Le 26 octobre, Messieurs Michel Gaudin et Alain Bauer ont mis fin à leur mission en remettant un document appelé « Le livre Blanc sur la Sécurité Intérieure » au Palais.
Il n’est pas inutile de présenter le chef de la police Parisienne Michel Gaudin ni Monsieur Alain Bauer.
Michel Gaudin, homme honorable s’il en est, est avant tout un énarque qui, comme tous les flics au pouvoir est passé par le département des Hauts de Seine 1988. Il est acteur d’une parcelle de gloire du Président avec l’affaire de la maternelle de Neuilly qui a participé à sa propulsion à la direction de la police en 1995.
Après un passage dans le Gard en 1998, il revient dés le retour de Sarkosy en 2002 comme Directeur Général de la Police Nationale et co-animateur avec Alain Bauer de l’observatoire national de la délinquance.
Préfet de police de Paris, c’est probablement l’homme le plus important de la région parisienne si nous comptons les hommes en arme ( pas loin de 30 0000 policiers ) sous ses ordres, et le flux de renseignements qui parvient à sa connaissance.
Le Monde le qualifie de cheville policière de Sarkosy.
Tout cela est fort bien résumé sur Wikipédia.
Nous constatons également que ce personnage important a méticuleusement expulsé les unités de gendarmerie de la région parisienne pendant que d’autres s’assuraient du parfait fonctionnement de la hiérarchie judiciaire.
Ces mesures devaient être complétées par la suppression des juges d’instruction, mais l’opposition a été trop forte dans le monde judiciaire et le projet a été repoussé.
Nous constatons qu’il ne s’agit plus d’un haut fonctionnaire, mais d’un homme politique.
Il ne peut être écarté de toutes les mesures qui ont été prises depuis 2002 en matière de sécurité et à ce titre peut être considéré comme co-responsable de la situation actuelle.
Le voilà aujourd’hui venir nous expliquer ce qu’il faut faire dans un livre blanc pour la sécurité.
Tout aussi honorable, Monsieur Alain Bauer, homme de la sécurité privée , chef d’entreprise dans le Colorado propose ses services dans le domaine de la sûreté urbaine..
De Boston à la RATP, il propose ses solutions pour assainir les transports urbains.
Universitaire, il est enseignant à Paris, mais également au sein d’institutions comme l’école des officiers de gendarmerie, l’école de la magistrature et de la police.
Bref, une pointure qui avait pris le soin de nous préciser qu’il demeurait en France. De notre côté, nous ajoutons que notre pays ne peut que se féliciter de produire des hommes de sa qualité ayant un tel rayonnement.
Cependant, en bon gaulois, il doit accepter quelques critiques même si elles proviennent de gens modestes et incultes qui toutefois ont pratiqué la délinquance autrement que dans des livres.
A l’évidence, c’est à l’homme de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et l’Egalité ou de la Commission nationale consultative des droits de l’homme qu’il est fait appel pour asseoir ce Livre Blanc.
Ces deux personnalités ont été assistées par la direction de la police et de la Gendarmerie pour la rédaction de ce livre blanc.
Autant dire que nous sommes face à un véritable programme gouvernemental pour la sécurité de demain.
Passons outre, lançons nous dans ce document non militant, au contenu objectif !!!
AVANT-PROPOS :
Tout bien pesé, la lecture de l’avant-propos donne une idée assez précise des orientations destinées aux groupes de travail et qui définissent la politique de demain en matière de sécurité pour ce gouvernement s’il était reconduit l’an prochain.
L’intégration de la gendarmerie dans un unique service de sécurité est acceptée par ses autorités. Simplement, nous passons à la phase deux de la disparition de la Gendarmerie Nationale.
Notons que Terra Nova, de l’autre côté, politiquement parlant, est du même avis. Nous apprendrons cela la semaine prochaine dans le document qu’elle va présenter, car au delà des mots, il y a des faits.
