Quand on passe à deux cheveux de la mort, les perspectives changent. On apprécie encore plus les petites choses de la vie et on s’en fait moins avec les mauvaises. Depuis quatre ans, le caporal Serge Haché prend le temps de profiter de tous les bonheurs que lui apportent sa famille et son métier de militaire. Car il s’en est fallu de si peu pour qu’il passe l’arme à gauche…
Ce conducteur de camion militaire originaire de Tracadie-Sheila pense à tous les jours à cette soirée du 6 octobre 2007. C’est impossible à oublier parce que c’est la date d’anniversaire de l’une de ses f illes. Et aussi parce qu’il a failli figurer sur la liste noire des 160 et quelques militaires canadiens tués en Afghanistan.
Ça ne faisait que deux mois et demi qu’il en était à sa première mission au pays des talibans, lui qui en a pourtant vu d’autres avec trois séjours en Bosnie-Herzegovine.
Son convoi est entré dans un petit village vers 21h. Il faisait noir. Impossible donc de repérer tout signe de danger au loin. Tout à coup, le premier camion est attaqué, rapidement suivi du deuxième. Puis, le choc. Un projectile atteint avec puissance son véhicule du bord du conducteur. Les éclats d’obus aussi tranchants que des lames de rasoir se dirigent dans toutes les directions. Un atteint son bras gauche et va se loger près de l’omoplate. L’artère brachiale est coupée et Serge se vide rapidement de son sang. Deux litres en quelques minutes à peine. Puis, par il ne sait quel miracle, la plaie cesse de saigner pendant que la riposte alliée vient rapidement les aider à se sortir de ce merdier.
Sur le coup, il n’a rien senti. L’adrénaline au plafond, il ne pense qu’à se mettre à l’abri des tirs ennemis en attendant les secours. L’instinct de survie et des années d’entraînement font le travail, comme il dit. Ce n’est que le lendemain, lorsque le médecin l’informe de la gravité de sa blessure, qu’il comprend qu’il aurait très bien pu y rester.
«Tout arrive très vite. Je ne peux te répondre ce que j’ai ressenti. C’était si bizarre. Je n’ai pas eu peur de mourir. Quand j’ai vu que je bougeais les mains et les pieds, je savais que j’allais survivre. J’ai commencé à trembler une couple d’heures après être arrivé à l’hôpital. Quand les médecins m’ont dit le lendemain que j’avais eu l’artère coupée, je suis sorti de l’hôpital et je suis allé fumer un demi-paquet de cigarettes en une demi-heure. Ç’est là que j’ai eu le plus peur. Apparemment que le morceau de métal était tellement brûlant qu’il aurait cautérisé l’artère. Mais quelqu’un en haut a dû aider, c’est certain», admet-il en confirmant que l’objet est encore là, près de son épaule.
Pour quelqu’un qui a failli mourir au combat, le jour du Souvenir revêt une signification bien différente aux yeux de Serge Haché. Avec juste un peu moins de chance, son nom se retrouverait maintenant sur le cénotaphe en face de l’église, comprend celui qui a reçu la médaille du Sacrifice en raison de sa blessure en sol afghan.
«On pense toujours que ça va arriver aux autres. Aujourd’hui, je suis presque l’un d’eux. C’est très touchant d’assister à ces cérémonies, car je connais des gens qui sont décédés au combat. Quatre ans plus tard, mes pensées n’ont pas changé. Je pense toujours aux familles, aux femmes ou aux enfants qui ont perdu un garçon, un mari ou un père à la guerre. J’y pense tous les jours. Je me considère béni d’être encore ici aujourd’hui, avec ma femme et mes trois filles. Suis-je chanceux? Absolument!»
Durant les deux années qui ont suivi, le soldat a fait régulièrement des cauchemars dans son sommeil. Il a consulté aussi. Puis, les choses se sont tassées par elles-mêmes. Maintenant, il donne des conférences dans des écoles pendant la Semaine des anciens combattants en tenant notamment dans ses mains une pièce de métal à peine plus grosse qu’un 2 $, mais aux rebords si tranchants qu’elle peut transpercer un homme. Une pièce semblable à ce qui l’a atteint après l’explosion.
«Je sais que j’aurais pu être un des morts sur le cénotaphe. Aujourd’hui, je sais que je ne suis pas sur ces plaques. Chaque 6 octobre, ça me ramenait beaucoup d’images, mais là, je le prends plus calmement», avoue-t-il.
Le caporal a d’ailleurs reçu de nombreux hommages de la communauté lors…
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