Rwanda : des soldats français de nouveau accusés de viols (Par Thomas Vampouille)

C’est une douloureuse affaire qui dure depuis 17 ans. Après le génocide de 800.000 Rwandais en 1994, la France s’est trouvée placée au banc des accusés. Pour son manque de réaction d’abord, pour ses relations ambiguës avec le pouvoir génocidaire ensuite, pour les exactions supposées menées par ses soldats lors de l’opération Turquoise enfin. Les témoignages de deux Rwandaises, publiés mercredi dans le mensuel Causette, alimentent ce dernier volet : les deux femmes affirment avoir été violées par des militaires français. Sans avoir osé aller en justice, elles corroborent les accusations de trois autres Rwandaises qui ont porté plainte en 2004 devant le Tribunal aux armées de Paris.

Le camp de réfugiés de Nyarushishi cristallise la plupart des accusations. Situé dans l’extrême sud-ouest du Rwanda, il était placé à l’été 1994 sous la protection des militaires français envoyés dans le cadre de l’opération Turquoise. Mais une des déplacées tutsies qui s’est confiée à Causetteraconte y avoir été violée à plusieurs reprises par certains de ces hommes censés veiller sur elle. La dernière fois, trois soldats s’en sont pris à elle : «Ils m’ont fait les pires choses, je hurlais pour que quelqu’un m’entende. Quand ils sont partis, j’étais presque morte».

En 2004, les trois Rwandaises qui s’étaient présentées devant la justice française faisaient des récits similaires. «Ils rentraient dans les tentes pour prendre des jeunes filles (…) On étaient violées parfois par plus de dix militaires, avec une telle violence. Comme des animaux», ont-elles raconté récemment au site Rue89. Elles vont plus loin dans leurs accusations : selon elles, ils s’agissait de viols systématiques et dirigés contre les femmes d’ethnie tutsie. C’est à ce titre que leur avocate, Me Laure Heinich-Luijer, a obtenu que ces viols soient qualifiés de «crimes contre l’humanité».

Possibilité de «fautes individuelles»

Du côté du commandement militaire de l’époque, on réfute totalement avoir eu connaissance de tels actes. «On ne peut pas assurer qu’il n’y ait pas eu des fautes individuelles», admet au Figaro le général Didier Tauzin qui à l’époque, en tant que colonel, dirigeait un des régiments envoyés au Rwanda. Quid des accusations de viols collectifs ? «Si collectif, ça signifie deux-trois salopards dans un coin, c’est possible», admet encore le gradé. «Mais en aucun cas, assure-t-il, on ne peut parler de viols systémiques», c’est-à-dire organisés ou admis par la hiérarchie militaire française. Quoi qu’il en soit, le général membre de l’association France Turquoise – qui vise à défendre la mémoire et l’honneur des militaires français ayant servi aux Rwanda – souhaite que les plaintes déposées aboutissent pour faire la lumière sur ces accusations : «Il faut que la justice passe».

Mais l’affaire piétine depuis sept ans, et…

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