Vague de suicides au 3e RIMa de Vannes (JEAN GUISNEL)

L’armée de terre enquête sur une vague de suicides liés, selon le quotidien « Ouest-France », à une « ambiance délétère » au sein d’une section de combat.

C’est une très vilaine affaire que révèle mardi matin le quotidien régional Ouest-France. Au 3e régiment d’infanterie de marine (3e RIMa) de Vannes (Morbihan), trois suicides de jeunes engagés volontaires de l’armée de terre (EVAT) se sont produits depuis janvier 2013, le dernier le 28 août dernier. Selon l’état-major de l’armée de terre, ces trois décès sont survenus dans un contexte personnel « dramatique » et ne semblent pas être liés à l’activité du régiment. Selon le colonel Hervé Pierre, le chef de corps cité par Ouest-France, les risques que courait le dernier jeune homme qui s’est donné la mort le 28 août avaient été repérés : « Nous le suivions. Selon les témoignages que nous avions début août, il allait mieux. Nous n’avons pas vu le risque majeur. Tous les jours, je me demande ce que l’on aurait pu faire de plus. »

« Ambiance délétère » ?

Quelles que soient les conditions de ces décès, l’une de leurs caractéristiques est particulièrement inquiétante. Ces trois décès se sont tous produits dans la même section de combat, qui s’est elle-même baptisée « les forbans ». Une section est une unité de combat élémentaire dont l’effectif varie entre 30 et 40 hommes, commandés par un jeune officier assisté d’un sous-officier expérimenté. C’est la cellule de base d’un régiment d’infanterie.

L’article de Ouest-France fait état de graves accusations sur l’ambiance « délétère » qui aurait régné au sein de cette section : « Des gars pètent les plombs, avec le stress, le manque de respect de certains sous-officiers qui utilisent de façon perverse leur grade, les insultes racistes. Ils jouent avec nous, avec les permissions, la notation, en nous punissant avec des tours de garde supplémentaires. » Plus grave encore, des pressions physiques auraient été exercées : « Des chefs sont très bien mais certains cadres donnent des gifles, ils appellent ça des claques de bon fonctionnement. »

« Un fond de rugosité »

La section des forbans avait vécu une très difficile mission en Afghanistan en 2009, y perdant cinq de ses soldats. Mais seule la première victime de cette vague de suicide avait participé à cette mission. Les deux autres, morts respectivement en juillet 2013 et le 28 août 2014, étaient partis en Opex (opérations extérieures) au Mali, où ils n’avaient pas participé aux opérations de combat, puisqu’ils étaient affectés à la garde de l’aéroport de Bamako. Tous avaient été entendus à leur retour par les services médicaux, qui n’avaient pas suspecté de stress post-traumatique.

Le chef du service d’information de l’état-major de l’armée de terre, le colonel Bruno Louisfert, nous a fait savoir mardi matin que le colonel Hervé Pierre « pris par ce dossier » n’est pas disponible pour un entretien. Le chef de corps a déclaré à Ouest-France : « Je veux bien entendre que tout n’est pas rose dans les unités. Il y a un fond de rugosité dans les relations qui peuvent être difficiles. Mais j’ai un peu de mal à faire le lien avec les suicides. »

Le Drian au parfum

Sur les accusations de ……

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Réaction de la mère du 3ème militaire qui s’est suicidé  (Extrait des commentaires à la suite de cet article publié sur Le Point)

L’armée n’asssume pas ses responsabilités

« Je suis la maman du « 3e suicidé ». Il avait 25 ans plein de projets et le 1e était de quitter l’armée au plus vite après 5 ans de service. Je suis outrée d’apprendre qu’au Mali « il était seulement de garde à l’aéroport de Bamako sans avoir connu de combat » MENSONGES MILLE FOIS MENSONGES Je me souviens encore de ce coup de fil alors qu’il venait d’échapper à un attentat suicide dans le nord du pays ou encore ces 3 semaines passées à la frontière du Niger pour une « opération spéciale ». Je ne peux tolérer qu’on porte atteinte ainsi à sa mémoire de soldat ! Il était en reconversion dans la plongée sous-marine et rentrait d’un « voyage de rêve » d’une semaine de plongée en Egypte. Il appréhendait énormément de regagner la caserne le lundi suivant. Quand j’entends parler de « suivi spychologique » comment osent-ils employer ce terme. Quand je lis « je ne vois pas ce que l’on aurait pu faire de plus » ce colonel Hervé PIERRE a bien peu de conscience. Quand on afirme que ces 3 suicidés sont intervenus dans un contexte personnel dramatique et ne semble pas liés à l’activité du régiment alors hélas le suicide de mon fils ne sera malheureusement pas le dernier. J’aurai beaucoup à dire sur le cas personnel de mon fils, mais ce serait sans compter l’omerta de l’armée. Je ne veux pas que sa mort reste sans conséquence et je voudrai surtout pouvoir empêcher un tel geste qui anéanti une famille entière, car je sais que plusieurs de ces compagnons de caserne se sentent mal. Mais que faire ? Jamais l’armée n’ose se remettre en question. Je suis scandalisée par le peu de professionalisme avec lequel on traite nos soldats. Je suis très en colère en lisant l’article de OUEST FRANCE : ni le témoignage des ces camarades de compagnie (qui ont eu un courage extraordinaire de vouloir parler) ni mon témoignage personnel que j’avais pourtant longuement détaillé n’ont été retransmis dans l’article. J’ose espérer qu’un journaliste COURAGEUX pourrait relayer ce que j’ai a dire sans crainte de représailles. »

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