Paris – Jeudi 5 novembre 2015
Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Monsieur le Chef d’Etat-major des Armées,
Monsieur le Secrétaire général,
Monsieur le Délégué général pour l’Armement,
Mesdames, Messieurs les Directeurs,
Mesdames Messieurs les Officiers généraux, Officiers, Sous-officiers, Soldats, Marins, Aviateurs,
Mesdames, Messieurs,
L’inauguration qui nous rassemble aujourd’hui est un événement majeur pour notre pays et c’est également une étape historique pour le ministère de la Défense, enfin regroupé sur un site unique pour mener ses missions.
Le ministère de la Défense est au cœur des tensions auxquelles notre pays est confronté. Il agit chaque jour pour la protection de nos concitoyens et par l’engagement de nos soldats, il en est la première sentinelle. Par la qualité des opérations qu’il mène, il offre à notre politique extérieure de concourir à la stabilité et à la paix dans plusieurs régions du monde.
Mais le ministère de la Défense est aussi un acteur central des réformes de l’Etat en vue de rationaliser son organisation et de rendre plus efficaces les services publics. Le regroupement sur un site unique des états-majors, directions et services du ministère, répond à un double objectif : améliorer encore notre capacité pour assurer la sécurité de notre pays et moderniser l’action publique.
Lancé en 2007, le projet Balard est l’aboutissement d’un des plus grands chantiers de France. Le défi était immense. Il fallait en effet, aux portes de Paris, construire des bâtiments qui puissent témoigner du rôle éminent qu’occupe la Défense au sein de l’Etat. Il fallait créer un ensemble qui permette aux armées de remplir leurs missions dans un contexte international particulièrement instable. Il fallait intégrer des contraintes de sécurité toutes particulières, avec des normes de construction qui ne pouvaient pas être celles d’un bâtiment ordinaire. Il fallait aussi imaginer un système assurant aux différentes entités du ministère aujourd’hui rassemblées, de fonctionner avec des outils modernes indispensables à la défense d’aujourd’hui, avec 145.000 m2 de bâtiment à construire et 135.000 m2 à rénover. Tel était le défi.
Il fallait aussi s’attacher à concilier ces impératifs avec le paysage urbain du XVème arrondissement. La construction de Balard est ainsi devenue l’une des opérations majeures d’aménagement du Grand Paris.Le chantier a été réalisé dans un délai que l’on trouve trop long, mais qui en fait, a été relativement court.Entamé en février 2012, les travaux de gros œuvre ont été achevés moins de deux ans après, pour une livraison au début de cette année. Ce chantier a mobilisé 2.500 ingénieurs, techniciens, ouvriers à plein temps. C’est l’un des plus grands chantiers de France. Je veux saluer ici les entreprises qui ont été essentielles dans la réalisation de cet ouvrage, tous les corps de métier qui ont effectué un travail remarquable.
Lorsque ce projet a été lancé, il l’a été sous la forme d’un partenariat public/privé. La raison était, à cette époque, le défaut de moyens budgétaires et donc la nécessité, pour lancer ce chantier et le réaliser dans un délai raisonnable, de recourir à cette technique. Une évaluation devra en être faite pour maîtriser les coûts, mais aujourd’hui, c’est ce qui a permis la réalisation de ce projet.
Balard respecte aussi les ambitions écologiques qui sont les nôtres. Sa toiture solaire de 7.000 m2 est la plus grande de Paris. Ses systèmes de géothermie sont particulièrement ingénieux et je veux en féliciter tous ceux qui y ont contribué. Le bâtiment fonctionne de manière autonome dix mois par an. Quatre-vingt pour cent des besoins énergétiques sont couverts par des énergies renouvelables, produites sur le site en autosuffisance. C’est une belle architecture et c’est une architecture écologique qui s’inscrit – et c’était sans doute prévu – dans la perspective de la Conférence sur le climat à Paris en décembre prochain. Je félicite le ministère de la Défense d’être toujours en anticipation par rapport aux défis que nous devons relever.
Un mot pour saluer aussi ceux qui ont conçu ce projet : les architectes, mais aussi les techniciens, avec les entreprises et également les services du ministère, sans lesquels il n’y aurait pas eu cette maîtrise.
