Le futur centre de décision de la Défense française se retrouve au cœur d’une enquête judiciaire destinée à faire la lumière sur d’éventuelles fuites qui auraient bénéficié au groupe Bouygues.
En 2008, l’État avait pris la décision de regrouper sur un même site tous ses centres de commandement et de décision disséminés dans Paris. Selon le ministre de la Défense de l’époque, Hervé Morin, cette décision a été prise pour gagner en efficacité et pour réaliser des économies. Actuellement, les militaires sont répartis dans des dizaines de lieux parisiens plus ou moins prestigieux.
Le site de Balard, dans le XV e arrondissement, a été choisi pour abriter ce « Pentagone à la française », comme l’ont surnommé militaires et journalistes, en référence au centre névralgique de la défense américaine.
L’État a lancé un appel d’offres pour trouver l’opérateur privé qui permettrait de mener à bien ce projet, tout en partageant les frais financiers. Ce partenariat public-privé est censé financer un chantier dont la construction est évaluée à 720 millions d’euros.
Trois entreprises françaises se sont disputé le marché : Bouygues, Eiffage et Vinci. Le premier a remporté la mise au début de l’année, mais aujourd’hui on s’interroge sur les conditions réelles de l’attribution.
Un haut responsable suspecté
Mercredi, Le Canard Enchaîné révélait que deux juges d’instruction ont été nommés pour enquêter sur ce dossier. L’information judiciaire pour corruption et « avoritisme a démarré en novembre 2010, quand les policiers de la Division nationale des investigations financières ont été alertés. Une fuite émanant d’une personne « particulièrement bien informée » affirmait que Bouygues aurait « eu accès avant ses concurrents, et peut-être de manière frauduleuse, au cahier des charges du marché ». Toujours selon Le Canard Enchaîné, « un haut responsable du ministère de la Défense est suspecté d’avoir transmis ce cahier des charges à un cadre dirigeant de Bouygues ».
Un entrepreneur, déjà connu « pour des faits de corruption » aurait joué les intermédiaires, assure Le Canard.
Bouygues réfute ces accusations et répond qu’à « sa connaissance, aucun élément délictueux n’a marqué le déroulement de cette consultation qui a été conduite avec beaucoup de rigueur ».
L’actuel ministre de la Défense, Gérard Longuet, affiche « une sérénité totale » et affirme que cette information judiciaire ne bloquera pas le projet. Les premiers militaires doivent s’installer du côté de Balard fin 2014. Jeudi, le ministère a déclaré qu’il n’était pas officiellement informé de cette enquête.
Lors de l’examen du budget 2012 par le Sénat, Jean-Marie Bockel, rapporteur de la commission défense, avait déclaré qu’ « aucun des concurrents ne conteste la régularité de la procédure », bien que « ce projet de regroupement de l’administration centrale à Balard donne lieu à de très nombreux échanges d’arguments contradictoires et, parfois, à des polémiques ».
Les socialistes, eux, dénoncent « l’inquiétante opacité » qui entoure selon eux ce projet. Ils rappellent que…
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