Monsieur le Président,

À l’heure ou votre gouvernement se penche sur le travail des séniors, une question me vient à l’esprit, et je me permets donc de vous la poser.

 Je vais avoir 50 ans cette année, et à cause de la limite d’âge dans mon grade (je suis militaire) je vais devoir quitter mon métier et essayer d’en chercher un autre afin de faire vivre ma famille. Permettez-moi de me sentir lésé dans cette approche du travail des séniors.

 Pourquoi donc une loi absurde a instauré des limites d’âge qui n’existent d’ailleurs que dans l’armée (hors gendarmerie) ? Peut-elle encore perdurer dans une armée dite professionnelle, où les effectifs vont diminuer très sensiblement ?

Comment compter vous faire croire que notre défense sera parmi les meilleures du monde sachant que nos matériels sont vétustes et en reconditionnement quasi permanent ?

J’aurai accompli au moment de mon départ 31 ans au service de la France. D’autres parmi mes camarades en ont fait autant et nous devons, parce que nous atteignons la limite d’âge, quitter notre métier que nous avons servi avec dévouement. Je considère que c’est mal » remercier » ce que nous sommes et ce que nous représentons. Je me mets à penser que nous ne sommes « beaux » que le 14 juillet, quand la nation voit défiler ses soldats dans leurs splendides uniformes et que les commentateurs des télévisions vantent nos méritent et l’action de nos régiments dans le monde.

 L’Armée avec un grand A mérite un peu plus de considération. Comment faire aimer le drapeau et notre hymne national à nos jeunes  venus pour la plupart faire carrière si on les vire au bout de quelques années après leur avoir fait espérer l’inaccessible ? Il vaut mieux former des mercenaires ! Que signifie votre formule « travailler plus pour gagner plus » si c’est pour faire partir en limite d’âge des sous-officiers encore aptes à servir ?

Il est malheureusement trop tard pour moi.

Je souhaite que vous puissiez lire ce message, Monsieur le Président. J’aime mon Pays, je le sers avec honneur et fierté tout comme mes frères d’armes. Nous ne demandons pas grand chose, si ce n’est de partir dignement et surtout quand nous, nous le souhaitons. Pour l’heure, je me prépare à quitter mon institution avec regret et appréhension, en novembre. Cela se concrétisera en quittant mon régiment. Le lendemain, je ne pourrais pas revenir car je serais devenu un civil…

 Merci d’avoir pris de votre temps pour me lire.

 NB: Ce message, destiné au Président de la République, Chef des Armées, a été rédigé par un sous-officier de carrière atteint par la limite d’âge de son grade en novembre 2008.

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