L’enquête sur les disparitions de Marie-Josée et Allison Benitez se poursuit et la station d’épuration de Leucate devrait être vidée dans les prochaines semaines.
« Alors, du neuf sur l’affaire Benitez ? On ne les a toujours pas retrouvées ? Ni même un corps ? Mais est-ce que l’on saura vraiment un jour ?« . Près de 10 mois plus tard, on ne parle encore que de ça. On s’interroge inlassablement. Sans jamais trouver un début de réponse sur les disparitions de Marie-Josée Benitez, 53 ans, et de sa fille Allison, 19 ans, introuvables depuis qu’elles se sont mystérieusement évaporées du domicile familial, 28 rue Richepin, à Perpignan le 14 juillet 2013.
À 15 jours du concours Miss Roussillon où la jeune fille faisait office de candidate motivée, voire de favorite. Pas l’ombre d’une explication non plus sur le suicide de Francisco Benitez l’époux et père de ces deux femmes. Un légionnaire infidèle qui, dans une mise en scène macabre, s’est pendu en uniforme le 5 août dans une cour de la caserne Joffre où il était chargé du recrutement. Passant de témoin capital à suspect principal. Et emportant avec lui ses secrets. Ou peut-être la vérité… Au moment même où l’on apprenait que l’une de ses anciennes maîtresses, Simone Alves de Oliveira s’était elle aussi subitement volatilisée neuf ans plus tôt (en 2004) à Nîmes et n’avait plus donné le moindre signe de vie.
- «Il ne faut pas les oublier »
Tout l’été 2013, fin septembre encore, l’affaire avait alors défrayé la chronique jusqu’au niveau national, avant de retomber lentement dans le silence. Mais, jamais dans l’oubli. Occupant et préoccupant toujours les mémoires catalanes, malgré ce que craignait la famille des disparues, déchirée entre la douleur, l’absence et l’abîme de l’incompréhension. « Il ne faut pas les oublier, implore Edwige Barbet, la sœur de Marie-Josée Benitez, depuis le Lot-et-Garonne. On ne sait rien. Moi, je suis sûre que quelqu’un sait ou a vu, mais ne veut pas parler. Peut-être qu’au niveau de l’armée, certains n’ont pas voulu révéler des choses et ça se comprend. Mais maintenant, qu’ils le disent, mon beau-frère n’est plus là« .
« La famille souhaite que les recherches continuent ou reprennent. On ne peut se satisfaire de la situation actuelle. Il y a toujours un mystère qui persiste, ajoute Me Étienne Nicolau, l’avocat d’Edwige Barbet. D’autant que Francisco Benitez a eu un comportement étrange qui permet de penser qu’il a eu un lien avec ces disparitions ou en est responsable. On peut imaginer que des témoins se manifestent aujourd’hui encore et qui auraient vu cet homme dans des endroits étranges, où il se serait rendu à plusieurs reprises ou bien, où il n’aurait pas dû se trouver. Les recherches pourraient alors se concentrer sur ces secteurs ».
- Prélèvements ADN
L’enquête sur les disparitions menées par l’antenne de la police judiciaire de Perpignan n’a pas été rangée au fond d’un placard. Des prélèvements ADN ont été effectués sur des membres de la famille s’il fallait réaliser de nouvelles comparaisons en cas de découverte de traces suspectes. Les empreintes génétiques de militaires ou de personnes de l’entourage ont aussi été expertisées sans rien donner. De nouvelles pièces ont été examinées dans l’appartement familial qui a été vidé et restitué à son propriétaire. Sachant qu’après la mort du légionnaire, des traces de sang de la mère avaient été retrouvées dans ce logement et son ADN avait été détecté dans un congélateur et un lave-linge utilisés par le militaire à la Légion… Mais, pas le moindre indice lié à Allison. Les enquêteurs compteraient toutefois sur les analyses scientifiques afin de recueillir des éléments pouvant les éclairer, sinon sur l’identité d’un coupable, du moins sur un scénario des faits.
- Encore Leucate ?
De même, les investigations, recoupements ou vérifications, se poursuivent à pas de fourmi. Et l’idée de procéder à de nouvelles fouilles n’est pas abandonnée. À l’instar de ce qui avait été fait dans la pinède de Leucate en septembre à l’extrémité de la presqu’île de Leucate donnant sur l’étang de Salses. Cette fois, il s’agirait de vider les cuves de la station d’épuration toute proche. Une opération techniquement complexe qui sera effectuée, assure-t-on, vraisemblablement avant l’été. Dans ce périmètre encore où la présence de Francisco Benitez avait été repérée plusieurs fois, à des horaires atypiques, dans les jours suivant la disparition de sa femme et de sa fille.
« Il ne fallait pas qu’elle parle » « Notre famille ne va pas bien. On est perdu, raconte Edwige Barbet, la sœur de Marie-Josée Benitez. Je pense tous les jours à ma sœur. Cette histoire nous a beaucoup perturbés, surtout ma mère. Je regarde souvent une vidéo que l’on avait faite d’Allison et je vois ma sœur. C’est très dur au quotidien parce que l’on ne sait rien, ni où elles sont, ni si elles sont toujours en vie, ça, c’est terrible. Mais on a des enfants, on est obligé de tenir, de vivre au jour le jour. Il faut espérer pour continuer à avancer. Au tout début en fait, j’étais en train de regarder la télévision, quand j’ai entendu qu’il y avait des disparues à Perpignan. Sur le coup, je n’ai pas fait attention. Mais le lendemain, j’ai vu la photo de ma sœur. Tout de suite, je me suis dit : ‘Paco leur a fait quelque chose’. C’était une personne gentille, mais on sentait de suite que quelque chose n’allait pas trop bien. Il était sympathique, mais troublant. Je me dis aujourd’hui que ma sœur est morte parce qu’elle ne devait pas parler. Elle l’aimait Paco, elle avait déjà 4 enfants, mais elle en a voulu absolument un de lui. Elle l’a épousé quand Simone a disparu. Peut-être qu’elle a accepté de se taire. Mais, là ça n’allait plus entre eux. Elle l’a peut-être menacé de dire des choses. Comme elle était très fusionnelle avec sa fille, Allison a peut-être su. J’imagine qu’il y aurait eu une dispute, il les aurait poussées, elles seraient mal tombées… Il n’a pas laissé de lettre pour s’expliquer de toute façon. Mais, il y a une voisine, introuvable, qui a dit que le 14 juillet, entre 11 h et midi, elle avait entendu crier ». Source: lindependant.fr