Selon le général Dominique Delort, l’armée de terre, visée par de potentielles réductions d’effectifs, constitue l’atout de l’armée.
En Libye, la première guerre « zéro mort », gagnée sans intervention au sol, laisse parfois croire que le temps des forces terrestres a vécu. Patron de la Saint-Cyrienne (association des élèves et anciens élèves de l’école spéciale militaire de Saint-Cyr), le général Dominique Delort n’est pas du tout d’accord.
Alors que le retrait d’Afghanistan se poursuit, le débat sur le rôle futur de l’armée de terre, et surtout sur son format et ses effectifs, est au coeur des sujets que doit traiter la commission du livre blanc présidée par Jean-Marie Guéhenno. À la lueur de ce départ, des voix encore discrètes se font entendre, qui évoquent une réduction drastique qui ferait passer les forces terrestres françaises de 120 000 militaires d’active (plus 20 000 civils) aujourd’hui à 80 000 militaires – comme l’armée britannique qui doit remplir des missions comparables.
Sur ces points, nous avons souhaité interroger le général de corps d’armée (2S) Dominique Delort. Ancien cavalier issu des troupes de marine, il a commandé le 5e régiment interarmes d’outre-mer àDjibouti, avant de devenir notamment chef du Centre opérationnel interarmées, à l’état-major des armées. Dans sa dernière affectation, il fut commandant de la région terre Nord-Ouest et officier général de la zone de défense Ouest, à Rennes. Il exerce aujourd’hui une grande influence dans l’armée de terre, en raison de sa position de président de la Saint-Cyrienne, l’association des anciens élèves de l’école spéciale militaire de Saint-Cyr, basée au camp militaire de Coëtquidan (Morbihan).
Le Point.fr : La France exécute en ce moment son retrait d’Afghanistan. Quelles conséquences pour l’armée de terre faut-il attendre de la fin de cette mission ?
Dominique Delort : Je n’ai pas été le seul à lire dans vos colonnes les propos recueillis auprès de monsieur Yché, et pas mal d’officiers d’active m’ont fait savoir qu’ils hésitaient entre la sidération et le fou rire. Je ne suis pas aussi sévère qu’eux, mais quand même… La défense est un sujet très sérieux. On parle de stratégie, d’opérations, de capacités. L’art de la guerre, comme tous les autres, exige d’avoir été pratiqué pour émettre une opinion fondée. Je ne suis pas sûr que tous ceux qui s’expriment sur le sujet aient à un moment quelconque de leur vie professionnelle participé, préparé, planifié, contrôlé ou commandé des opérations.
Pour autant, il n’est pas besoin d’avoir commandé au front pour admettre que l’exceptionnelle expérience opérationnelle collective acquise en Afghanistan risque de manquer à l’avenir…
Il est certain qu’un retour d’expérience sera indispensable, pour tous. Les politiques des différents gouvernements ayant engagé et poursuivi cette opération vont devoir être analysées. Il faudra en tirer les enseignements en termes de stratégie, de capacités, de coût budgétaire, de prise de risque. Mais attention ! Il est toujours très difficile de définir à l’avance à quel conflit la….
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