Accidentée et … abandonnée !

Le 20 février 2002, le major X…, chef du peloton de soutien cynotechnique régional de…, prend la décision d’emmener courir ses maîtres chiens avec les chiens, sous la pluie et sur la voie ferrée en service du RER oubliant certainement l’accident mortel causé il y a quelques années lors de la traversée d’un tunnel par un groupe !

Ce qui était prévisible arriva. Le sapeur de 1ère classe Virginie C… glisse, se coince accidentellement le pied dans une traverse de chemin de fer et se tord violemment le genou gauche. Elle rend compte immédiatement à son supérieur qui poursuit sa course comme si de rien n’était.

Malgré la douleur, Virginie regagne son casernement et absorbe quelques médicaments pour calmer la douleur pensant que cela irait mieux demain. Hélas non !

Dans la nuit son genou gonfle et la douleur devient insoutenable. Elle consulte le médecin. Celui ci conclue à une entorse des ligaments internes du genou. Il lui pose une attelle, lui donne une paire de béquilles  et lui délivre un congé de maladie. Ne pouvant prendre le train avec tout cet attirail, finalement ce sont ses parents qui descendront de Nancy pour la récupérer.

Mais son articulation la fait tellement souffrir qu’elle est obligée de se rendre au service des urgences de l’hôpital le plus proche. Résultat : opération du genou, séances de kinésithérapie, cinq mois de congés de maladie consécutifs sans que personne de son unité ne prenne de ses nouvelles !

Finalement, elle reçoit un courrier lui annonçant que ses congés de maladie sont épuisés et qu’elle doit se présenter devant le médecin militaire pour que soit déterminée son aptitude à reprendre le service. Munie de cette convocation, elle se rend à l’hôpital Legouest à METZ. Là, le médecin chef du service de rééducation fonctionnelle l’hospitalise durant 15 jours, constate son inaptitude à reprendre le service et la place en position de congé de réforme temporaire pour une période de 6 mois du 31/08/02 au 28/02/03 … sans solde ! Un nouveau congé de réforme temporaire vient de lui être accordé du 01/03/03 au 28/08/03 dans les mêmes conditions !

Virginie est complètement anéantie !Totalisant moins de trois ans de service, le congé de réforme temporaire est sans solde jusqu’à ce que soit déterminée par la commission de réforme pension l’imputabilité de l’accident au service ou non.

Comme un malheur n’arrive jamais seul, l’administration militaire bien sûr a perdu son dossier ! Reconstitué, celui-ci se promène aujourd’hui entre Paris et … Metz ! Lorsqu’il sera complet , espérons qu’il sera très rapidement adressé au ministère des anciens combattants afin que soit déterminée une fois pour toute l’imputabilité au service ouvrant droit à la régularisation de sa solde! Pour l’heure, c’est la sécurité sociale qui est venue au secours de Virginie en lui versant mensuellement de maigres indemnités qui lui permettent tout juste de couvrir ses crédits et ses factures .

Cette bien triste histoire aurait pu s’arrêter là.

Or, il y a quelques jours, Virginie a reçu par courrier sa feuille de notes d’engagé volontaire de l’armée de terre pour la période du 1er février 2002 au 31 janvier 2003 ne comportant aucune signature d’autorité mais qu’on lui demande par contre de signer. Elle est éloquente !

« Malgré une présentation correcte, le sapeur de 1°classe (F) C…, de constitution gracile, a vu son intégrité diminuer suite à son accident de service. Cet état de fait lié à un manque de motivation pour sa spécialité, ne lui a pas permis de combler ses lacunes existantes.
Le sapeur de 1°classe (F) C… ne pouvant assurer son travail de cynotechnicien dans le cadre de la protection de sites sensibles, il devrait faire l’objet d’une réorientation. »

Et pour la partie réservée au dernier noteur :

« Le sapeur de première classe (F) C… doit absolument faire preuve de plus de rigueur et éviter de mettre l’institution devant les faits ».

Cette surprenante notation est bien sûr irrégulière puisque selon les règles fixées par l’instruction N° 1190/DEF/PMAT/EG/B relative à la notation des engagés volontaires de l’armée de terre du 16 septembre 2002 et notamment de son article 3.4.1 indisponibilité d’une durée supérieure à six mois : « les EVAT indisponibles pour le service pendant plus de six mois entre le 1er février de l’année A-1 et le 31 janvier de l’année A, c’est à dire n’étant pas en mesure de servir l’institution durant cette période, conservent le niveau acquis avant l’indisponibilité. Ce niveau servira de base à leur notation après leur retour éventuel à l’activité.
Pour ces EVAT, il est établi une feuille de notes uniquement la première année de l’indisponibilité.
Le premier noteur établit une feuille de notes en renseignant la partie administrative et en portant dans le cartouche réservé à « l’appréciation d’ensemble du premier noteur » l’inscription suivante : » le … indisponible pendant plus de six mois n’a pu être noté en …, le niveau de l’année précédente a été reconduit ».

Au vu de ce récit accablant, il serait temps qu’une autorité militaire se penche rapidement sur le dossier de Virginie et se soucie un peu plus du devenir de cette jeune fille accidentée dans des conditions anormales d’exécution du service.

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