Nous avons reçu un témoignage d’un militaire servant à la Légion étrangère. Il n’engage que son auteur. Mais ses propos confirment ce que nous connaissons déjà du fonctionnement interne de la Légion étrangère qui constitue un état de non-droit dans les armées françaises et la République. »
La rédaction
Pratiques abusives à la Légion étrangère
En surfant sur la toile, je suis tombé par hasard sur l’article « Légion étrangère : quand les képis blancs broient du noir » publié sur Rue89 le mois d’avril 2008.
Etant moi-même sous-officier de la Légion, j’ai été plutôt surpris par la clairvoyance et l’objectivité de l’article. C’est pour enfoncer le clou, sans vouloir ternir l’image de la Légion étrangère, que je mets en cause la démagogie et l’hypocrisie de la hiérarchie. Les exemples d’abus de pouvoir au sein de l’administration générale et les irrégularités dans la comptabilité sont légion.
J’ai constaté personnellement, en parlant de cette hiérarchie, que la plupart des nouveaux arrivés dans l’Institution, sont d’abord surpris en voyant certaines pratiques interdites ailleurs mais bien existantes au sein de la Légion. Très rapidement c’est la course aux surenchères, avec l’objectif affiché de toujours repousser les limites. Ceux qui n’acceptent pas ces « règles », une petite minorité, deviennent rapidement des parias et d’une façon ou d’une autre, sont poussés à quitter la Légion pour une autre affectation. Pour exemple, un jeune lieutenant arrivé en début d’année est parti sans dire au revoir au bout d’à peine deux mois de présence…
Même les contrôleurs externes, comme ceux du Commissariat de l’armée de terre, préfèrent reculer devant les entorses à la règlementation et appliquer une politique de l’autruche, en considérant sans doute que le poisson est trop gros pour eux…
« De toute façon c’est comme ça. Si vous n’êtes pas content vous n’avez qu’à partir ». Cette phrase est devenue un leitmotiv. De même lorsqu’il y a quelque chose de pas très règlementaire ou complètement hors la loi on vous précise que c’est une « décision du commandement », et tout devient réglementaire comme par miracle.
Le général commandant la Légion étrangère en personne, a décrété que son objectif majeur était le projet « grand musée » (l’agrandissement du musée actuel). Il a donc décidé que l’ensemble du personnel de la Légion devait participer par un « don » de 40,00 euros à cette œuvre. Cette somme, qui à tout l’air d’un impôt révolutionnaire, a été collectée par les régiments et envoyée au Service d’entraide de la Légion étrangère qui a poussé l’hypocrisie jusqu’à donner des « preuves de don » nominatives.
Malgré la grogne montante contre toutes sortes des cotisations « obligatoires » (style CSA, compagnie et autres amicales) en toute contradiction avec le droit de libre disposition de sa solde, la hiérarchie trouve toujours des moyens pour faire pression sur les récalcitrants en employant des menaces à peine voilées ou en multipliant des tracasseries administratives, avec des phrases du style : « rendez-vous aux prochaines notations », « tu peux dire adieu aux prochaines OPEX ou MCD », « tu as un rengagement en cours, n’est-ce pas ? », « tu fermes ta gueule, c’est l’ordre du général », etc….
Toujours concernant le général COMLE qui se pose aujourd’hui en sauveur de « l’âme de la Légion » (un nouveau Messie en quelque sorte), il y a une semaine, lors d’une allocution dans la salle de cinéma de la Maison Mère sur les réformes en cours concernant les nouvelles bases de défense, n’a pas hésité à dire, après avoir énuméré les noms des bons copains qui sont du même avis que lui (les généraux GEORGELIN, VERNA, DARRY), qu’il va « pulvériser tous ceux qui se mettent en travers de son chemin » et qu’avant son départ il compte bien ramasser encore un million d’euros pour le musée. J’imagine que c’est un peu son chant du cygne. Il veut laisser quelque chose pour la postérité, une bonne plaque en marbre, gravée de son nom pour ne pas tomber dans l’oubli et pour que les gens se souviennent de lui… Dans ce cadre, toutes sortes d’activités de propagande sont organisées : des représentations par la Musique de la Légion étrangère, des affiches avec le Général ROLLET, vrai « père de la Légion » dont l’image est détournée en une caricature d’Oncle Sam qui pointe le doigt et dit « Souscrivez au projet Grand Musée »… Une artiste apparemment bien connue, a même réussi l’exploit de se faire transporter ses œuvres de Paris à Monaco et retour, à titre gracieux par du personnel militaire et en utilisant du matériel de l’armée. Ceci bien sûr n’a pas été fait dans le but de renforcer le lien Armée – Nation mais bien pour mettre un pied auprès des donateurs potentiels plus aisés de Monaco. A ce titre, cette brave dame s’est bel et bien commandé une robe aux couleurs de la Légion, avec les économies qu’elle a réalisées sur le transport de ses œuvres. Les apparitions d’un chanteur lors de différentes représentations, ventes aux enchères etc.. sont bien connues également.
