Scandale à la Légion

Un homme du 2°REP est mort.

Trois légionnaires soupçonnés.

La juge d’instruction au tribunal aux armées de Paris (TAP), Florence Michon, enquête sur une affaire très embarrassante pour la Légion étrangère: le décès, pendant un exercice, d’un légionnaire slovaque du 2° régiment étranger de parachutistes (REP), Joseph Tvarusko, 25 ans. Ayant du mal à marcher, épuisé et souffrant d’un genou, celui-ci avait été, le 22 mai dernier à Djibouti, frappé à plusieurs reprises, privé d’eau et forcé à conrtinuer, malgré la chaleur suffocante (autour de 38°C). Il s’était finalement effondré dans un buisson d’épineux. Selon l’autopsie, le légionnaire aurait succombé à un « coup de chaud ».

Ces dernières semaines, la juge Michon a procédé à trois mises en examen pour « actes de torture et de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».Le lieutenant ……………………., 26 ans, mis en examen le 5 décembre, a été incarcéré à la prison de la Santé, à Paris. Commandant la section, il est soupçonné d’avoir donné un coup de poing en pleine face à la victime, d’avoir vidé ses bouteilles d’eau et d’avoir ordonné qu’il soit molesté pour le forcer à continuer l’exercice. « Le lieutenant a commis des fautes, mais elles n’ont pas suffi à entraîner sa mort. Il y a d’autres responsabilités et une part de fatalité », déclare son avocat, Me Alexandre Varaut. Selon lui, la victime n’aurait jamais dû être affectée à cette section, compte tenu de sa condition physique et de son manque d’entraînement.

Le 17 décembre, la juge Michon a mis en examen un caporal roumain,Adrian Steanu, 24 ans, contre qui un mandat de dépôt a été requis. Son avocat a réussi à  obtenir une simple mise sous contrôle judiciaire:  » Le fait que mon client n’ait pas été incarcéré illustre la hiérarchie des responsabilités », déclare Me Eric Morain, spécialiste des dossiers militaires. L’avocat trouve par ailleurs, que « la qualification des faits est excessive » et insiste sur le fait que les « témoignages sont confus ». Un légionnaire chilien, le sergent Martinez Diaz, a lui aussi été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. Un quatrième homme, un caporalmexicain, est toujours recherché.

Il a fallu que l’Association de défense des droits des militaires (Adefdromil) révèle l’affaire en novembre, pour que l’armée annonce des sanctions disciplinaires et que le parquet saisisse la juge d’instruction. « Ce qui se passe à la Légion nous inquiète », déclare Michel Bavoil, président de l’Adefdromil. »Les légionnaires étrangers que l’on force à prendre une fausse identité n’ont plus d’existence légale, et on les traite comme s’ils n’avaient aucun droit. »

Michel Deléan

Source: Le Journal du Dimanche du 28 décembre 2008 n°3233

Site:  www.lejdd.fr

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