Deux familles de soldats morts au combat en Afghanistan portent plainte

Le père et l’ancienne épouse de militaires décédés lors de l’embuscade d’Uzbin en Afghanistan poursuivent l’armée devant la justice

Deux des familles de militaires français tués lors de l’embuscade d’Uzbin, le 18 août 2008, en Afghanistan, ont décidé de saisir la justice. Joël Le Pahun, père de Julien, grenadier voltigeur de 20 ans au 8e RPIMa de Castres, et la mère des deux enfants du sergent Rodolphe Penon, 40 ans, infirmier du 2e REP, vont porter plainte lundi 2 novembre pour « mise en danger de la vie d’autrui », a annoncé jeudi 29 octobre leur avocat, Me Gilbert Collard. « Il est évident qu’un militaire risque sa vie, mais c’est autre chose de risquer sa vie dans une intervention mal préparée. Des fautes ont été commises par des responsables », a lancé l’avocat pour expliquer l’action en justice.« Une telle procédure pour des soldats morts au combat est à ma connaissance une première. D’ordinaire, les familles des soldats tués au combat admettent que la mort fait partie des dangers du métier », commente André Bayol, avocat spécialiste des questions militaires.Si cette saisine de la justice semble donc sans précédent, elle devrait néanmoins être examinée par les voies habituelles, explique l’avocat : « Le parquet du tribunal aux armées, seul compétent pour les opérations extérieures, peut soit mener l’enquête directement, en saisissant par exemple la gendarmerie, soit confier l’affaire à un juge d’instruction. »

« Longtemps, l’armée s’est crue au-dessus des lois » 

Michel Bavoil, ancien capitaine des troupes de marines, aujourd’hui à la tête de l’Association de défense des droits des militaires (Adefdromil), juge l’action des familles certes inhabituelle mais néanmoins légitime.

« Longtemps, l’armée s’est crue au-dessus des lois, juge-t-il. Moi, je ne vois rien de choquant à ce que des familles demandent des comptes. Les chefs militaires sont formés et payés pour mener leurs hommes au combat. S’ils ne prennent pas le minimum de précaution, alors cela peut devenir une faute. Et s’il y a faute, il me semble normal qu’ils rendent des comptes. »

Bon connaisseur du milieu militaire, Michel Bavoil prédit que l’affaire fera en tout cas grand bruit dans la hiérarchie des armées. « Cela va être très mal ressenti par les chefs militaires, qui vont dire qu’on ne peut pas faire la guerre sans accepter qu’il y ait des pertes humaines. Mais comme les policiers, les militaires doivent accepter que d’éventuelles bavures donnent lieu à enquête et à sanction. »

Le ministère de la défense ne souhaite pas entrer dans la polémique

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