L’Association de défense des droits des militaires a reçu un appel angoissé de la mère d’un jeune militaire désigné pour partir en Afghanistan. La publication de cette lettre n’a pas bien sûr pour but de lancer un appel aux familles de militaires pour qu’elles se manifestent sous une forme ou sous une autre contre l’intervention française en Afghanistan.
Elle permet cependant à l’Adefdromil de rappeler aux familles des militaires engagés sur les théâtres d’opérations extérieures certaines vérités ou certains points qui nous paraissent essentiels tant ils semblent perdus de vue. On peut comprendre la peur, on peut admettre la colère mais on ne peut pas cautionner la remise en cause de l’éthique et du devoir du soldat car :
1. Les militaires doivent obéissance aux ordres de leurs supérieurs et sont responsables de l’exécution des missions qui leur sont confiées. Ils n’ont pas à juger de l’opportunité de la mission confiée par le Président de la République et le gouvernement en Afghanistan. C’est l’attitude qu’ils ont en Afghanistan et sur tous les territoires où ils sont présents: ils ne portent aucun jugement de valeur sur la mission confiée. Laissons les accomplir leur mission en toute sérénité et évitons tout débordement et management compassionnel qui ne peuvent qu’avantager l’adversaire!
2. C’est le devoir de tout officier, sous-officier ou militaire du rang de défendre les intérêts supérieurs de la France partout où ils sont menacés. Ce devoir s’accomplit en tout temps et en tout lieu donc y compris en Afghanistan. N’a pas sa place au sein des armées celui qui tenterait d’échapper à sa désignation par un subterfuge ou un quelconque piston!
3. L’état militaire exige en toute circonstance esprit de sacrifice, pouvant aller jusqu’au sacrifice suprême, discipline, disponibilité, loyalisme et neutralité. Il est stupéfiant de constater que certaines familles de jeunes militaires découvrent qu’un soldat peut mourir jeune. Par définition un soldat est jeune et doit être jeune. C’est pourquoi des limites d’âge et des limites de durée de temps de service ont été fixées par la loi.
4. Les candidats à l’engagement ont été avertis par deux fois avant d’être incorporés qu’ils pouvaient être désignés pour servir sur tout territoire où des troupes françaises sont stationnées ou seraient envoyées. Une première fois, dès l’ouverture du dossier d’engagement initial, une seconde fois, au moment de la signature du contrat. L’engagé de moins de 18 ans et non émancipé s’est engagé, avec l’autorisation du représentant légal. En conséquence, tout le monde savait à moins que l’officier recruteur n’ait pas fait son travail.
5. Dans les six premiers mois de son contrat initial, l’engagé peut dénoncer son contrat en adressant par la voie hiérarchique à son chef de corps sa requête. Dès sa réception le chef de corps prend toutes dispositions utiles afin que l’intéressé soit reçu pour un entretien par une autorité. A l’issue de l’entretien, l’engagé dispose d’un délai de réflexion de quinze jours. Si, passé ce délai, celui-ci confirme sa volonté de dénoncer son contrat d’engagement, le chef de corps établit une décision de radiation des cadres et l’engagé est immédiatement rendu à la vie civile. C’est donc en toute connaissance de cause que les jeunes militaires restent au sein des armées et sont désignés pour partir en opération extérieure.
6. Indépendamment des droits statutaires conférés aux militaires accidentés ou décédés en service et tirant les enseignements des cas dramatiques qu’ils ont eu à connaître durant leur temps de commandement, il est normal que les chefs de corps veillent à préserver au maximum les intérêts des militaires et de leurs familles. Dans ce cadre, ils incitent les militaires désignés pour des opérations extérieures à souscrire une assurance décès, à bien réfléchir au bénéficiaire de celle-ci, à rédiger un testament, à vérifier le nom, l’adresse et le numéro de téléphone de la personne à prévenir en cas d’accident etc… En 2006 une procédure comprenant l’ensemble des actions à réaliser dans le cadre des départs en opérations et mission de courte durée a été mise en place et une plaquette diffusée. De même, dans toutes les Unités, des dispositions sont prises par la base arrière pour qu’assistance soit portée dans tous les domaines aux familles des militaires engagés en opération extérieure. Très souvent, c’est l’épouse du Chef de corps qui intervient auprès des épouses en difficulté.
7. Si la mort d’un jeune soldat au combat est toujours très douloureuse pour sa famille, ses proches, ses camarades et ses chefs, il faut bien admettre que très peu de soldats décèdent en opérations extérieures. C’est le signe que nos soldats sont bien formés ce qui est plutôt rassurant. A titre d’information, 1345 jeunes de 0 à 24 ans sont morts sur les routes françaises en 2007…pour la majorité, sans aucun rapport direct avec leur métier!
8. Enfin, si le militaire n’a pas à discuter la légitimité d’une intervention (en Afghanistan ou ailleurs), sa famille, elle, aime bien savoir pourquoi il risque de se faire tuer. Il appartient donc aux hommes politiques d’expliquer très clairement en quoi notre présence est justifiée ou utile en tel ou tel point du globe. La défense des droits de l’homme est un raccourci qui ne suffit visiblement pas à cette mère de militaire angoissée. Souhaitons que nous en sachions un peu plus le 22 septembre 2008 lors du débat à l’Assemblée Nationale…
Michel BAVOIL
Président de l’Adefdromil
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