Pau : un personnel civil du 5e RHC jugé pour harcèlement sur une subordonnée (par Nicolas Rebière)

Un chef de service civil du 5e RHC a été condamné, hier lundi, pour harcèlement sexuel

Hasard malheureux du calendrier, alors que le ministre de la Défense est revenu, hier, à Pau, pour montrer son attachement au 5e RHC, on a aussi beaucoup parlé de cette institution paloise à la barre du tribunal correctionnel. Un ancien chef de service civil, « mais avec rang d’officier supérieur », comme il le dit lui-même, comparaissait pour harcèlement sexuel sur une jeune militaire au grade de brigadier.

Elle était arrivée dans ce bureau en février 2012. Et selon son témoignage, les brimades, plaisanteries grivoises, et allusions plus que lourdes, ont débuté à l’été de la même année. Menue et effacée, la jeune femme a décrit au tribunal les vexations répétées qu’elle a longtemps subies sans broncher.

Tapes sur les fesses

Des phrases, surgies de nulle part de la bouche de son chef, comme : « Je vais te violer, t’étrangler comme un petit lapin ». Ou encore les tapes sur les fesses, l’obligation de regarder des photos de femmes nues sur l’ordinateur du même chef… Chaque fois, elle a montré qu’elle désapprouvait. « Des blagues qu’on s’envoie entre collègues », répond, à la barre, le quinquagénaire. « Ce n’était pas une collègue, mais une subordonnée », rectifie le président.

« Pour plaisanter »

Lui, semble ne pas trop comprendre pourquoi il est là. Il reconnaît bien les petites tapes sur les fesses, « mais c’était pour plaisanter ». Il a visiblement plus de mal à se souvenir de deux scènes que décrit la jeune femme, où il l’a soulevée, portée sur une table, et tenté de lui écarter les jambes…

Au printemps 2014, près de deux ans après son affectation, le brigadier craque, fait part à sa hiérarchie de ses problèmes. « J’étais dans un milieu militaire, et je suis un petit gradé. Je craignais pour ma carrière. Je n’avais pas du tout confiance en moi, je n’étais rien dans le régiment », dit-elle en réponse au président, qui s’étonne que la situation a duré si longtemps.

Un avertissement

Le chef de service, qui reconnaît devant le chef de corps un « comportement inapproprié », recevra un avertissement. Face à la situation, le « petit gradé » dépose plainte à la gendarmerie. L’enquête s’ouvre. Une enquête de commandement menée par l’armée vient s’y rajouter. Après de longs mois d’arrêt maladie pour « burn-out », le chef de service est muté. C’était la semaine dernière. Et le procès s’est tenu hier…

« J’ai perdu 8 000 euros, j’ai pris un échelon en moins et une mutation à un an et demi de la retraite. C’est lourd pour ce que je reconnais », lance à la barre le chef de bureau. « Manifestement, il ne comprend pas », s’inquiète Olivier Rouvière, l’avocat de la partie civile, qui dit la difficulté pour une femme militaire de dénoncer ces faits. « Au départ, elle ne voulait pas que cela s’ébruite. » « Tout ce que vous avez reconnu est constitutif de harcèlement sexuel », explique la représentante du parquet, quand l’avocat de la défense, Me Giral, plaide que « s’il reconnaît certains faits, il n’y a pas de raison de ne pas le croire quand il en conteste d’autres ».

Le chef de bureau est condamné à dix mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve, notamment obligation de suivre un stage sur les violences faites aux femmes.

Source: http://www.sudouest.fr/

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