Victime de l’arnaque au déménagement de militaires, la société Castel-Dem s’étonne du silence du ministère.
Près d’une semaine après l’ouverture d’une information judiciaire par le juge d’instruction de la Juridiction inter-régionale spécialisée (Jirs) de Marseille sur des pratiques illégales dans le secteur du déménagement des militaires, Marcel Barthélémy, gérant de Castel-Dem, est amer.
Le ministère aux abonnés absents
En toute logique. En déposant plainte auprès du parquet de Carcassonne, en août 2012, l’entrepreneur chaurien a certes bien déclenché l’intérêt de la justice pour ces surfacturations douteuses. Mais il n’a guère déclenché le branle-bas de combat espéré au sein du ministère de la Défense, pourtant concerné au premier chef par le sujet, puisque c’est bien à son détriment que la vaste escroquerie aurait été perpétrée. Début octobre, Maurice Barthélémy avait bien sollicité le ministre Jean-Yves Le Drian. Le 31 octobre, un courrier signé de la main de Jean-Christophe Le Minh, chef du cabinet civil du ministre de la Défense, lui assurait que des « investigations allaient être menées ».
Mais depuis, un silence radio déconcertant, que n’a guère fait bouger l’ouverture de l’enquête confiée aux gendarmes de la Section de recherches (SR) de Marseille.
Des militaires réagissent sur les blogs
La révélation de l’affaire suscite pourtant une pluie de réactions sur les blogs militaires. Jusqu’à ce révélateur témoignage d’un militaire qui s’est amusé à cacher sa fonction à un déménageur, pour se livrer à une comparaison avec un autre professionnel à qui il avait signifié son rang : à l’arrivée, un devis de 2 400 € pour le premier, une facture de 3 200 pour le second, qui avait surévalué le cubage. Au passage, ce militaire souligne que l’honnêteté paye : « Au final ce procédé m’a permis de faire économiser de l’argent à l’Etat mais surtout j’ai récupéré 400 € de la part du Commissariat aux armées (la moitié de la différence économisée).
Des militaires serait impliqués
Un mutisme étonnant, car le sujet ne se limite pas aux devis qui sont déjà entre les mains de la justice, et justifient son intérêt sur les pratiques des sociétés, qui proposaient en retour des compensations (prêt de voiture, tablettes numériques, billets d’avion offerts, fortes sommes d’argent,…), mais aussi sur l’éventuel rôle d’intermédiaires qu’auraient pu jouer des militaires de carrière. Quid, ainsi, des devis gonflés pour des militaires dont une nouvelle affectation va susciter un très proche déménagement, notamment vers l’outremer ? La question mérite d’être posée, alors que la chambre syndicale du déménagement (CSD) s’est récemment positionnée, en affirmant sa volonté de se porter partie civile au pénal aux côtés de Maurice Barthélémy. Le président de la CSD, Serge Fontaine, a d’ailleurs appelé de ses vœux la mise en place d’une grille tarifaire officielle pour poser enfin des garde-fous.
Castel-Dem a perdu 90 % de sa clientèle
Une refonte des pratiques qu’appellerait évidemment de ses vœux Maurice Barthélémy, qui paye encore les pots cassés de la massive arnaque qui lui a valu de voir son chiffre d’affaires chuter de plusieurs centaines de milliers d’euros, en perdant des contrats de déménagements avec des militaires forcément plus séduits par les “imbattables” avantages offerts par ses indélicats concurrents : « On a tout simplement perdu 90 % de notre clientèle », résume le chef d’entreprise chaurien, qui ne se résout pourtant pas à jeter l’éponge.
Même si…
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