Courriel adressé au vice-président de l’association, auteur de plusieurs articles sur la Légion étrangère parus sur le site « Rue 89 ».
Mon Colonel,
Je viens, vraiment par hasard, de lire un article du site » Rue 89 » consacré à la Légion étrangère et à l’épreuve de l’instruction initiale au 4ème R.E.
Sous le matricule 174 2.., au sein de la 3ème compagnie du capitaine H. E…… d’abord engagé volontaire puis légionnaire à la 1 ère section du lieutenant V…, j’y ai vécu l’Enfer.
Je n’avais que 17 ans et 3 jours lorsque je me suis engagé au » P.I.L.E. » de Nantes, 22 ans plus tard, je reste encore marqué par l’extraordinaire violence psychique endurée alors. L’humiliation était la règle, la violence, pure banalité …
J’ai pu faire mettre un terme à mon contrat à la toute fin de l’instruction, alors que mes cadres souhaitaient me voir partir pour Calvi.
Quelques mois plus tard seulement, je m’engageai au 1 er Régiment de Spahis de Valence et rejoignis très rapidement et compte-tenu de mon » expérience « , le 4ème escadron de combat du régiment.
Les deux années au sein de l’unité furent difficiles. Quoique passionné par le métier des armes auquel je m’étais destiné dès l’enfance, j’étais devenu violent, rebelle, quasi asocial.
A mon départ dans le civil, mon commandant d’unité m’a promis la prison ou la mort, c’est dire.
Le sport de haut niveau m’a probablement sauvé, car j’ai échappé à l’une et à l’autre …
Aujourd’hui père de trois enfants, fonctionnaire, je me sens quelque peu apaisé et pourtant, je reste hanté par cette terrible expérience, la seule de ma vie à m’avoir vu si rabaissé, si humilié !
Combien de nuits blanches passées le poing serré, à revivre ces moments, combien de rêves de vengeance, avant que le temps ne fasse péniblement son œuvre …
Cette Légion là était haïssable, celle de demain sera sans doute l’Arme au sein de laquelle tant d’autres et moi-même aurions pu honorablement servir.
Quoiqu’il en soit, bravo et merci d’y contribuer si courageusement.
Bien respectueusement,
P.O