Question écrite n° 19321 de Mme Michelle Demessine (Nord – Communiste républicain et citoyen) publiée dans le JO Sénat du 17/12/2015 – page 3428
Mme Michelle Demessine attire l’attention de M. le ministre de la défense sur le dimensionnement du laser mégajoule.
En effet, le laser mégajoule est un élément principal du programme de simulation des essais nucléaires. Il doit permettre d’étudier à toute petite échelle le comportement des matériaux dans des conditions extrêmes similaires à celles atteintes lors du fonctionnement nucléaire des armes.
Quand ce programme a été lancé en 1996, il devait être terminée pour 2010 et comporter un total de 240 lasers.
Cet objectif a été ramené à 176 lasers. Cependant, actuellement, le laser mégajoule n’est doté que de huit lasers et la totalité des lasers ne sera pas installée avant au moins dix années.
Elle voudrait donc savoir pourquoi il a été inauguré, en octobre 2014, avec ce petit nombre de lasers et s’il est vraiment toujours nécessaire d’atteindre l’objectif de 176 lasers.
Réponse du Ministère de la défense publiée dans le JO Sénat du 11/02/2016 – page 589
La France ayant définitivement mis fin à ses campagnes d’essais nucléaires en 1996, le laser mégajoule (LMJ), inauguré par le Premier ministre en octobre 2014, constitue un élément fondamental du programme de simulation qui garantit la performance et la fiabilité des armes de la dissuasion française pendant toute leur durée de vie.
Cet équipement est également indispensable afin d’accompagner la transition entre une génération de physiciens concepteurs d’armes nucléaires du commissariat à l’énergie atomique (CEA) dont la méthodologie de travail reposait sur les essais et celle qui utilisera uniquement les outils de la simulation.
La transmission du savoir-faire en matière de conception des armes se fait en effet par compagnonnage et nécessite de posséder des installations de simulation opérationnelles.
La ligne d’intégration laser (LIL), prototype du LMJ, opérationnel à compter de 2003, a été utilisée pour effectuer les premières expérimentations laser jusqu’à son retrait du service intervenu en 2014.
Afin d’éviter toute rupture dans le processus de formation des concepteurs d’armes, il est apparu nécessaire de commencer à exploiter dès cette date le LMJ dans une version provisoire limitée à 8 faisceaux laser.
À cet égard, il est souligné que cette configuration permet d’ores et déjà de réaliser des expériences de physique de qualité et de tester la capacité prédictive des codes de calcul des armes.
Pour la définition des générations futures de têtes nucléaires, le CEA et le ministère de la défense devront disposer du LMJ dans sa version définitive à 176 faisceaux [1].
Au cours des années à venir, de nouveaux faisceaux et instruments de mesure seront donc ajoutés en cohérence avec les besoins de la défense.
Le plan d’expérimentation pour la physique des armes pour la prochaine décennie tient compte de la montée en puissance du LMJ en élargissant progressivement le panel des expériences réalisables.
[1] Les faisceaux réalisés pour le prototype LIL s’étant révélés plus énergisants que prévu, le nombre des faisceaux envisagé pour le LMJ a pu être ramené de 240 à 176.
Source: JO Sénat du 11/02/2016 – page 589