L’un avoue une « faute de commandement », l’autre nie les « violences »: deux anciens supérieurs du légionnaire Matus Talas ont plaidé lundi l’aveuglement pour n’avoir pas perçu la détresse de leur subordonné, mort d’un coup de chaleur lors d’un exercice à Djibouti en 2008.
« On a été complètement aveuglé par la certitude qu’il simulait. On le secoue pour qu’il réagisse, qu’il reprenne sa place dans le groupe, pas pour le pousser à bout », affirme l’ex-lieutenant ………………. devant la cour d’assises de Paris.
L’ancien caporal roumain Petru-Sabin Suciu (alias Adrian Steanu à la Légion), supérieur direct de la victime, confirme: « On avait une mission. Les ordres étaient de le faire avancer, ce n’était pas choquant ».
Toute la journée de ce 5 mai 2008, dans une vallée encaissée, sous un soleil de plomb, Matus Talas (Joszef Tvarusko, de son vrai nom) se plaint de douleurs au genou, demande à être évacué.
Considéré comme un élément faible, un « bananier » — qui commet des bourdes –, de « mauvaise volonté », il est au contraire puni: selon des témoins, Talas est contraint de rester au soleil pendant les pauses par le caporal, privé d’eau par ordre du lieutenant et reçoit des coups de plusieurs supérieurs.
……… et Suciu comparaissent jusqu’à vendredi pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, commises en réunion », crime passible de 20 ans de réclusion criminelle. Deux autres supérieurs, également poursuivis, sont en fuite.
L’ex-officier français raconte sa version de cette longue journée, débutée à 04H30. Ses 30 hommes sont répartis dans trois groupes, il faut observer et sécuriser un périmètre, avec pour objectif une ligne de crête. « C’est à la pause déjeuner que j’apprends que Talas ne veut pas continuer. Mais le sergent (Omar Andrès) Martinez me dit qu’il +fait son sketch, comme d’habitude+. »
– Gourde renversée –
L’ancien chef de section décrit plusieurs moments où Matus Talas s’arrête, refuse de repartir, tombe à genoux. Plusieurs supérieurs frappent ou poussent le légionnaire. Il reconnaît lui-même un coup de pied « sous le coup de la colère » et un coup de poing à la mâchoire, « pas fort, symbolique », pour marquer sa « solidarité avec la troupe ». « C’était idiot, je perdais un peu la maîtrise de la situation. »
Suciu reconnaît quelques « coups de fonctionnement », pour faire avancer le légionnaire. « C’est vrai qu’on l’a forcé à avancer, ce qui a provoqué son coup de chaleur. Mais il n’y a pas eu de violences. »
Une version contestée par plusieurs témoins, dont le sous-officier adjoint d’une autre section, José Pitiquito, qui dit avoir vu Suciu « frapper Talas avec le plat de la crosse de son (fusil d’assaut) Famas sur la tête »: « deux ou trois coups assez violents ». Ce que Suciu dément à la barre, son avocat rappelant que l’autopsie n’avait révélé « aucune ecchymose ».
Pour sa part, l’ancien binôme de Matus Talas pour cet exercice se souvient que le lieutenant lui « a interdit de donner de l’eau » à la victime. « Talas était stressé. A un moment, il m’a dit: +je deviens fou+ », raconte l’ex-première classe Diogo Dario.
…………………………….., qui a reconnu avoir vidé la gourde d’eau du légionnaire dans le sable, affirme n’avoir jamais donné l’ordre formel et évalue à 30 à 45 minutes la durée maximale durant laquelle le légionnaire a été privé d’eau. « Cela n’enlève rien à la faute de commandement. J’ai été négligent. »
– « Que ressentez-vous après la mort de Talas? », demande le président de la cour, Philippe Roux…
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