Depuis près de 10 ans maintenant, la nouvelle réserve opérationnelle fait partie intégrante du paysage militaire français.En prenant en compte l’évolution du contexte géostratégique, l’émergence de nouvelles puissances et de nouvelles vulnérabilités, la France a entrepris une adaptation majeure de sa stratégie et de son appareil de défense qui place aujourd’hui la réserve militaire au cœur de l’organisation des forces armées.La réserve que j’ai connu en 1975 n’est donc plus la même que celle d’aujourd’hui.Cette intégration à l’armée d’active n’est plus liée à une menace à nos portes. La réserve opérationnelle se détache désormais de l’image de la réserve de l’armée de conscription.I) L’évolution de la réserve en marche : d’une réserve de masse à une réserve professionnaliséeCette profonde rénovation débutée en 1999 doit se poursuivre et s’amplifier en continuant :- d’apporter aux militaires d’active le complément quantitatif et qualitatif nécessaire aux missions tant permanentes que temporaires
– et favoriser le maintien du lien entre la Nation et la Défense.
La politique des réserves, la gestion, les missions doivent s’adapter aux exigences des opérations auxquelles nous devons faire face.
C’est pourquoi il est impératif, et c’est l’objet d’une étude que j’ai confié à l’Etat major des armées pour la fin de l’année, de poursuivre l’adaptation des effectifs et les missions de la réserve aux nécessités de notre temps mais aussi, aux moyens budgétaires que l’on peut y consacrer.
A ce titre, et dans l’attente des conclusions de cette étude, la dotation financière de 2009 est maintenue à 92 millions d’euros (hors gendarmerie) dont 76 millions de rémunérations et charges sociales.
En 2009, il faudra éviter de geler les crédits au-delà du raisonnable.
Il est par ailleurs important de fidéliser et d’attirer de nouveaux volontaires vers une réserve qui est aujourd’hui à l’image du dynamisme et de l’engagement de notre armée professionnelle :
– La réserve militaire s’est rajeunie, la moyenne d’âge des réservistes est de 37.5 ans ;
– La réserve s’est féminisée, on y compte 17% de femmes ;
– La part des jeunes réservistes, issus de la société civile, a sensiblement augmenté pour atteindre près de 40%.
– Le repyramidage des grades, en portant l’effort sur les jeunes sous-officiers et militaires du rang s’est accéléré et se rapproche désormais du pyramidage de l’armée d’active : (22% Officiers ; 41%Sous-officiers ; 37% Militaires du rang).
II) Les évolutions et les priorités concernant la réserve
Loin des 22 000 réservistes volontaires que nous comptions dans les années 2000, nous nous appuyons désormais sur 60 000 femmes et hommes servant sous ESR (engagement à servir dans la réserve).
Cette progression, substantielle et incontestable de la réserve opérationnelle, est l’indispensable garantie face aux défis de demain.
Elle doit se concrétiser par une spécialisation toujours plus poussée, une meilleure formation et intégration dans le dispositif militaire.
Chaque jour, les réservistes apportent un concours essentiel au bon fonctionnement des armées :
– en portant assistance aux populations, par le renforcement des unités d’active lors de catastrophes, tempêtes, inondations ou feux de forêt.
– En assurant la sécurité publique, comme dans le cadre du plan vigipirate.
– En participant aux opérations extérieures comme dans le dispositif Licorne en Côte d’Ivoire.
La prise en considération de menaces, telles que l’hyperterrorisme ou les pandémies, place les réservistes au premier plan en tant qu’acteur de la gestion d’une crise majeure sur le territoire national.
Tout en préservant la singularité de sa vocation, la réserve militaire pourrait exprimer pleinement sa qualité et sa richesse au sein d’une structure interministérielle de renfort opérationnel de gestion de crise, évoquée dans le Livre Blanc de la Défense et de la Sécurité nationale, et dont l’étude de la gouvernance et de l’organisation est à conduire.
La réserve militaire constitue donc pour notre pays une ressource qui doit être utile le moment venu au rebond de notre pays, à sa faculté de résilience après une crise grave.
Si le principe de l’intégration de la réserve aux forces actives empêche d’envisager une conception autonome d’emploi de la réserve militaire, il n’en est pas moins vrai qu’il paraît indispensable de réfléchir aux meilleurs moyens d’assurer une gouvernance cohérente et efficiente.
Améliorer encore l’attractivité des réserves.
L’attractivité et la fidélisation des effectifs ne peuvent en effet s’affranchir d’une significative amélioration de ses modes de gestion.
Si actuellement la loi assure aux réservistes une rémunération identique à celle des militaires d’active, il faut aller beaucoup plus loin.
Les procédures administratives liées à la gestion des réservistes restent encore un frein important à la fidélisation des réservistes.
Doit-on accepter que des réservistes soient défrayés avec plusieurs mois de retard ?
Doit-on accepter de ne pas comprendre les mécanismes d’avancement ou de gestion de leur carrière militaire ?
Il est difficilement acceptable qu’en 2008 la gestion administrative des réservistes ne soit pas au niveau de celle des militaires d’active.
