Le légionnaire qui a abattu quatre personnes, le 7 avril, à Abéché, au Tchad, a-t-il réellement agi sur un coup de folie ? C’est l’explication présentée, quelques heures après le drame, par les autorités militaires françaises. Hier, le soldat de deuxième classe, à l’origine des faits, rattaché au 2e régiment étranger d’infanterie, a été rapatrié en France.
En fin d’après-midi, il a été présenté à un magistrat du tribunal aux armées de Paris. Il a été mis en examen pour « assassinats » sur ses deux camarades de régiment et « meurtres » pour le militaire togolais et le civil tchadien.
Mais les raisons de son geste diffèrent de celles données par ses supérieurs. « Mon client a fourni des explications à son geste qui doivent être entendues et prises en considération, relate M e Eric Morain, l’avocat de Josafa, 26 ans, originaire de São Paulo au Brésil. Il a reconnu avoir tué deux soldats de son régiment, un militaire togolais chargé de la surveillance de son camp puis un paysan tchadien au cours de sa fuite. Mais il explique son geste en direction des deux légionnaires appartenant à son régiment dans un contexte de menaces, de brimades et d’agressions de ces derniers sur sa personne. Pour le soldat togolais, il rapporte avoir tiré alors que ce dernier allait faire feu sur lui. Pour le paysan, il a évoqué lui avoir acheté un cheval et des vêtements. La victime accompagnée d’un comparse a voulu le maîtriser comprenant qu’il s’agissait d’un militaire en cavale et qu’une récompense pouvait être remise à ceux qui l’arrêteraient. »
Grave altercation
Membres d’une fratrie de treize frères et soeurs, Josafa a travaillé comme ouvrier dans le bâtiment avant de s’engager dans la légion étrangère en août 2006. En février 2007, il a intégré les rangs de la 5 e compagnie de combat du 2 e REI, basé à Nîmes (Gard). L’un de ses frères est également membre de la légion depuis huit ans.
Le jour des faits, Josafa, en poste depuis un mois au Tchad, aurait eu une grave altercation avec ses camarades. « Mais il y en avait eu d’autres avant, précise son avocat. Dans le jargon militaire, on parle de ramasser quand on fait l’objet de brimades. Josafa raconte qu’il ramassait plus que les autres depuis un moment et que cela s’est accentué depuis son arrivée au Tchad. Il faut savoir qu’il est chrétien évangélique, qu’il ne boit pas et qu’il ne va pas voir les filles. Du coup, il pouvait se trouver à l’écart par rapport à ses camarades. »
Pour une raison encore inconnue, le légionnaire s’est emparé de son arme avant d’abattre un soldat de première classe de 29 ans et le sergent D., 31 ans. Dans sa fuite, Josafa avait également mortellement blessé une sentinelle togolaise rattachée au contingent des forces de l’ONU avant de tuer un paysan tchadien. Après deux jours de cavale, le légionnaire avait été arrêté alors qu’il tentait de puiser de l’eau.
Stéphane Sellami
Source : Site Le Parisien.fr
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