Mme la présidente. La parole est à Mme Marie Récalde, pour le groupe socialiste, républicain et citoyen.
Mme Marie Récalde. Monsieur le Premier ministre, au cours des derniers jours, la barbarie terroriste a encore frappé. Elle a frappé aux États-Unis, au Tchad, au Royaume-Uni, en Égypte, au Mali, en Tunisie. Notre groupe, comme, je le crois, l’ensemble de la représentation nationale, joint ses pensées à celles des peuples touchés.
La France est engagée en première ligne dans la lutte contre le terrorisme. À leur tour, la Chambre des communes au Royaume-Uni et le Bundestag en Allemagne ont pris des décisions importantes pour intensifier les efforts de la coalition dans la lutte contre Daech et l’islamisme radical.
Le Président de la République se trouvait la semaine dernière sur le porte-avions Charles de Gaulle…
Plusieurs députés du groupe Les Républicains. Et alors ?
Mme Marie Récalde. …aux côtés de nos troupes engagées contre l’État islamique.
Cette guerre, nous la menons contre un mouvement qui asservit des peuples en Irak, en Syrie et en Libye. Un mouvement qui vole, qui assassine, qui pille et qui cherche à détruire notre héritage culturel commun.
Nos sociétés doivent tenir bon. La démocratie, l’État de droit, la République et ses valeurs ne peuvent pas, ne doivent pas vaciller face à la menace. Le but des terroristes est de nous fragiliser et de dénaturer ce que nous sommes et ce que nous représentons.
Monsieur le Premier ministre, à l’heure où les Français expriment légitimement leurs craintes, vous avez raison de dénoncer les outrances dangereuses de tous ceux qui veulent répondre à la violence par la stigmatisation et la haine.
Dans cet état d’esprit et dans le respect de nos valeurs humanistes et républicaines, pouvez-vous nous dire comment la France compte intensifier ses efforts pour combattre le terrorisme ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)
Mme la présidente. La parole est à M. le Premier ministre.
M. Manuel Valls, Premier ministre. Madame la députée, vous avez raison, le terrorisme doit concerner l’ensemble de la communauté internationale. Il a déjà frappé de nombreux pays et il a frappé la France. Nous devons unir nos efforts pour faire face à ces actes barbares et à cette menace présente et constante.
Nous le faisons d’abord à travers notre riposte militaire au Levant, en Irak et en Syrie. Dès le dimanche 15 novembre, vous le savez, notre aviation est intervenue pour accentuer les frappes. Nos chasseurs bombardiers ont visé des fiefs de Daech, des unités de commandement comme des camps d’entraînement.
Depuis la fin du mois de septembre, nous avons frappé en Syrie, simultanément aux nombreuses missions de renseignement, et ces frappes se poursuivent aujourd’hui. Nous avons conduit huit frappes sur Raqqa.
Des frappes ont également eu lieu en Irak sur des positions de Daech proches de Mossoul.
Pour intensifier notre action militaire, nous avons déployé pendant deux semaines le porte-avions Charles de Gaulle en Méditerranée orientale, vous l’avez rappelé. Il reprendra prochainement ses activités, lorsqu’il sera arrivé dans le Golfe persique.
Avec nos alliés américains, nous avons ciblé des camps d’entraînement, des sites pétroliers et logistiques et, je viens de le rappeler, des postes de commandement, principalement dans les régions de Raqqa et de Deir ez-Zor. Ces frappes ont eu des effets importants sur les capacités de commandement de Daech, ses flux logistiques et ses ressources financières. Nous visons, nous frappons, nous détruisons les bastions où se préparent les attaques que Daech mène contre nous.
Je remercie une nouvelle fois l’ensemble du Parlement d’avoir voté si massivement, le 25 novembre dernier, en faveur de la prolongation de l’engagement de nos forces aériennes en Syrie.
Nous maintenons également notre effort en Irak où nos avions de combat frappent tous les jours. Depuis le 19 septembre 2014, nous avons conduit au Levant, en Irak et en Syrie, trois cent trente frappes au total, et nous allons continuer à frapper Daech – l’État islamique – sans relâche jusqu’à le détruire.
Être forts pour mener la guerre contre Daech, c’est nécessairement renforcer la coalition composée de l’ensemble des pays qui partagent ce même objectif. C’est le sens des initiatives du Président de la République auprès du président Obama, du président Poutine et de l’ensemble de nos alliés européens. Ce dialogue est indispensable pour être efficaces sur le plan militaire mais également pour trouver une solution politique en Syrie.
Madame la députée, c’est à travers cette mobilisation – et je salue les votes de la Chambre des communes et du Bundestag grâce auxquels la Grande-Bretagne et l’Allemagne sont à nos côtés – qu’avec nos armées, dont je salue l’engagement et le courage, nous vaincrons le terrorisme.(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, républicain et citoyen.)
Source: Compte rendu intégral deuxième séance du mardi 08 décembre 2015 Assemblée nationale