Lettre mensuelle de l’ASAF 13/05

Madame, Monsieur,

Veuillez trouver ci-dessous, la Lettre ASAF « Ne pas subir » du mois de mai 2013 (lettre 13/05).

1/ Elle rappelle aux lecteurs les graves conséquences qu’aura, pour notre pays, l’adoption du modèle d’armée réduite annoncé dans le dernier Livre blanc.

Elle veut aussi les alerter sur le processus lent et discret par lequel est transféré un nombre croissant de postes de responsabilités du ministère de la Défense, tenus à ce jour par des officiers, à des administrateurs civils et contrôleurs des armées.

Cette dérive voulue et mise en œuvre par le Ministère entraîne une perte de cohésion de l’institution militaire et un affaiblissement progressif de l’armée. Ces transferts de responsabilités, souvent présentés comme un « recentrage sur le cœur de métier », se traduisent en fait par une marginalisation de l’armée et de ses cadres dans notre société, y compris à l’intérieur même du ministère de la Défense.

Les engagements militaires, tous couronnés de succès, font-ils de l’ombre à certains ?
Si ce processus, qui mine l’armée de l’intérieur aboutissait, la France ne pourrait plus compter sur un outil militaire réactif et solide indispensable à sa défense et à son indépendance.

2/ L’ASAF mettra exceptionnellement en lecture libre sur son site, le cahier couleur de 8 pages consacré à SERVAL qu’elle a réalisé pour le dernier numéro de sa revue « Engagement ».
Le prochain numéro de sa revue paraîtra le 15 juin et le cahier central couleur présentera un point de situation des opérations en cours menées par nos forces qui sont souvent méconnues de nos compatriotes.

La revue « Engagement » (76 pages) est trimestrielle. Ceux qui rejoindront l’ASAF avant le 30 juin 2013 recevront non seulement les 4 numéros d’ « Engagement » mais se verront offrir gracieusement le numéro thématique « Blessés pour la France » (128 pages) qui paraîtra le 15 septembre avec le numéro 100 de notre revue.

Je vous souhaite une bonne lecture et vous propose de rediffuser largement cette lettre vers vos parents, amis, relations, et associations dont vous êtes membre, pour que:
« l’armée demeure au cœur de la Nation et dans le cœur des Français ».

Bien cordialement.

Henri Pinard Legry
Président de l’ASAF

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 Notre armée qui disparaît !

 

Illusion d’optique ?

Comme il fallait s’y attendre, le Livre blanc qui vient de paraître affiche une nouvelle réduction des capacités militaires dont disposera notre pays dans les années à venir.
Ce sont une rupture et un risque majeurs qui ne doivent pas passer inaperçus.
Dans moins d’une décennie, la France pourra-t-elle encore garantir son indépendance et son intégrité territoriale, assurer seule sa défense, protéger sa population sur son sol et ses ressortissants à l’étranger, maintenir son statut de puissance à l’ONU, dans l’OTAN ou même en Europe ? Rien n’est moins sûr.

L’armée sacrifiée

Les militaires d’active, comme les anciens qui connaissent et comprennent les réalités opérationnelles, ou encore le nombre croissant de Français qui sont de plus en plus conscients des menaces intérieures et extérieures, ne sont pas dupes de l’artifice qu’a constitué la rédaction du Livre blanc.
Ils constatent que le monde s’arme, que l’instabilité au sud de la Méditerranée se développe, que la violence n’a pas de frontière, et que l’Europe de la Défense n’existe pas.
C’est sans doute pour ces raisons que les élus de la Nation ont déclaré qu’il ne fallait pas réduire le budget de la Défense déjà jugé « juste insuffisant ». Le faire entraînerait à leurs yeux une rupture irréversible de notre outil de défense qui ferait glisser notre pays dans une situation de vulnérabilité immédiate, de dépendance stratégique inacceptable et d’abandon de toute politique d’influence au niveau mondial.
Notre engagement militaire au Mali a d’ailleurs confirmé que la crédibilité internationale de la France et sa position de leader stratégique en Europe reposent d’abord sur sa capacité militaire à évaluer une situation, à décider et à agir, très rapidement si nécessaire, en toute indépendance.

L’armée silencieuse

Mais au-delà des réductions de budget et de format, c’est la présence de l’armée dans la Nation qui s’estompe au point de disparaître. Or comment un pays peut-il maintenir, voire renforcer son esprit de défense et sa résilience en cas de crise si la population ne connaît plus l’armée et ne voit plus ses militaires que le 14 juillet.
Déjà, 40% des départements n’abritent plus de garnison ou de base. Les forces armées, aux maigres effectifs, sont soumises à un tel rythme d’activités – périodes d’entraînement, d’opérations extérieures, de remise en condition et stages multiples – qu’elles sont rarement présentes dans leurs garnisons. L’armée devient invisible aux yeux des citoyens.
Plus encore elle est inaudible. La grande muette n’a jamais porté aussi bien son nom.
Comment se fait-il que le chef d’état-major des armées, qui commande 250 000 hommes dont 5 000 engagés dans une opération audacieuse, n’ait jamais été l’invité du 20h de TF1 ou de France 2 pour expliquer aux Français le déroulement de l’opération Serval ?
Pourtant le succès de cette opération remarquablement conçue par l’état-major des armées, conduite par des chefs militaires de grande valeur et réalisée sur le terrain par des soldats aguerris, revient aux seules armées et non à un cabinet ministériel, fût-il de la Défense !
Il revient donc aux chefs militaires du plus haut niveau de s’adresser aux Français dans les médias. Les civils autant que les militaires ne comprennent plus ce silence. Il en va de la bonne information de nos concitoyens mais aussi de la confiance que la troupe place dans le haut commandement.
Qui peut et doit parler de Serval et des autres opérations que conduit partout dans le monde l’armée française, mieux que ceux qui en assurent le commandement effectif ?
Enfin, alors que l’armée est perçue comme l’une des rares institutions régaliennes en qui les Français ont confiance, et au moment où les états-majors démontrent leur efficacité grâce leur capacité d’adaptation, d’innovation et de décision, des études sont menées au sein du ministère de la Défense pour transférer des responsabilités assumées à ce jour par des officiers généraux à des technocrates sans expérience opérationnelle.
En quoi ces transferts de responsabilités se justifient-ils ? Quelle efficacité accrue peut-on en attendre alors que le système Louvois (système informatique assurant la rémunération des militaires), piloté par des contrôleurs des armées, n’est toujours pas opérationnel et sans doute pas prêt de l’être ?
Ne s’agit-il pas en fait de marginaliser l’armée dans la Nation et de réduire la place des militaires dans la société française?

Le combat de l’ASAF

L’ASAF croit que l’armée demeure l’élément central de l’Etat dont la Défense est le premier devoir, et qu’elle constitue une dimension essentielle de l’identité de la Nation. Elle estime que soutenir l’armée aujourd’hui, c’est servir la France et garantir son avenir. C’est pourquoi elle a décidé de s’opposer en dénonçant les dérives qui affaiblissent nos armées.
Elle demande aux élus de la Nation, comme le souhaite d’ailleurs aujourd’hui une majorité de Français, de refuser les abandons annoncés, et de placer l’intérêt supérieur du pays qui s’inscrit dans le long terme avant la seule logique financière et les calculs politiques de court terme.
L’ASAF, en faisant connaître leurs déclarations et leurs votes, soutiendra les élus courageux mais dénoncera avec vigueur ceux qui se refuseraient par lâcheté à préserver l’outil de défense.

Rédaction de l’ASAF – (www.asafrance.fr)

 

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