Képis, casquettes, égalité, fraternité…

Pour faciliter leur « rapprochement », Sarko a commandé, le 29 novembre 2007, aux directions générales des deux corps un rapport intitulé « police-Gendarmerie, vers la parité globale au sein d’un même ministère ». Tout un programme qui détaille, jusqu’au moindre bouton de guêtre, les écarts de « statuts » entre les képis et les casquettes.

Ce sont les gendarmes qui remportent la médaille du sarkozisme. Comparés à leurs collègues policiers, ils « travaillent plus et gagnent plus ».Il faut dire que, logés sur place, ils ne perdent pas de temps dans les transports, comme ne manquent jamais de le souligner les syndicats de policiers. En 2007, ces bons élèves ont ainsi travaillé 208 jours, dont 42 à 44 samedis ou dimanches. Les gendarmes mobiles se tapent 230 heures de plus que les CRS à taper sur les manifestants ou à s’entraîner. Les policiers, eux, plafonnent, dans le meilleur des cas, à 197 jours travaillés, sans en foutre une rame le week-end (sauf en cas de – rare – permanence),. Forcément, ça se ressent dans le porte-monnaie. Celui des gendarmes – quel que soit leur grade – est un peu plus garni que celui des flics. Le militaire de base touche en moyenne 1949 euros par mois. Son homologue policier se contente de 1845 euros. Soit une différence de pouvoir d’achat de 5,6%. Chez les officiers (lieutenants, capitaines…), l’écart passe à 3% et retombe à 2,4% chez les grands chefs. Si « aucun déséquilibre majeur n’apparaît clairement, constatent les rapporteurs, les militaires de la gendarmerie sont un peu mieux rémunérés…Mais les policiers progressent plus rapidement ».

Battre en retraite

Mieux payés, travaillant plus, les militaires peuvent aussi faire valoir leur droit à la retraite plus tôt (après quinze ans de service pour un sous-officier, contre vingt-cinq dans la police). Et cumuler leur pension avec un emploi. Ce qui est interdit aux poulets. En revanche, ces messieurs-dames de l’intérieur peuvent partir après la limite d’âge théorique (de 55 à 60 ans, selon les grades) et ainsi bénéficier d’une majoration de pension.

Côté breloques, les pandores peuvent bomber le torse : en 2006 et 2007, 256 d’entre eux se sont vu épingler la Légion d’honneur sur leur uniforme, contre 51 keufs seulement. Pour le ruban bleu du Mérite, ils font encore plus fort : 587 gendarmes, pour 101 flics, ont eu droit à « l’eau froide », ainsi appelée par opposition à la rosette, alias « l’eau chaude ». Malgré cela, les rapporteurs insistent beaucoup sur une « forme d’équilibre global » entre flics et gendarmes. Ils ne notent « aucun déséquilibre majeur » entre les deux camps. A se demander pourquoi ils se tapent sur la gueule ?

                                                                                                                             Didier Hassoux

Source : Le Canard enchaîné du 13 août 2008

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