte 2.500 euros. Il s’agit pourtant du seul élément objectif. Il faut exhumer le corps de mon enfant et effectuer une expertise balistique, c’est aussi simple que ça. Le ministre est le chef des armées de la France, il doit exiger la vérité.
Une enquête de commandement a déjà été ordonnée par le ministre…
C’est de la poudre aux yeux. Ils ont voulu calmer les esprits et je n’y crois pas. Je demande une expertise balistique, c’est tout. On a une autopsie toxicologique mais je ne comprends pas le refus du procureur. Je suis en colère, je dirais ‘en guerre’ car j’irai jusqu’au bout. Je n’ai pas peur. A Saint-Cyr, on forme l’élite de l’armée française et ce qui s’est passé ne colle pas avec son éthique. Je ne blâme pas l’armée dans son ensemble ou les militaires, j’en suis un. Je ne fais pas d’amalgame. Mais dans tout système, il y a des brebis galeuses et il faut les débusquer. Je veux connaître la vérité même si cela ne ramènera jamais mon fils. Il ne faut pas que cela se reproduise.
Source: metronews.fr