L’équipe de cross de la Légion étrangère, l’ATHLEG, est là aussi pour « porter très hautes les couleurs de la Légion ». Recrutés en réalité juste pour leurs qualités physiques de très bons coureurs, ces athlètes légionnaires occupent des postes fictifs au DUO, participent à toutes sortes de concours régionaux et nationaux, voir internationaux. Quand ça leur arrive de se bien situer dans un classement et de gagner une somme quelconque d’argent, ils sont obligés de la rendre sous forme de « don » au profit toujours du SAMLE.
Dans cette période de restructuration et de réforme de l’Armée, personne ne se préoccupe vraiment de ce qui se passe réellement à la Légion. Les priorités étant ailleurs, ces pratiques ont encore de l’avenir devant elles. Et peut être que ceux qui sont là pour empêcher que cela arrive, sont trop dépendants de la hiérarchie eux aussi (le cas des OSC par exemple). la seule chose qui leur reste à faire c’est de s’aligner sur la politique du parti et de suivre le « Guide suprême ».
Pour les mécontents, le plus souvent mal informés et conseillés, même quand ils sont prêts à témoigner, ils ne sont pas entendus ou pris au sérieux. Il n’existe aucune action contre ce type de pratiques, et ils doivent se résigner à quitter la Légion le plus souvent avec un pédigrée taillé sur mesure, loin d’être objectif et impartial.
Personnellement, je ne pense pas qu’une action d’envergure puisse être menée dans ces cas, Je constate amèrement que la justice est de plus en plus bafouée dans nos rangs.
Vive la Légion et vive la France !
MARK YVES
Lire :
la légion hors du temps, la légion hors la loi
Statut des légionnaires: le Président de l’Adefdromil intervient
Cette publication a un commentaire
Ancien Sous-Officier de Légion, en retraite et totalisant 18 ans de service au sein de l’Institution de 1984 à 2002, je reconnais que MARK YVES n’a pas tort dans ce qu’il nous dit. La Légion à, et à toujours eu depuis son existence, un mode de fonctionnement particulier et à part de l’Armée Francaise en général. Que ce soit l’utilisation de la » pelote « , les arrets de rigueurs avec ses activités sportives ( abolies normalement de nos jours ) ainsi que le type de commandement un peu rude des Sous-officiers, voir parfois leur indifference envers les subordonnés. Les cotisation « volontaires » obligatoires étaient égalements à mon époques une chose courante. Mais il faut admettre que, en regle générale, la Légion est dévoyé par ceux qui la commande. Malheureusement si, il y a 30 ou 40 ans en arriere les meilleurs des officiers venait à la Légion pour la servir ce n’est plus le cas actuellement. Se servir de la Légion serai plutot le mot d’ordre pour la plupart. Il est doux de commander à la Légion, les hommes executeron de toute façon, nul besoin d’etre charismatique et competant. Peut d’officiers se sentait à l’aise parmis les appellés.La faute en revient aussi au sous-officiers qui ne penses plus qu’a leur carriere et à leur prochain séjour en disant Amen à tout ordre, meme le plus inepte, du moment que cela sert leurs interets. La Légion n’a pas changée, les légionnaires non plus, seul leur encadrement est en défaut et pourri le fruit. Cela est bien dommage.
J’aime la Légion et je n’est jamais craché dans la soupe, grace a elle je suis devenu quelqu’un, mais il est bon de faire certains constats. HAREL
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