Équation impossible ou/et faux problème ?
Bien que membre du conseil de perfectionnement de l’ESM de Saint-Cyr j’ai été très surpris par des propos concernant l’évolution de l’Ecole et ceci d’autant plus que le commandement n’a cessé, toutes ces dernières années, de se féliciter de son système de formation d’officiers. Le débat qui semble s’ouvrir concerne tous les membres de notre association. Que personne ne soit surpris de notre intérêt pour ce sujet.
Les déclarations du Contrôleur Général des Armées Feytis, directeur des ressources humaines du ministère de la défense lors de son audition du 24 juin 2014, devant la commission Défense de l’Assemblée Nationale, ont porté sur son domaine de compétence et en particulier sur les écoles dont l’ESM de Saint Cyr . La totalité de ses déclarations est facilement retrouvable mais il m’a paru nécessaire de vous en citer une partie afin d’éviter des déformations malvenues et non souhaitées.
« M. le CGA Jacques Feytis ….. Monsieur Voisin vous m’avez interrogé sur les diminutions de recrutements d’officiers. Il y en a eu ces dernières années, les écoles militaires ne recrutent plus comme avant. Je suis ancien élève de l’école militaire interarmes. Il y a 20 ans, ses promotions comptaient 200 élèves, contre 80 aujourd’hui. À Saint-Cyr, 200 élèves étaient intégrés il y a 20 ans et seulement 120 aujourd’hui.
M. Michel Voisin. Certes, mais quel était alors l’effectif des armées il y a 20 ans ? Le problème est là.
M. le CGA Jacques Feytis. Je pense que la diminution des recrutements d’officiers est assez proportionnelle à la réduction des effectifs globaux. Nous nous améliorons collectivement sans cesse. Au titre de mes nouvelles responsabilités dans le cadre de la nouvelle gouvernance RH, j’exerce une pression amicale et bienveillante mais certaine sur mes collègues DRH d’armée afin qu’ils soient vigilants quant aux volumes de recrutements dans les écoles dont ils ont la charge. Toutefois si nous voulons préserver ces écoles, il ne faut pas diminuer les recrutements à l’excès. En deçà d’un seuil critique, se poserait la question de l’existence même de ces écoles, ce qui serait gravissime. Nous devons préserver nos grandes écoles militaires.
Mme la présidente Patricia Adam. Il faut les ouvrir.
M. le CGA Jacques Feytis. C’est en effet une autre solution, à laquelle je suis favorable et à laquelle toutes les armées réfléchissent. Il faut ouvrir le recrutement de ces écoles à des étudiants qui seront heureux de faire Saint-Cyr, l’École navale ou l’École de l’air, même s’ils n’envisagent pas d’être officiers. Ils seront satisfaits de bénéficier des formations offertes et que l’on pourra sans doute adapter à la marge sans les dénaturer, pour vraisemblablement devenir des ambassadeurs enthousiastes de nos armées dans la société civile. En tout état de cause, je peux vous affirmer que les armées ont fait des efforts dans ce domaine.
MM. Michel Voisin et Nicolas Dhuicq. Mais pour exercer quels métiers ?
M. le CGA Jacques Feytis. Je pense qu’un jeune diplômé ingénieur de l’École navale ou de l’École de l’air ou de Saint-Cyr présentera un profil intéressant. Nos officiers ne sont pas forcément recherchés pour leurs compétences techniques militaires. J’ai récemment rencontré un jeune capitaine d’artillerie recruté dans une banque. J’imagine qu’il n’a pas été embauché pour sa maîtrise de la technique de l’artillerie. Ce sont ses compétences génériques qui ont intéressé l’entreprise. De la même manière, je suis persuadé que beaucoup de personnes seront ravies de suivre une formation dans une grande école militaire dans le cadre d’un double cursus ou d’un double master. Il est ainsi possible d’envisager un parcours de trois ans dans l’une des trois écoles militaires évoquées, complété par un an en école de commerce ou d’ingénieur avant de se lancer dans la carrière d’un cadre du secteur privé.
Mme la présidente Patricia Adam. D’autant que notre pays manque d’ingénieurs.
M. Nicolas Dhuicq. Ils partent à l’étranger !
M. le CGA Jacques Feytis. Il nous manque en effet environ 15 000 ingénieurs par an. Que nos écoles militaires contribuent à améliorer cette situation ! Ceci sera en outre facteur de rayonnement. On pourra objecter que l’effort financier afférent sera à la charge du ministère de la Défense. Nous ne sommes certes pas en mesure de mettre immédiatement de telles mesures en pratique, mais nous trouverons des solutions. Toutes choses égales par ailleurs tant son cas est spécifique, Polytechnique est une école militaire certes, mais qui forme des cadres de la société civile. Des solutions peuvent être trouvées, les armées ne sont pas irresponsables et ont veillé à maîtriser tous leurs flux de recrutements, directs, internes ou d’officiers sous contrat.
L’effet de la réforme des retraites de 2010 a été très important sur l’évolution de la population d’officiers ; l’accroissement de deux ans des limites d’âge a de ce fait pesé sur la manœuvre RH de la précédente LPM et pèse d’ailleurs encore sur celle en cours. L’évolution des effectifs d’officiers ne découle donc pas d’une irresponsabilité supposée des gestionnaires, mais bien de l’impact de cette réforme. »
A la lecture de l’intégralité du texte il apparait bien que le commandement a un problème majeur, comment exécuter la Loi de Programmation Militaire alors que les ressources sont en partie incertaines. Parmi les questions qui en découlent le départ des officiers est effectivement plus compliqué (!) que le retour dans le civil de milliers d’hommes et femmes qui avaient souscrits des contrats à durée déterminée.
Je pense que le véritable enjeu pour les responsables est de savoir comment continuer à….
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