Mais à défendre les droits des militaires lorsqu’ils sont bafoués !
Ce n’est pas tous les jours qu’un colonel comparaît devant le tribunal aux armées de Paris, juridiction compétente pour juger les délits commis à l’étranger.
C’est pourtant ce qui s’est passé à l’audience du 23 septembre dernier.
Les faits sont d’une simplicité affligeante.
Le 25 avril 2005, le caporal-chef Couillard du 8ème RPIMA, déplacé pour une mission de courte durée à Libreville au Gabon, participait à une compétition de natation organisée sous forme de relais par le colonel Bernard Friedling, qui commandait alors le 6ème Bataillon d’Infanterie de Marine. La compétition opposait les personnels de l’état-major aux personnels en mission de courte durée. Alors que le caporal-chef Couillard, dernier relayeur, était sur le point de gagner contre l’équipe de l’état-major, le colonel Friedling a sauté volontairement sur le militaire à pieds joints. Le choc s’est produit au niveau des vertèbres cervicales. Ayant ressenti immédiatement une vive douleur, le caporal-chef Couillard s’est plaint au colonel qui lui a rétorqué que « les parachutistes aujourd’hui sont fragiles ».
Les douleurs persistant après trois jours de repos, un examen par scanner a permis de diagnostiquer une hernie discale provoquée par la lésion du disque C6/C7.
Finalement, quinze jours après l’agression, dont il a été victime, le caporal-chef Couillard a été rapatrié sur l’hôpital militaire Percy où il a été opéré. Il a été ensuite maintenu en congé de longue durée pour maladie. Il a dû quitter les troupes aéroportées et sa carrière militaire est définitivement compromise. Son préjudice personnel est bien évidemment considérable.
Après son opération, le caporal-chef Couillard a découvert avec stupeur que le rapport d’inscription de sa blessure au registre des constatations de l’unité visant à préserver ses droits, relatait les faits d’une manière totalement fantaisiste. Dans ce document signé du 2 mai 2005 par le colonel Friedling lui-même, le caporal-chef aurait été heurté par deux autres militaires non identifiés et l’auteur des faits lui-même se serait jeté à l’eau pour porter secours à Couillard. D’agresseur, il est ainsi devenu sauveteur !
Malheureusement, cette belle version est démentie par trois camarades du caporal-chef Couillard qui ont été témoins des faits et qui ont eu le courage de parler, ainsi que par l’enquête conduite sous la direction du procureur de la république.
Après diverses hésitations et tribulations, le caporal-chef, logiquement meurtri et psychologiquement atteint, a frappé à la porte de l’ADEFDROMIL en 2006.
C’est dans ces conditions que le Président de l’Adefdromil a demandé le 23 Octobre 2006 à Mme Alliot Marie, alors Ministre de la Défense, de bien vouloir ordonner qu’une enquête de commandement de l’inspection générales des armées soit diligentée pour faire toute la lumière sur les violences, dont le caporal-chef Couillard a été victime.
Dans le même temps, le Président de l’Adefdromil a dirigé le caporal chef COUILLARD vers Maître David DASSA LE DEIST, avocat au barreau de Paris, afin qu’une plainte soit déposée.
A l’audience, et devant tant d’évidences, on aurait pu penser et espérer que le colonel Bernard Friedling, saint-cyrien de la promotion Montcalm (1980-82), paraît-il bien noté, ferait preuve de courage, reconnaitrait les faits et présenterait ses excuses au caporal-chef Couillard, qui souffre de graves séquelles et dont la carrière militaire a été ruinée. Hélas, hélas, hélas ! Fidèle à la relation éhontée des faits du rapport circonstancié, il a choisi d’être amnésique : il ne se souvient pas. Et, au mépris de toute vraisemblance, il a fait plaider la relaxe, son avocate allant même jusqu’à prétendre que le caporal-chef Couillard affabulerait et que sa version des faits aurait été arrangée dans l’arrière salle d’un café du commerce (sic).
Tant d’indignité et de mauvaise foi sont difficilement supportables. Et, on est effondré devant un tel manque de courage, une telle absence du sens des responsabilités qui sont en théorie l’apanage des officiers dits supérieurs.
L’affaire a été mise en délibéré au 21 octobre 2008 !
Michel BAVOIL
Président de l’Adefdromil
Lire :
Un colonel poursuivi pour blessures sur un caporal-chef
NB: Dans cet article, le journaliste du Parisien a mal orthographié le nom du vice-président de l’Adefdromil. Il s’agit de Jacques BESSY et non de Jacques Bessis