Le ministère de la Défense a l’habitude des manœuvres délicates. Celle-là était particulièrement complexe. L’enjeu, c’était de parvenir, avant le 14 juillet – forcément avant le 14 juillet – à installer ensemble sur un même lieu, sans rupture, l’Etat-major des armées, les Etats-majors d’armées et les centres opérationnels, à Balard, avec des conditions de fonctionnement nettement meilleures que celles dont nous disposions antérieurement. Dans le commandement des opérations, il ne peut y avoir aucune discontinuité, c’est pourquoi la manœuvre était particulièrement délicate. Nos engagements militaires – et j’y reviendrai – ont pu être ainsi conduits sans qu’il y ait le moindre risque de défaut d’information ou d’incapacité de commandement. Je remercie le Général de VILLIERS pour avoir mené cette opération comme il convenait.
Aujourd’hui, le déménagement est quasiment achevé et c’est une magnifique réussite. Je tiens à en remercier tout particulièrement Jean-Yves LE DRIAN qui a su faire preuve d’une grande capacité, d’une grande maîtrise. Mais je veux aussi associer, outre le Général de VILLIERS, messieurs Jean-Paul BODIN et Laurent COLLET-BILLON et l’ensemble de leurs équipes. Parce que vous êtes ici ensemble ! Donc il fallait que vous soyez ensemble dans l’opération de déménagement et d’installation. Il y a eu bien sûr des difficultés, mais elles font partie de l’aventure.
Plusieurs étapes sont encore devant nous. Je pense à l’indispensable sécurisation du site, qui doit être l’un des plus protégés de France et il faut bien en comprendre les raisons. Ici, c’est l’essentiel qui se joue, c’est la défense de notre pays. Il appartient désormais à l’ensemble des personnels, 9.300, de s’approprier ces locaux. Ils disposent d’un outil de travail exceptionnel, avec des technologies remarquables. C’est aussi un lieu de vie car il est nécessaire, pour mener la mission, d’avoir toutes les conditions de confort.
L’aboutissement du projet Balard marque une nouvelle page de l’histoire du ministère de la Défense.Voilà plus d’un siècle que l’institution militaire occupe cette extrémité de la plaine de Grenelle. Donnés par la Ville de Paris au ministère de la Guerre en échange du ChampdeMars, mobilisé pour l’Exposition universelle de 1889, ces 63 hectares de terre à l’ombre des fortifications furent d’abord affectés au Génie. Puis c’est ici, sur cette plaine, que furent créées deux cités, la Cité de la Marine, avec ses bâtiments dessinés par Auguste PERRET, aujourd’hui réhabilités et la Cité de l’Air qui regroupait l’état-major de l’Armée de l’air et l’Ecole nationale d’aéronautique.
On le voit, Balard avait donc une certaine antériorité pour constituer un site interarmées. Mais là, il s’agit de transférer tout le ministère ! Je dis bien : tout le ministère ! Sur un seul site. Il y a aussi la volonté de pouvoir rassembler tous les services, tous les étatsmajors, près de cinquante ans après la création par le Général de GAULLE, du ministère de la Défense unifié. Voilà quel est l’enjeu.
Sous ces étages et enterré, il y a le Centre de planification et de conduite des opérations ; je viens de le visiter. Car Balard est le centre de commandement de nos opérations militaires. Dans ma fonction de Chef des Armées, cet aspect est essentiel. En effet, les opérations sont la raison même de la Défense. Les événements dramatiques qui se déroulent aujourd’hui dans certaines régions du monde justifient les missions de nos armées. Je ne fais pas de distinction entre la sécurité extérieure et la sécurité intérieure.Ce sont deux volets inséparables de la défense de la France. Nous devons assumer notre rôle sur la scène internationale, prendre nos responsabilités comme nous le faisons, en Afrique, au MoyenOrient, pour maintenir la paix là où c’est nécessaire, assurer la stabilité, mais aussi garantir notre propre sécurité. Sans forces militaires fiables, nous ne pouvons agir politiquement. Sans solution politique durable, il n’y a pas de gain militaire utile. Voilà pourquoi notre Défense concourt à la politique extérieure de la France et c’est ce qui permet à notre diplomatie d’agir dans le sens de l’intérêt général.
La lutte contre la menace terroriste, la protection de notre territoire, c’est l’une des priorités que j’ai fixée à nos armées. Après les événements terribles de janvier dernier, j’ai décidé de renforcer la posture de protection terrestre, afin de soutenir dans la durée notre vigilance sur le territoire national. 10.000 soldats, marins, aviateurs sont déployés dans cette mission, en métropole et outre-mer. 7.000 pour la seule opération Sentinelle.
Je veux également insister sur une autre mission de nos armées : la permanence de la dissuasion. J’ai déjà eu l’occasion, notamment à Istres, d’en réaffirmer l’importance.