Les gendarmes doivent savoir qu’aujourd’hui, le problème auquel ils sont confrontés, ce n’est pas la défense d’une institution multi séculaire, la classe politique dans son ensemble en a fait son deuil, mais bien de vivre avec un statut différent aux côtés de policiers auxquels le pouvoir ne refuse aucun avantage. Si alternance il y a, le problème ne changera pas.
Cependant, encore une fois, personne n’ira jusqu’au fond des choses et n’osera dire :
Il n’y a aucune raison que les gendarmes soient les dindons de la farce ….
Il n’existe plus aucune raison que la gendarmerie départementale reste militaire. Il faut la démilitariser.
Nous oserons le dire ici, et je dois avouer que nous en avons longuement parlé avec les responsables de l’adefdromil. Nous nous sommes résolus à abandonner tout espoir. Si nous n’avions pas cette honnêteté intellectuelle minimale, vous pourriez nous le reprocher.
Ce qu’en pensent les gendarmes, nous en avons une idée par des « prises de pouls » que nous avons organisées sur nos sites qui ne démentent nullement un « sondage » proposé il y a deux ans sur le forum Gendarmes et Citoyens.
Il y a longtemps, en fait, que la population gendarmerie a assimilé ce fait malgré les affirmations péremptoires de ses chefs.
Les dirigeants en ont parfaitement conscience aussi c’est sans état d’âme qu’ils poursuivent leur tâche d’intégration totale., Nous ne pouvons que leur reprocher la longueur de l’agonie.
Reste à savoir qui, en dehors de toute raison, qui malgré le préjudice causé aux équilibres de nos institutions, réunit la classe politique dans cette unanimité. Les intérêts en jeu susceptibles de ne vouloir qu’une seule police nous échappent. Elle n’est pas économique, il faut deux policiers pour le temps de travail d’un gendarme.
Dans ce contexte, nous comprenons mieux que le livre de Jean-Michel Méchain « Qui veut la peau du colonel » soit sur la liste noire, comme au bon vieux temps de la censure et que les médias ne prennent pas le risque d’inviter cet homme de valeur.
Nous comprenons mieux que La Grogne ne soit pas accessible depuis les ordinateurs des gendarmes, comme au bon vieux temps où c’était Le Canard Enchaîné qui était interdit dans les brigades. C’est bien trop d’honneur qu’on nous fait que de nous ranger à côté de cette presse prestigieuse.
Nous verrons cependant si l’actualité, si les faits qui sont portés à notre connaissance journellement, si les scandales qui ne font que commencer ramèneront les décideurs à la raison . Je ne parle pas de la volonté populaire, nous savons qu’elle n’a aucune importance et j’ignore un drôle de lobbying à Washington.
Vous comprendrez, que c’est avec cette lecture que nous lisons ce livre blanc.
Les Gendarmes vont être contents d’apprendre que les augmentations d’effectifs ont servi à réduire leur temps de travail. Rappelons que la cour des comptes fixe leur temps consacré à leur administration à 15 heures 51 par jour.
Le livre blanc commence bien. Il considère que gendarmes et policiers, c’est la même chose et que les instances de concertation sont équivalentes aux syndicats policiers.
Nous ne sommes pas loin de la malhonnêteté intellectuelle lorsque nous lisons une telle présentation à destination du public et des élus.
Ce n’est pas fini, messieurs les gendarmes, je vous apprends qu’on vous rachète des journées compensatoires ou que l’on vous paie des heures supplémentaires.
Pas étonnant pour un document signé par un policier. Nous ne demanderons pas à Bauer la moindre expertise sur la gendarmerie. Il n’en a, je pense, d’ailleurs, aucune prétention.
Six enjeux cruciaux :
1. Sécurité quotidienne, présence et visibilité sur la voie publique, relations police-population et accueil des victimes et du public.
Quelques banalités sur l’occupation du terrain, la présence visible des forces de l’ordre et l’accueil du public amènent le sujet. Comme le dit le Général Philippot, la modernité, c’est de prendre des recettes appliquées par la gendarmerie depuis quatre siècles..
