Le Journal du Dimanche – Dimanche 17 novembre :
MILITAIRE EN POSTE A DJIBOUTI JEAN PIERRE VIDOT EST DECEDE EN 1993, APRES DEUX ANS DE COMA DEPUIS, SA VEUVE EST EN LITIGE AVEC LE MINISTERE DE LA DEFENSE
Nevers. Correspondance Philippe DEPALLE
« J’ai décidé de tirer ma dernière cartouche » après onze années de lutte, Nadine VIDOT-BOULOGNE vient de confier son sort à l’Association de Défense des Droits Militaires. Pour mettre un terme à un cauchemar qui a débuté le 24 avril 1991. Ce jour là, à 7H30, le Maréchal des Logis Chef Jean Pierre VIDOT, 34 ans, décharge des caisses de munitions sur un quai, à Djibouti. Dans une semaine, il retrouvera la métropole , son épouse Nadine et ses trois filles Nathalie, Amélie et Laura. Soudain, un malaise. Puis un second.
On le transporte à l’infirmerie. Puis à l’hôpital. Pour crise d’épilepsie, d’après un premier extrait du registre du 10ème bataillon de commandement et de soutien de Djibouti. Il est en fait victime d’une hémorragie cérébro-méningée. Jean pierre VIDOT est dans le coma. Il n’en ressortira plus. Le 1er mai 1991, on l’évacue à l’hôpital du Val de Grâce, puis au Centre Héliomarin de BERCK. Au bout de six mois, il doit quitter les lieux. Son état nécessite des soins trop lourds. Son épouse contacte tous les hôpitaux militaires. Sans succès. Finalement, en février 1992, elle trouve un lit au Centre de Long Séjour du Centre Hospitalier de SENS (Yonne).
Mais , très rapidement Madame VIDOT ne peut plus débourser les 13 000 F (1 982 €) mensuel pour compléter l’aide médicale. L’Armée fait la sourde oreille. Mais pas le Conseil Général de l’Yonne, qui, jusqu’au décès du Sous-officier, le 11 juin 1993, versera cette somme. Entre temps, Nadine VIDOT reçoit un imprimé qui lui apprend que la maladie ne peut être imputable à un accident de service, « pas défaut de preuve ». Elle se retourne alors vers le Tribunal de Grande Instance d’AUXERRE pour faire appel de cette décision, et obtient gain de cause en août 1997 : la maladie mortelle de Jean pierre VIDOT est bien en relation avec son service. Elle et ses filles touchent un arriéré de pensions pour la période 1993 – 1995, année au cours de laquelle Nadine VIDOT s’est remariée. La somme avoisine les 398 000 F (60 675 €). Mais le Ministère de la Défense décide de faire appel à son tour. Et obtient, cette fois, un jugement en sa faveur.
Un an plus tard, en mai 1999, le Conseil d’Etat va dans le même sens. Dès lors, tous les mois, Nadine BOULOGNE, Veuve VIDOT, verse 199 € au Trésor Public. Elle tente d’obtenir une remise gracieuse, multiplie les démarches, écrit au Président Jacques CHIRAC. En vain. Et le sort continue de s’acharner. En mai dernier, coup sur coup, le père de Jean pierre VIDOT et celui de Nadine VIDOT-BOULOGNE décédent. Un mois plus tard, un huissier du Trésor Public se présente au domicile de celle-ci, à Pougues les Eaux (Nièvre). L’Etat compte sur les héritages pour rembourser le « dette » restante, qui est de 56 554,52 €. A ce jour, les successions sont en cours de règlement.
L’adhésion de Nadine VIDOT-BOULOGNE à l’Association de Défense des Droits Militaires semble provoquer des remous. Employée au Groupement de Gendarmerie de la Nièvre, où elle est chargée de l’Action Sociale pour les militaires de la région, elle a reçu, vendredi 15 novembre, un coup de téléphone d’un service de la Défense. Qui lui demandait si elle avait un dossier au nom de Madame VIDOT – BOULOGNE .
« Non, mais c’est moi », s’est-elle contentée de répondre à son interlocutrice.
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