C’est un conseil de guerre de 7 officiers qui condamne le Capitaine Dreyfus à la déportation perpétuelle le 22 décembre 1894 malgré un dossier vide de preuves, mais dans un contexte de haine antisémite indéniable.
( chronologie de l’affaire sous ce lien synthèse de l’affaire du ministère de la justice sous ce lien ) (1)
Quoi qu’il en soit, nous devons à Dreyfus le terrible constat que la justice militaire n’en sera jamais une et à nos législateurs d’aujourd’hui de l’avoir réduite à sa seule part disciplinaire. Ils auraient pu condamner Dreyfus à mort s’ils en avaient eu le droit et lui ont infligé la peine maximale mais aussi une dégradation publique qui valait bien un arrêt de mort social dans une république patriote et revancharde. Ils préparaient la « der des ders ».
Les procès et condamnations à mort des mutins de 1917 ( quelques infos sous ce lien – mais prenez un peu de recul pour les lire ) nous présentent cependant la brutalité des décisions des militaires lorsqu’elles n’ont de compte à rendre à personne.
On ne peut habiter Vichy, comme moi, sans s’être arrêté sur l’œuvre d’Albert Londres et les descriptions qu’il fait des camps disciplinaires militaires ( Bagnes de Biribi – Dante n’avait rien vu ).
Nous progressons doucement pour redonner une pleine citoyenneté aux militaires dont le passage obligé est la reconnaissance effective de ses droits en même temps que l’exigence forte de l’accomplissement de ses devoirs. A quel autre citoyen, la république demande-t-elle le sacrifice de sa vie ? Aucun. Cela a un prix, celui de sa protection contre l’arbitraire. ( article L 4111-1 du code de la défense )
Matelly, notre camarade Matelly, fut traduit devant un conseil de discipline ( d’enquête en fait ) aux ordres pour s’être exprimé sur un texte de lois en préparation. Cela ne se passait pas au 19ème siècle, ni pendant la grande guerre, ni pendant la débâcle de 40, encore moins en Indochine, ou pendant la guerre d’Algérie, non c’était il y a deux ans en 2010.
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Une longue introduction pour vous parler d’un camarade qui le 07 décembre 2007, oubliant qui il était, oubliant sa famille, sa femme, ses, enfants, n’a trouvé d’autre solution que de se donner la mort.
Son nom importe peu, au fond, les identités des protagonistes de ce drame ne nous révèleront rien de plus, mais sachez que ce que je vais vous raconter sont des faits que j’ai recoupés auprès de plusieurs sources. Les acteurs de cette tragédie, quels qu’ils soient portent une croix. Il n’en faut pas douter, le fantôme de notre camarade doit hanter leurs nuits. Il ne faut pas en rajouter, mais peut-être simplement obtenir que sa veuve retrouve la paix, obtenir que l’administration renonce à discutailler, plaider, et admette qu’il est temps que le ministère de la défense retrouve sa dignité. Faute de quoi, c’est bien une campagne publique qui lui sera faite, un exposé détaillé, argumenté. Il ne fait aucun doute que la foule se rangera du côté de la veuve et que les directions des administrations devront rendre des comptes précis, en particulier sur les sanctions prises à la suites des graves manquements perpétrés par toute une hiérarchie grassement payée à ne pas faire son travail.
Pour protéger la hiérarchie c’est toute la gendarmerie qui sera salie encore une fois. Evitons cela s’il vous plait !!
Un suicide de gendarme :
( article L 4121-4 du code de la défense : …….. Il appartient au chef, à tous les échelons, de veiller aux intérêts de ses subordonnés et rendre compte par la voie hiérarchique de tout problème de caractère général qui parviendrait à sa connaissance. )
Habituellement nous n’en prenons connaissance qu’à travers quelques lignes dans un quotidien régional quand il s’agit de gendarmes départementaux. Pour les gendarmes mobiles, c’est le black-out. Qui a entendu parler du suicide de ce gendarme mobile à Bourgoin, ou de celui de ce gendarme à Belley ? C’est pourtant dans ce contexte que se déroule notre affaire.
Les précédents ont-ils joué un rôle dans la décision du lieutenant X… de mettre fin au calvaire qu’il subissait ? Nous ne le saurons pas.
Le sept décembre 2007, le général de corps d’armée ( **** ) commandant la région réuni un tribunal d’exception composé de lui même. Il préside. Il s’est adjoint, le chef d’état major, colonel de son état, l’adjoint « ressources humaines », colonelégalement, le commandant du groupement mobile, lieutenant-colonel, et son adjoint, chef d’escadron.
Rien de moins. Si la guerre avait été déclarée, il n’aurait pas pu faire mieux, le général, pour se préparer au combat.
Il fallait faire grand, taper fort, affirmer son autorité, être solennel à la face de la troupe tout entière. Peu importe les règlements, peu importe la loi, le général a décidé, toutes affaires cessantes pour ses quatre subordonnés et lui-même, qu’il n’y avait d’autres priorités que celle de notifier, sans entretien préalable, sans audition du prévenu, sans qu’il lui soit donné connaissance du dossier d’accusation, sans qu’il n’ait pu rédiger la moindre défense, consulter le moindre conseil, se faire assister du représentant des officiers, qu’il allait être suspendu. Pas besoin de conseil de discipline, ni de dossier…..