Je compte avancer rapidement sur ce sujet car les règles de gestion des réservistes doivent être claires et surtout le défraiement de leur disponibilité doit pouvoir être immédiat après leurs périodes d’instructions, de manœuvres ou d’engagements opérationnels.
Je m’engage donc à lancer une réflexion dynamique et rapide avec l’ensemble des services pour améliorer les choses dans ces domaines.
Pourquoi donc ne pas étudier le principe d’un « chèque volontariat Nation personnalisé» qui permettrait à chaque réserviste de bénéficier immédiatement du fruit de son travail.
Simple, opérationnel et adapté à chaque situation, il pourrait permettre de faciliter la vie quotidienne des réservistes, de les fidéliser.
Par ailleurs, une meilleure identification des crédits et des lignes budgétaires dans l’architecture budgétaire ne serait pas inutile.
Amplifier le partenariat avec les entreprises
Mais n’oublions pas que la disponibilité et les conditions d’emploi de nos réservistes dépendent en grande partie, de la compréhension et des facilités dont ils bénéficient dans leur environnement professionnel.
L’activité militaire des réservistes doit pouvoir se combiner harmonieusement avec leur activité professionnelle principale.
C’est grâce au concours actif du monde de l’entreprise que nous pourrons construire la réserve disponible et réactive de demain.
C’est la raison pour laquelle le législateur a voulu, dans la loi votée en 1999, puis modifiée en 2006, que soit établi un étroit partenariat entre la Défense et le monde du travail.
L’objectif est bien de réduire ces contraintes tout en prenant en compte les impératifs économiques et professionnels des employeurs et notamment, des TPE et PME.
Afin de poursuivre cette politique engagée avec les entreprises, j’ai signé le 23 septembre une convention avec le président national la confédération générale des petites et moyennes entreprises.
Cette convention s’ajoute aux 200 autres déjà signées qui permettent aux employeurs qui s’engagent en faveur de la disponibilité des réservistes de bénéficier d’un « label partenariat défense ».
Par ailleurs, j’ai demandé à mes services (Secrétariat général pour l’administration) d’examiner les conditions qui permettraient de faire bénéficier les employeurs de réservistes militaires, des dispositions législatives et réglementaires au mécénat, dont bénéficient déjà depuis 2005 certains corps du ministère de l’Intérieur.
Au-delà de ces dispositions, je suis persuadé que les qualités, reconnues par les armées aux salariés réservistes, représentent un atout pour les entreprises.
Le fait d’appartenir à la réserve militaire induit un certain comportement, un « savoir être » qui à l’évidence, enrichit le monde de l’entreprise.
L’esprit d’équipe, le sens des responsabilités, le goût de l’initiative, la discipline, la loyauté, sont des valeurs aussi utiles au sein des entreprises que dans les armées.
Les perspectives de la réserve citoyenne
Mais je pense aussi à nos réservistes citoyens garant de la transmission des valeurs de la Défense et du renforcement de ce lien qui fait notre force.
Véritables relais vers la société civile, ils se situent à la lisière du monde civil et militaire.
Le développement du volontariat, dans la diversité de ces formes est un mouvement général qu’il convient d’encourager.
Ce volontariat peut également jouer un rôle important dans le renforcement de la sécurité nationale comme le préconise le Livre blanc.
La réserve citoyenne constitue, depuis la professionnalisation des forces armées la deuxième composante de la réserve militaire.
Mais la réserve citoyenne pâtit d’un manque de visibilité et de clarté d’objectifs qui lui sont assignés.
C’est pourquoi, je vais très rapidement donner mandat au Conseil Supérieur de la réserve militaire (CSRM) portant sur l’évolution des missions et de l’organisation de cette réserve sur les bases des conclusions du Livre blanc.
La défense de notre pays et de l’Europe ne peut reposer sur ses seules armées. Notre défense et notre sécurité nécessitent l’engagement de tous les citoyens.
C’est pour toutes ces raisons que cette journée est une formidable occasion de vous rendre hommage.
Hommage qui dépasse largement les frontières de notre pays puisque les capitales européennes s’associent aussi à cet événement.
A ce titre, je me félicite de l’initiative portée par des associations de réservistes européens d’être à l’origine de la rédaction d’une charte du réserviste militaire européen.
Je tiens à exprimer ma gratitude à tous ceux qui auront participé à la réussite de la Journée nationale du réserviste placée dans le cadre de la Présidence française de l’Union européenne.
Vous, femmes et hommes, qui constituez notre réserve militaire,
Vous, femmes et hommes, qui êtes des exemples pour notre jeunesse, notre société,
Vous, femmes et hommes, qui avez choisi de consacrer au service de notre pays une partie de votre temps et de vos compétences, soyez remerciés pour votre engagement citoyen et professionnel et pour votre générosité.
Je suis fier de porter à vos côtés ces valeurs, celles qui ont animé les pères fondateurs de l’Europe, celles qui ont permis à notre vieux continent de vivre en paix depuis plus de soixante ans, celles qui vous animent, celles qui nous animent toutes et tous. |