De même, j’ai voulu que nous puissions tirer toutes les conséquences de nos engagements, aussi bien les opérations extérieures que la nécessaire protection de notre territoire, en sécurisant la Loi de programmation militaire et le budget de la Défense pour la période 20152019. Le budget sera accru de 3,8 milliards d’euros afin de donner au ministère les ressources nécessaires pour conduire les opérations extérieures et renforcer la protection de notre territoire. J’ai confié à Jean-Yves LE DRIAN le soin de présenter cette Loi de programmation militaire révisée et ce fut aussi, de la part du Parlement, un élément de consensus national que de voter ce texte.
Au moment où je m’exprime, la France est engagée sur plusieurs terrains extérieurs. Au Levant, nous intervenons contre Daech dans le cadre de l’opération Chammal. En Irak, au sein de la Coalition internationale, nous aidons les forces de ce pays à restaurer leur souveraineté territoriale. En Syrie, j’ai décidé au mois de septembre d’autoriser les survols afin d’améliorer notre connaissance de la réalité terroriste et de frapper les camps d’entraînement et tous les lieux à partir desquels le terrorisme pourrait menacer notre territoire.
Par ailleurs, j’ai décidé ce matin l’envoi du groupe aéronaval, c’est-à-dire du porte-avions Charles-de-Gaulle, sur cette zone, de manière à ce qu’il puisse nous aider dans les opérations que nous conduisons.C’est un choix réfléchi. C’est un choix important. Nous menons des opérations en Irak et en Syrie et le porte-avions nous permettra d’être plus efficaces, en coordination avec nos alliés.
Je ne veux pas oublier aussi le Proche-Orient, tourmenté encore aujourd’hui par les conflits que l’on sait avec les réfugiés qui, hélas, se multiplient. Nous sommes présents au Liban dans le cadre de la FINUL et je veux saluer aussi nos soldats qui s’y dévouent.
Plus au Sud, en Afrique, la force Barkhane intervient au Sahel et au Mali, en partenariat étroit avec les pays de la région, parce que nous devons, après ce que nous avons déjà réalisé, assurer la stabilité et le développement de cette partie de l’Afrique. En République centrafricaine, encore dramatiquement touchée par les rivalités et un certain nombre de violences, nous sommes en phase de transition et nous assurons le soutien de la Mission des Nations-Unies, la MINUSCA. La situation est particulièrement tendue, notamment ces derniers jours et notre objectif est d’assurer au plus tôt des élections libres et transparentes.
En Méditerranée, nous participons dans le cadre de l’initiative SOPHIA de l’Union européenne, à la lutte contre les filières des passeurs, des criminels qui exploitent le malheur de milliers d’êtres humains et provoquent de graves crises humanitaires. Une des façons de prévenir les afflux de réfugiés, c’est aussi de permettre qu’ils puissent rester là où ils sont aujourd’hui, dans les pays qui les ont accueillis. Une autre des façons d’éviter que l’Europe puisse connaître des crises humanitaires qui finiraient par atteindre les valeurs mêmes que nous portons, c’est d’assurer la protection de nos frontières extérieures.
Voilà ce que je voulais resituer, car ici, nous ne sommes pas dans n’importe quel bâtiment. Nous ne sommes pas dans un lieu administratif. Nous sommes au ministère de la Défense, ce ministère qui assure des missions multiples, dangereuses, complexes et qui doit avoir les structures indispensables pour y parvenir.
Je n’oublie pas que dans chaque opération, il y a des femmes et des hommes qui appartiennent à nos trois armées, Armée de terre, Marine nationale, Armée de l’air, qui ne peuvent agir qu’avec le soutien des services interarmées. Car l’armée est un tout. C’est un ensemble cohérent. Je n’en distingue aucune part et c’est le symbole de ce ministère : lieu unique, missions multiples, services qui doivent assurer la protection de nos compatriotes.
Balard met précisément en relation permanente et constante le commandement, les étatsmajors et les services. C’est cette combinaison quotidienne de structures, de compétences, de cultures, des militaires comme des civils de la Défense, qui donne un atout supplémentaire pour le succès de nos forces.
Notre Défense, Mesdames et Messieurs, remplit une mission vitale pour notre pays. Il fallait donc un bâtiment qui reflète cette exigence et puisse mettre les moyens les plus modernes au service de ceux qui ont vocation à nous défendre. Telle est la vocation de Balard : un ensemble fonctionnel, où l’excellence est partout et la négligence, nulle part. Un lieu qui montre la volonté de la France, car ce lieu est un symbole de notre capacité à assurer notre défense et à nous protéger en toute circonstance.L’inauguration de Balard, c’est donc un double message, de confiance et de crédibilité.
Vive la République et Vive la France.
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