Avenir de l’Ecole spéciale militaire et chefs de caractère (Général de corps d’armée Dominique Delort)

Il nous faut accepter comme présupposé qu’il y a un avenir pour La France à l’horizon 2045. Toujours une puissance moyenne, elle veut continuer à jouer un rôle en Europe et dans le monde. Mais la France, l’Europe, le monde ne seront plus ceux d’aujourd’hui et il est bien difficile de les définir. La Chine, première puissance mondiale économique, politique et militaire, aura noué bien des alliances mais suscité bien des résistances à un leadership d’une puissance non démocratique… Le monde arabe… le terrorisme… les flots de migrants… la sécurité et le droit sur tout le sol national… Non, je n’esquisserai pas plus loin le préambule d’un livre blanc.

Difficile comme toujours de décrire l’avenir mais il sera complexe, changeant et vraisemblablement instable et dangereux, en fait comme chaque période de l’histoire pour peu que l’on fasse l’effort de les considérer. A trop dire, et c’est trop souvent le cas ces dernières années, que le présent a des caractéristiques exceptionnelles de gravité, on pêche par orgueil puéril si on a su maîtriser la situation, soit, dans le cas contraire, on se dédouane trop facilement d’une incapacité à y faire face. La critique est valable pour les politiques comme pour les militaires et les responsables en général.

En 2045, les capitaines et lieutenants de maintenant seront les généraux en charge, entre autres, de veiller à la formation des chefs de la génération suivante car tel est bien le problème. Il faut former puis ensuite, tout au long de la carrière sélectionner, au vu des résultats, pour les postes de haute responsabilité et de commandement.

Le concours permet de sélectionner des jeunes gens intelligents et motivés. La scolarité ensuite doit garantir l’ouverture d’esprit et la capacité à bien raisonner, mais elle doit viser aussi à former des officiers de caractère, courageux, ayant le sens de la mission et le goût du commandement, ce qui est beaucoup plus rare chez les cadres en général, en tout cas c’est ce que me disent régulièrement en le regrettant, de hauts dirigeants civils, notamment pour ce qui concerne le courage.

Je veux ajouter aussi que les élèves-officiers doivent avoir foi en leur vocation ; ceci peut choquer les plus anciens d’entre nous imprégnés qu’ils sont de la notion de Service mais aussi choquer les plus jeunes enclins à une mobilité professionnelle plus propre à leur génération qu’à la mienne. J’en prends le risque tout en respectant tous les camarades qui, pour une raison ou une autre, quittent l’uniforme pour continuer leur vie professionnelle ailleurs. Cependant, il nous faut garantir à notre pays que ceux qui auront la responsabilité de veiller à sa défense et de commander ses armes seront des chefs, non seulement d’une grande compétence professionnelle mais aussi animés d’une éthique qui en feront des interlocuteurs respectés des plus hautes autorités politiques.

Si la France a besoin de chefs militaires de valeur pour son armée, elle doit disposer…

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