Evolution de la gendarmerie entre Etat et société :
intelligence sociale et positionnement du gendarme.
« La société est en mutation accélérée. Nul n’y échappe et dès lors, le changement devient une valeur en soi ». (E. Enriquez, cité par M Bolle de Bal, « Psychologie des organisations » P.U.B.)
L’histoire de la gendarmerie, accessible grâce au travail des chercheurs et du Service Historique de la Gendarmerie Nationale créé en 1995, se trouve à la croisée de questions majeures de l’histoire contemporaine : histoire des institutions, évolution des implications de l’Etat dans la société, histoire sociale et culturelle.
Pourtant, malgré sa place fondamentale entre Etat et société, malgré l’utilisation massive par de nombreux services extérieurs des archives produites par ses activités de police judiciaire, les dimensions institutionnelles et sociologiques de la gendarmerie sont restées méconnues au point d’être longtemps absente de l’historiographie.
Les renouvellements et perspectives, actés d’ores et déjà par des textes officiels (modernisation du statut militaire, pagre, loi de rapprochement gendarmerie-police), sont tels, à l’aube de 2010, qu’ils ont été le thème d’un colloque organisé dès mars 2000 par le Centre de Recherches en Histoire du XIXe siècle (Paris-1 et Paris-4) et le SHGN, et sont le sujet de recherches intensives actuelles.
La gendarmerie est une institution unique, mais elle repose sur son personnel, des hommes et des femmes dont la spécificité de mission et les mutations de leur environnement exigent des qualités de cohésion et d’adaptation démultipliées et novatrices. Elle fournit un sujet particulièrement intéressant pour l’étude de l’esprit de corps, construit à la fois par le haut, la hiérarchie, dans un esprit de corps et d’honneur militaires, et par le bas, par les aspirations à la respectabilité de la base. La question de l’identité et de l’estime de soi des personnels dans une gendarmerie en transformation au sein d’une société en mutation dont les rapports aux forces de l’ordre changent, s’inscrit naturellement dans le processus de réflexion.
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La gendarmerie est un corps d’armée à fonctions militaires et civiles de police et de sécurité. Ce statut particulier rend complexe la gestion de la gendarmerie au sein de l’État. Elle travaille en dynamique de concurrence avec les autres forces de police, l’armée de ligne, les pompiers, sous l’autorité de l’Etat.
De 1791 au XXI ème siècle, son histoire est aussi celle du pays et de ses crises de mutation. L’institution a été exportée et imitée assez largement en Europe. La gendarmerie s’est développée en même temps que l’expansion des moyens de communication, dont il fallait assurer la sécurité et le contrôle, mais aussi lors de transformations géo-économiques, de développements de la société, de mouvements de population (industrialisation par exemple). Elle renseigne l’Etat, analyse, rassemble des données chiffrées ou qualitatives, sociales ou politiques. Elle est aussi le vecteur et le garant des valeurs nationales imposées par la puissance publique (historiquement pour le vagabondage par exemple: être sans toit posait un problème de nouvelle norme sociale. Action intégratrice de territoires périphériques ou de communautés, comme lors du rattachement de la Savoie à la France en 1860). Chacune de ces transformations entraîne une adaptation plus ou moins difficile des structures, moyens et formes de présence et d’action de la gendarmerie. D’autant que l’importance de ses missions en fait historiquement un objet d’appropriation à chaque changement de régime politique.
Le rapport entre puissance publique et corps social en démocratie fonctionne en réciprocité et non en domination. La gendarmerie occupe une position stratégique dans cette dynamique relationnelle essentielle pour la cohésion sociale, la garantie des libertés individuelles, et le maintien d’une démocratie effective. En effet, les chercheurs ont démontré que…..
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