« Précarité, chômage, exclusion, est-ce mon devenir ? », se demande Hendrick Boutteau, qui vient de commencer une marche vers l’Élysée. Après dix années sous les drapeaux, l’ancien caporal-chef est amer…
Il est déterminé l’ancien militaire. Face aux difficultés de retour à l’emploi qu’il rencontre depuis sa sortie de l’armée, il part ce mercredi matin sur les routes vers Paris et entend bien arriver jusqu’au palais de l’Élysée.
Au bout du chemin, la fierté et l’espoir d’un monde meilleur. « Parce que quand on est jeune, on a envie de changer le monde », lance-t-il comme un appel à l’aide. Tout juste âgé de 30 ans, Hendrik Boutteau a en effet effectué dix ans dans l’armée de terre. À sa sortie, le 4 mars 2014, pour son retour dans le monde civil : rien. Le vide.
« Honte de ne pas travailler »
Il l’avoue sans détour : « J’ai honte de ne pas travailler. Je regrette qu’on ne fasse rien pour me réinsérer dans le civil malgré les promesses qui m’ont été faites. Je trouve que c’est un manque de respect par rapport aux sacrifices consentis afin d’assurer la sécurité de nous tous. »
Alors Hendrik souffre en silence. Face à son mal-être quotidien, l’ancien caporal-chef décide d’écrire à François Hollande qui « m’a répondu transmettre mon affaire au préfet de Région qui m’a conseillé de… me tourner vers Pôle Emploi ! »
Il est désabusé. « Je veux prouver par mon action que tous les Nordistes ne sont pas que des chômeurs et des assistés. » Et pourtant, il peut bénéficier d’un emploi « réservé » compte tenu de son ex-statut de militaire, mais ne parvient pas malgré de multiples rendez-vous à décrocher un job. Alors sa marche pacifiste vers le palais présidentiel, c’est « une note d’espoir », mais aussi « la dénonciation d’un problème de société et un message : celui des anciens militaires qui sont mal considérés », ajoute l’Anzinois.
Refuge
Au départ d’Anzin, il sera le mercredi soir à Villers-en-Cauchies – Cambrai, puis jeudi à Vermand, vendredi à Sempigny, samedi à Senlis et dimanche à Paris. Le marcheur demande refuge pour ses haltes du soir. « Je n’ai rien pour dormir et je dois trouver de quoi recharger ma batterie de téléphone afin d’avertir les personnes qui me suivent : police et amis… »
Sur la route, pour le reconnaître, c’est simple, il porte une pancarte sur laquelle est écrit «Qui veut m’employer ? Je ne veux pas devenir un assisté. »
Qui sait, peut-être trouvera-t-il son bonheur et un employeur chemin faisant ?
CÉLINE DRUART (CLP)
Source: lavoixdunord.fr