Polytechnique veut faire payer les pantouflards (Par Benoît Floc’h)

Révolution à Polytechnique. A partir de la promotion 2013, les diplômés qui ironttravailler dans le privé rembourseront leur scolarité, soit maximum 45 000 euros. L’école s’y est engagée le 23 mars en signant avec le ministre de la défense, Gérard Longuet, son « contrat d’objectifs et de performance 2012-2016 ».

La mesure est très symbolique. Alors que le débat sur l’égalité des chances s’enflamme périodiquement, Polytechnique incarne jusqu’à la caricature un modèle endogène d’élitisme républicain. Ses élèves, issus dans leur écrasante majorité de familles de cadres et de professions intellectuelles, y reçoivent une formation gratuite de très haut niveau tout en étant payés (870 euros par mois). Le fait que, après ces études financées par l’Etat, la grande majorité d’entre eux (300 sur les 400 étudiants français) rejoignent le privé apparaît à beaucoup comme une faveur injustifiable.

Ces élèves officiers sont pourtant tenus de travailler dix ans pour l’Etat à l’issue de leur formation. Mais les cas d’exception sont aujourd’hui si nombreux qu’ils peuvent tous s’exonérer de cet engagement sans rien devoir à l’Etat. Le principe nouveau est la généralisation du remboursement. Les modalités sont à définir, notamment en cas de création d’entreprise, mais l’intention est de « revoir ce système pour affirmer de manière plus rigoureuse l’engagement en faveur de l’Etat », explique le général Xavier Michel, directeur de Polytechnique. L’école fait des efforts, insiste-t-il. Certes, elle accueille peu de boursiers, mais le taux progresse : 17 % en 2011 contre 12 % en 2010. Et Polytechnique cherche aussi àattirer davantage de candidats issus de l’université.

L’école de Palaiseau est certes emblématique, mais sa réforme de la « pantoufle » (le fait, pour un haut fonctionnaire, de passer au privé) bouscule un système qui la dépasse largement. L’Etat gère une cinquantaine d’écoles où les élèves fonctionnaires sont payés pour apprendre leur métier : douaniers, inspecteurs desimpôts, statisticiens de l’Insee, conservateurs, magistrats, policiers, greffiers, etc. Cela représente 9 500 personnes, payées entre 1 000 et 1 500 euros net par mois, soit un total annuel de 153 millions d’euros pour l’Etat.

Est-ce illégitime ? Ici s’exprime une tradition très française : la République forme des jeunes pour une fonction publique de carrière. « Quand vous sortez d’un établissement comme l’Ecole nationale des douanes de Tourcoing, vous n’avez pas acquis des compétences pour vous faire débaucher dans le privé », relève-t-on dans l’entourage du ministre de la fonction publique, François Sauvadet. Très peu d’élèves fonctionnaires quitteraient donc l’Etat avant d’avoir accompli leur engagement décennal.

« NEUF ÉLÈVES SUR DIX ENTRENT DANS LA FONCTION PUBLIQUE »

C’est bien ce que mettent en avant les établissements qui, à l’instar de Polytechnique, sont considérés comme des temples de l’élitisme républicain :….

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