« Faites attention, la statistique est toujours la troisième forme du mensonge. » (Jacques Chirac)
Il semble en effet que le bâtiment soit le métier le plus dangereux, du moins selon les calculs statistique du Haut Comité d’Evaluation de la Condition Militaire (Annexe 11 page 112 à 117 ). Vous noterez au passage que dans le BTP les personnes sont comptées hors sièges sociaux et bureaux. Par contre le comité traite de manière séparée les militaires et les gendarmes, mais il ne supprime pas les états majors assimilables aux sièges sociaux, ni les directions des personnels et des commissariats pour les armées !
Le chiffre est de 11,2 morts par an pour 100.000 militaires, les chiffres du haut comité retiennent 250.706 militaires en 2006.
Pour obtenir un ratio, il faut connaitre le nombre d’évènements et la population à laquelle elle se rapporte. Le nombre d’évènements est une donnée assez objective mais la population l’est moins. Son choix est éminemment important ; il permet de faire varier largement le chiffre obtenu. Donc en fonction du résultat souhaité, on choisira une base différente : il faut élargir la base pour rendre l’événement moins fréquent et la réduire pour rendre l’évènement plus fréquent.
S’il y a 250.706 militaires en 2006, je note qu’il y a 5506 officiers généraux en seconde section. L’usage de la carte de réduction militaire n’offrant que peu de risques létaux, il me semble que pour le moins il convient de les retirer de la base de calcul…
Je vais donc faire un petit calcul : 11,2 x 250.706 / 100.000 = 28,08 morts par an.
J’effectue maintenant la correction : 250.706 – 5000 = 245.706 personnes.
Vous noterez que je retire que 5000 personnes en supposant que 506 des OG2s sont des gendarmes ce qui est surement une estimation bien forte !
Je recalcule donc le ratio : 28,08 / 245.706 x 100.000 = 11,43.
Donc par cette simple correction de la population, j’ai fait varier le chiffre du haut comité de 0,23 (et de 0,25 si l’on ne retire pas 506 OG2s supposé gendarmes). On voit donc que ce chiffre est très sensible.
Pour sa démonstration, le HCECM retire de la base du BTP les sièges sociaux et les bureaux, il s’agit là d’une volonté de réduire la base, donc d’augmenter le chiffre !
Pour être cohérent, il faut exclure tous les états-majors, les services administratifs du personnel des différents commissariats dans leurs plus grandes parts… et même des corps entiers
Pêle-mêle il faut donc exclure les membres du contrôle général des armées, les administrateurs des affaires maritimes, les officiers du corps administratif et technique des affaire maritimes, les professeurs des l’enseignement maritime, les officiers du corps administratif et technique de l’armement, les ingénieurs des études et techniques de l’armement, les ingénieurs de l’armement, une part non négligeable des commissaires et officiers des corps administratif et technique des trois armées, un part des personnels militaires du service de santé et du service des essences …. Mais aussi et de manière plus anecdotique les maitres artisans des armées (en voie de disparition) les membres des musiques des trois armes… les militaires servant au cadre noir…J’arrête là cet inventaire à la Prévert
Une fois ces très nombreux personnels retirés, le chiffre de la population concernée risque d’être beaucoup plus bas!
Faisons l’hypothèse basse que tous ces personnels représentent 15 000 personnes, cela fait avec les officier généraux « quart de place » 20,000 personnes en moins !
Je refais ma soustraction : 250.706 -15.000 – 5000 = 230.706 personnes
Et pour finir ma règle de trois : 28, 08 /230.706 x 100.000 = 12,47
De manière superfétatoire, je note que le nombre de travailleurs immigrés sans papiers employés de manière illégale dans le BTP via une cascade de sous-traitants est assez important… Si les règles de sécurité sont respectées au même niveau que les autres règles du code du travail, il ne faut pas s’étonner du niveau d’accidentologie dans ce secteur professionnel!
Donc le chiffre du HCECM est des plus contestables. Utiliser des chiffres comme ces derniers permet de préparer des mesures de réduction des compensations des sujétions des militaires ! Mais également d’inhiber tous ceux qui seraient tentés de défendre les prétendus « privilèges des militaires » et les instances de concertation en premier lieu.
Chatnoir
LIRE EGALEMENT
Les militaires font-ils un métier dangereux ? (Site secret défense)
BTP : Un secteur important et l’un des plus exposés aux risques (Site Preventica.com)
Top dix, des emplois les plus dangereux (Site L’INFORMAZEFF)
Cette publication a un commentaire
C’est un réel plaisir de lire notre nouveau contributeur Chatnoir, lequel apparemment a revêtu avant sa venue sur le site de l’Adefdromil sa tenue « joueur de boules » (petit blanc pour les non marins).
En effet, il exerce avec talent sa verve tout à la fois simple et policée, comme au carré !
Notamment en notant « qu’il y a 5506 officiers généraux en seconde section. L’usage de la carte de réduction militaire n’offrant que peu de risques létaux, il (lui) semble que pour le moins il convient de les retirer de la base de calcul… (…) ».
Moins brillamment, c’est mon côté « brodequins de marche à jambières attenantes », j’observe en outre que, s’agissant du calcul de l’impôt sur le revenu appliqué à la solde de réserve de nos toujours vaillants officiers généraux en 2ème section, l’usage du plafond de l’abattement de 10% des revenus d’activité, nettement plus intéressant que celui des retraités, leur permet, lors de leurs trajets ferroviaires, de se pourvoir sans souci en sandwiches SNCF et autres boissons, pourtant vendues à des tarifs prohibitifs.
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