La situation militaire se dégrade dangereusement. Le contexte politique se complique avec l’assassinat de Rabbani et l’intrusion de l’Inde.
Depuis l’Antiquité, tous les stratèges le savent : le plus compliqué n’est pas d’entrer en guerre, mais de savoir comment elle peut se conclure. Le moyen le plus radical pour mettre fin aux hostilités est la destruction totale de l’adversaire, genre Carthage, anéantie en 146 avant Jésus-Christ par les légions romaines à l’issue de la troisième guerre punique.
Le plus souvent, les belligérants optaient pour un compromis plus raisonnable, type traités de Westphalie. Ceux-ci mirent fin en 1648 à la guerre de Trente Ans et remodelèrent le rapport de force en Europe pour de longues années. On annexait ou abandonnait des provinces, on échangeait des territoires et quelques places fortes. En Afghanistan, il s’agit d’autre chose : un conflit de type insurrectionnel où aucune victoire militaire n’est concevable et aucune solution politique possible.
Une équation insoluble
Tous les facteurs d’une équation insoluble sont réunis. D’abord, un pays divisé ethniquement : Pachtouns, Tadjiks, Ouzbeks, Azaras. Chacune de ces ethnies étant morcelée en tribus et clans. Les Pachtouns, au sud, représentent 40 % de la population et ont historiquement constitué l’armature politique et sociale du pays. Ils sont le vivier des talibans. Les Pachtouns vivent de part et d’autre de la frontière afghano-pakistanaise. Le président Hamid Karzai est pachtoun. Mais considéré comme un traître par la majorité de ces derniers. L’Alliance du Nord, dont la figure emblématique fut le commandant Ahmed Chah Massoud, recrutait surtout chez les Tadjiks et les Ouzbeks. C’est elle qui, alliée aux Occidentaux, a permis, après le 11 Septembre, le renversement du régime taliban dominé par les Pachtouns et protecteur du Saoudien d’origine yéménite, Ben Laden.
Ensuite, un environnement géopolitique extrêmement instable : le Pakistan, qui estime que l’Afghanistan est son arrière-cour, et l’Inde, qui n’entend pas laisser Islamabad manoeuvrer à sa guise. Les Américains soupçonnent une partie des services de renseignements pakistanais d’avoir trempé dans le récent assassinat de l’ex-président Burhanuddin Rabbani. Celui-ci, un Tadjik ex-compagnon de Massoud, servait d’intermédiaire dans les discussions entre Karzai et certains talibans. Manifestement, ce dialogue n’était pas du goût de tout le monde…
L’Inde profitant du froid glacial qui s’est instauré entre les États-Unis et le Pakistan pousse ses pions. Un accord de partenariat stratégique entre Kaboul et New Delhi vient d’être signé. Il prévoit la formation des forces de sécurité afghanes par l’armée indienne. Un chiffon rouge pour le Pakistan.
Les Français ne veulent pas s’attarder
Il faut ajouter à ce pandémonium une situation militaire de plus en plus dégradée. Non seulement les talibans ne sont pas en déroute, mais ils multiplient attaques, harcèlements et attentats. Le 13 septembre, ils ont même frappé en plein centre de Kaboul, dans une zone ultrasécurisée, le QG de l’Otan. On comprend dans ces conditions que les Occidentaux cherchent une porte de sortie. Il n’est plus beaucoup question de pacification, de reconstruction. La seule question qui se pose est…
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