Au passage, policiers et gendarmes devront apprendre le « discernement ». J’appelle cela écrire pour ne rien dire.
Voilà une notion qui mérite largement d’être expliquée par les auteurs du Livre Blanc. J’ai peur de comprendre que les policiers et les gendarmes manquent de discernement. Nous ne sommes pas loin de la maladie ou insuffisance mentale. Je penche pour une autre solution : le trop de suffisance des auteurs.
2. Investigation judiciaire, procédure pénale et police technique et scientifique.
Le couple d’auteurs nous invite à une réforme de la procédure pénale pour renforcer les droits de la défense. La garde à vue est dans le viseur semble-t-il, mais pas loin derrière, je crois y deviner, les perquisitions. Plus largement, je pense que la procédure du flagrant délit va être mise sur la sellette dans les années à venir.
Le tout « police technique et scientifique » appelle quelques réserves aux auteurs du Livre Blanc. Je ne peux que les encourager à maîtriser la tendance actuelle, qui si elle fait le bonheur des laboratoires spécialisés, fait passer au second plan l’essentiel d’une enquête qui est et restera la compétence de l’O.P.J. à interpréter les éléments recueillis.
3. Organisation territoriale de la sécurité publique.
Ne cherchez pas. Il n’y a plus deux forces de sécurité sur le territoire, mais une seule force à deux visages, l’une pour la ville, l’autre pour la campagne. Il faut être clair. Demain le commandement sera totalement intégré.
Nous en voyons les résultats quotidiennement dans la presse aujourd’hui, et je me fais grand devin en vous prédisant que les surprises ne sont pas finies.
C’est la doctrine imposée qui est fautive, le système présenté comme le seul valable qui est en défaut, pour la simple raison que les hommes resteront les hommes.
Sur le papier, dans la théorie, le système semble pertinent, mais son application est unique. Aucune autre démocratie n’a adopté un tel système. Il doit bien y avoir une raison.
Cependant, je pense que l’avenir est dans la régionalisation de la police nationale et que sa fragmentation s’imposera. Aujourd’hui déjà, comme l’éducation nationale n’est pas dirigée par son ministère, les gens sérieux vous expliqueront que la sécurité n’est pas dirigée par le ministère de l’intérieur, mais par les syndicats policiers. Cette situation sera vite constatée comme intenable par la représentation nationale. Il n’y a qu’à attendre l’homme politique d’état qui aura le courage de le dire et de passer aux actes.
Le livre blanc prend en compte la décision du conseil constitutionnel en ce qui concerne les polices municipales. Leurs missions ne doivent pas varier. Ce livre s’aligne aussi sur le rapport de la Cour des Comptes en ce qui concerne une harmonisation de leur emploi dans une doctrine définie.
4. Enjeux et perspectives du renseignement de sécurité publique.
Avant d’aller plus loin, gardons à l’esprit que des organisations paysannes sont arrivées à couvrir le seuil du palais de l’Elysée de paille dans l’ignorance des services de renseignements, avec les réformes vécues ces dernières années, ce qui n’était jamais arrivé, et que le directeur du renseignement est mis en examen pour des coquetteries avec les procédures républicaines. Ajoutons à cela que les procédures en cours sont subies et que l’inspection de la Police a été inefficace pour protéger la légalité semble-t-il.
Ne cherchez pas de nouveauté ou des propositions destinées à rétablir la situation, il n’y en a pas.
5. Moyens spécialisés, intervention, anti-criminalité et ordre public.
Cette fois-ci, le retour en arrière est évident. Nous nous dirigeons vers le dé tricotage des forces d’intervention et des forces mobiles.
L’idée est simple comme un bonjour, « comment n’y avons-nous pas pensé avant » doivent se dire les grands savants.
Je reste admiratif devant des intellectuels de cette trempe.
Pour résumer ce coup de génie : Escadrons et CRS sont coupés en morceaux pour un emploi local et au besoin, on les recompose en cas de troubles.
Sauf que cela ne….
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