NOTE DE L’ADEFDROMIL
Le rattachement de la gendarmerie au ministère de l’Intérieur sans qu’on ait modifié en profondeur le système de concertation conduit dès à présent à des impasses. La direction générale est à la remorque des syndicats de police et on veut se servir de l’avis du CFMG pour exercer éventuellement des pressions sur les syndicats de policiers.
Cet article du lieutenant e.r Jacky Mestries montre parfaitement les limites d’un système dénoncées maintes fois par notre association.
Mais que sont-ils en train de faire ?
Par Jacky Mestries , officier de gendarmerie e.r
Réunion extraordinaire
Le Conseil de la Fonction militaire Gendarmerie composé de personnels tirés au sort et non élus, et dont la représentation des membres n’est pas proportionnelle aux catégories de personnels est appelé à se prononcer sur des sacrifices que seuls les titulaires du grade de gendarme d’une seule catégorie devraient consentir en échange d’une revalorisation de 2 % de la prime d’indemnité de sujétion de police (ISSP).
Ce faisant, on demande au CFMG de jouer le rôle dévolu à un syndicat sans en avoir ni les moyens et la représentativité.
Les négociations en cours
On propose à cette instance d concertation, dont la composition devient élastique au gré du bon vouloir de la hiérarchie, d’échanger cette revalorisation de prime contre un peu de temps de travail suivant la formule devenue célèbre » travailler plus pour gagner plus « .
Mais voilà, les personnels de terrain estiment qu’on leur propose un marché de dupes, car les temps d’astreinte ne sont comptabilisés. On va donc tout simplement leur retirer le peu de temps libre qu’ils avaient pu grignoter lors des mouvements de 2001.
Pour s’assurer de la docilité du CFMG, pour cette réunion extraordinaire, on injecte dans cette structure, dont la composition est pourtant scrupuleusement décrite par les textes, les chefs de régions de Gendarmerie, qui pourront tout à leur aise peser de leur seule présence sur les récalcitrants.
Ce serait alors une Structure de Représentation adaptée composée de 100 % des gendarmes qui donnerait son avis sur la proposition gouvernementale.
Un ministre embarrassé
Le ministre de l’Intérieur qui vient de signer un accord avec un syndicat minoritaire de policiers, accord qui porte sur ces 2% en échange temps de travail, va voir ses décisions soumises au tribunal administratif car elles sont en opposition avec d’autres accords passés cet été et qui prévoient justement qu’un accord n’est valable que si la majorité des représentants des personnels se prononce en sa faveur..
La solution du ministre
Le ministre devant cet écueil ne baisse pas pour autant les bras. Il y a fort à parier que pour défendre sa position devant le juge administratif, Mme Alliot Marie va faire valoir que l’accord qu’elle a signé dépasse largement les 50 % des personnels touchés par cette mesure en comptabilisant au besoin l’accord total des gendarmes.
Ne pas y aller
Une fois de plus, on utilise les gendarmes à contre-emploi : pour faire pression sur les syndicats policiers.
Il n’existe qu’une seule solution pour se tirer de ce mauvais pas : ne pas honorer la réunion du CFMG de sa présence et refuser ainsi de jouer un rôle dans la politique politicienne d’un ministre de l’Intérieur qui fait peu de cas des intérêts de l’institution.