Les chefs d’état- major des différentes armées ont expliqué récemment, au ministre de la Défense etaux députés de la commission de la Défense et des forces armées, la situation critique actuelle et celleencore plus grave dans laquelle les armées allaient se trouver en 2013 si les ressources allouées continuaient à diminuer comme elles le font depuis 30 ans.
De fait, le démantèlement de nos armées est en cours. Mais personne ne doit pouvoir dire demain, lorsque notre armée sera incapable d’agir efficacement face à une crise intérieure ou extérieure : « Comment se fait-il ? » ou « Je ne savais pas, personne ne me l’avait dit ». La classe politique ne souhaite pas s’exprimer sur ce sujet ; il y en de plus importants à ses yeux.Même si la Défense est le premier devoir de l’Etat, les responsables de la France refusent d’expliqueraux Français les conséquences des réductions budgétaires de la Défense. Cela leur est d’autant plus facile qu’ils savent qu’ils n’auront pas de syndicat à affronter, de grève ou de manifestation à craindred’un corps où la discipline et le sens de la mission priment tout.
En revanche, le haut commandement militaire a, en conscience, un devoir de vérité vis-à-vis du peuple français, non seulement parce que les responsables politiques ne l’assument pas, mais d’abordparce que l’armée, qui est au cœur de la Nation, demeure son ultime recours.Au delà des calculs politiciens et des visions à court terme, les chefs militaires sont les garants, dans ladurée, de la valeur de l’institution qui leur a été confiée, au service exclusif de la Patrie.
Déjà, la réduction des effectifs a conduit à la création d’un système technocratique inefficace « les bases de défense » qui dissocie les moyens de combat et de soutien ; une aberration ! Dans le même temps, la centralisation, au moindre coût, du système de paiement de la solde au niveau du ministère de la Défense, piloté par les contrôleurs du ministre, conduit à une situation inacceptable. Depuis plus d’un an, près de 20% du personnel de l’armée de Terre, la première à être passée sur lesystème « Louvois », ne reçoivent pas le montant exact de leur solde.
Mal soutenue, mal payée, l’armée est maintenant sous équipée et revoit à la baisse son entraînement.Son moral est en chute libre comme l’atteste la diminution de plus en plus importante des renouvellements de contrat.
Devant le silence qui recouvre cet affaiblissement dramatique et prévisible de nos forces, il est urgentque les chefs militaires puissent alerter l’opinion. Ils doivent le faire dans les médias, à la télévisionlors du journal de 20 heures ou au cours d’émissions de grande écoute, pour faire comprendre à leurs compatriotes, dans un langage simple et vrai, la situation réelle de nos forces et les conséquences des choix budgétaires. Il en va de l’intérêt du pays à travers l’existence même de son armée.
Rédaction de l’ASAF – (www.asafrance.fr)