Plus tard cette notification n’ayant pu être régularisée, il a été décidé de déclarer que le tribunal n’avait pour objet que d’empêcher notre camarade de faire un déplacement. Il devait rester au « dépôt ».
1 quatre étoiles, deux colonels, un lieutenant colonel et un commandant se sont réunis pour notifier une décision aussi banale. A qui veut-on faire croire cela !!!
Imaginez ce qu’a pu ressentir notre victime devant un tel déballage de moyens, devant la solennité donnée à sa comparution. L’inquisition a été ressuscitée ce 7 décembre.
Chacun des membres de ce tribunal savait qu’il n’avait pas le droit de participer à une telle mascarade. Pourquoi s’y sont-ils soumis ? On n’est pas officier supérieur de gendarmerie sans connaître la réglementation, On ne devrait pas l’être sans connaître les limites de ses droits. On ne peut pas l’être en ignorant le devoir supérieur du chef de veiller aux intérêts de ses subordonnés. Le code de la défense pose ce devoir comme premier.
Au fond une telle mise en scène n’est que la reconnaissance de la faiblesse de ce chef. de la faiblesse du dossier. Oui chacun des membres de ce tribunal d’exception savait où était son devoir. Pourquoi ont-ils tourné la tête, renoncé à ce qui fait l’honneur d’un militaire.
Article L 4122-1 du code de la défense : Les militaires doivent obéissance aux ordres de leur supérieurs ……………. Toutefois, il ne peut leur être ordonné et ils ne peuvent accomplir des actes qui sont contraires aux lois, au coutumes de la guerre et aux conventions internationales.
L’obéissance a des limites, celle du droit. Le code de la Défense est une loi.
Article D 4137-1 du code de la défense : ……Le militaire adhère à la discipline militaire qui respecte sa dignité et ses droits…..
Article R 4137-15 du code de la défense : Avant qu’une sanction ne lui soit infligée, le militaire a le droit de s’expliquer oralement ou par écrit, seul ou accompagné d’un militaire de son choix sur les faits qui lui sont reprochés devant l’autorité militaire de premier niveau dont il relève. Au préalable, un délai de réflexion, qui ne peut être inférieur à un jour franc lui est laissé pour organiser sa défense…………………… Avant d’être reçu par l’autorité militaire de premier niveau dont il relève, le militaire a connaissance de l’ensemble des pièces et documents au vu desquels il est envisagé de le sanctionner. …………
Tous les droits reconnus par notre république au lieutenant X… lui ont été refusés. L’Armée Rouge était plus clémente avec ses membres.
Le premier à passer devant ce tribunal fut le commandant de l’escadron de notre lieutenant. L’entretien fut bref et violent nous a-t-on rapporté. Ce militaire a refusé de nous en dévoiler le contenu.
L’accusé n’est resté qu’une minute devant ses juges semble-t-il. Il est ressorti défait, anéanti. Il va voir son chef ( le commandant d’escadron ) pour lui rendre compte de ce qu’il savait déjà. Il allait être suspendu, mais en attendant, il n’irait pas au prochain déplacement. Sa fierté, son honneur sont atteints. On ne rigole pas avec l’honneur lorsqu’on a donné toute sa vie à son métier, franchi tous les grades de sous-officier et lorsque l’on commande un peloton d’élite.
Le commandant de groupement, qui a rejoint le commandant d’escadron dans son bureau, demande à celui-ci de réunir l’escadron pour qu’il puisse le saluer avant son départ. Que comprend notre lieutenant, au juste ? Nous ne le saurons pas.
Il sait d’où il sort, de l’enfer ! Que va dire son commandant de groupement à la troupe réunie ?
Il s’imagine déshonoré au front des troupes, dégradé en public, rabaissé devant ceux qu’il commandait quelques minutes seulement avant.
Il rejoint son bureau. Le commandant d’escadron réuni ses subordonnés « au rapport » pour le colonel.
Tout le monde est dans la cours lorsque la détonation résonne.
Le lieutenant X s’est suicidé.
Que lui reprochait-on ? Des faits qui…..
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Cette publication a un commentaire
bonjour,
la lecture de cet article m’a fait faire un bond de 17 ans en arrière. En effet, mon ami, gendarme mobile dans l’Est à vécu une situation similaire en 1995 qui, l’a malheureusement conduit, sans doute pour les mêmes raisons, à mettre fin à ses jours également. la seule différence avec le lieutenant c’est que juste après sa comparution, il était en permission. il n’est donc « même » pas mort en service.
Son histoire s’inscrit dans le même contexte et il ne s’agit ni du gendarme mobile à Bourgoin, ni du gendarme à Belley.
Je soutiens encore aujourd’hui sa maman, nous gardons espoir que l’honneur de « nos enfants » leur soit un jour rendu.
Bien à vous
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