L’ETAT-MAJOR ne doutait pas que, un jour ou l’autre, l’engagement français se paierait cher en Afghanistan. Les 18 et 19 août, dix soldats du 8° régiment de parachutistes de l’infanterie de marine (et du Régiment de marche du Tchad) ont été tués, 21 blessés, et cinq petits blindés détruits lors d’un accrochage avec les talibans. Sarko s’est rendu sur place.
Si l’on ajoute les récentes attaques contre une base américaine, l’Elysée et les alliés européens peuvent s’attendre à des demandes insistantes de Washington pour l’envoi de nouvelles troupes et d’avions à Kaboul. Le général McNeill, le patron américain des forces alliées sur place, ne l’avait pas caché à ses interlocuteurs français, en avril dernier. A l’en croire, et il méritait de l’être, cru, les mois suivants allaient être « actifs », ce qui, dans le jargon militaire, peut se traduire par « été meurtrier ».
Ce pessimiste affirmait notamment que de nouveaux combattants venaient régulièrement renforcer les talibans, via les frontières passoires avec le Pakistan. Après bientôt sept ans de guerre américaine et alliée, voilà qui n’est pas à l’honneur des politiques qui ont jeté quelque 70 000 hommes dans ce guêpier.
Le 2 juillet dernier, l’amiral Michael Mullen, patron de toutes les armées US, réclamait à ses alliés (britanniques, allemands, italiens, français, etc.) davantage de blindés, d’avions, d’hélicos et de chair fraîche. Comme si cette guerre n’était pas impossible à gagner.
La presse afghane décrit parfois fort bien le spectacle local. « Des députés soutiennent trafiquants de drogue et terroristes (…), et la police prélève des droits sur ces trafiquants », écrit « Armani Melli » (7/8). Selon le même quotidien, « un million et demi d’Afghans dépendent de la drogue ». Mais ils ont beau temps…
(Extrait Le Canard enchaîné du 20 août 2008)