Impunité pour les gendarmes

Dans un livre intitulé « Quelques affaires de justice à la Martinique » (1) Raphaël CONSTANT, avocat au barreau de Fort-de-France, Vice-président de l’Association Américaine des Juristes et secrétaire de l’Association des Avocats de la Défense devant le tribunal Pénal International pour le RWANDA consacre un chapitre sur l’impunité des gendarmes à la Martinique.

Le jugement porté par cet avocat sur la Gendarmerie en 2003, année de publication de son œuvre, peut paraître aujourd’hui excessif compte tenu de l’avancée du droit et des libertés publiques dans notre Pays. Cependant, au vu des dossiers portés à la connaissance de l’Adefdromil, ce jugement n’est pas dénué de tout fondement comme vous pourrez le constater à la lecture de ce court extrait !

Extrait :

« Le regretté Marcel MAINVILLE en avait fait un de ses nombreux chevaux de bataille. Dans son livre, « les Antilles sans fard »(2), il dénonçait l’impunité de la gendarmerie en Martinique dans ses actes de violences contre les citoyens.

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 Il est vrai que, de manière générale, la justice française, y compris en France, hésite et est pour le moins rétive à poursuivre sinon condamner des policiers ou gendarmes ayant commis des faits délictueux ou criminels vis-à-vis de citoyens. A titre de simple exemple, au cours de l’année 2001, nous avons vu la Cour d’Assises de Versailles acquitter sous les applaudissements de ses nombreux collègues et de l’extrême-droite un policier qui avait tué un jeune « beur ». Il existe de fait un permis de tuer dans les banlieues françaises pour ce qui est basané ou arabe. Néanmoins, il existe quelques limites à cette situation et quelque fois, après plusieurs années de bataille de confrères courageux, on arrive à pouvoir obtenir quelques condamnations de principe.

 Mais en Martinique, tel n’est pas le cas. Il n’existe pas dans les annales de condamnations contre des gendarmes. Je dis bien gendarmes et pas forces de l’ordre. La Justice fait une distinction nette entre Police Nationale dont la plupart des membres, en tous les cas jusqu’au grade d’inspecteur, sont des Martiniquais et la gendarmerie qui est composé pour l’essentiel de Français de passage à la Martinique (il faut d’ailleurs savoir qu’aux côtés des gendarmes stationnés en Martinique, il y a en permanence des unités volantes qui ne restent que quelques semaines à la Martinique. Fort souvent, en cas de bavures, ce sont ces dernières qui sont en cause).

 La gendarmerie qui est une composante de l’armée française est traditionnellement le fer de lance de la présence répressive dans notre pays. De la fusillade du François en 1900 à celle de Chalvet en 1974 en passant par celle du Carbet en 1948, pour ne citer que quelques exemples, c’est la gendarmerie qui a toujours été en première ligne. Pour voir l’importance de ce corps dans notre pays, il suffit de prendre une carte de la Martinique, de mettre une punaise pour chacune des gendarmeries qui se trouve dans l’île et on voit rapidement comment est quadrillé tout le pays. Rayonnant sur de petits territoires, le gendarme est au courant de tout et sait se mêler à la population pour obtenir des informations. C’est le meilleur service de renseignement pour la Préfecture sur l’état d’esprit de la population.

 Ce rôle capital de cette armée dans le pays lui a attribué vis-à-vis des institutions françaises un caractère quasi-sacré qui fait qu’on n’y touche pas. Il n’est pas questions pour l’état français d’insécuriser les gendarmes et donc en cas de dérapages, la couverture est assurée. »

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  •(1)   Quelques affaires de justice à la Martinique –  Raphaël CONSTANT

Editions LAFONTAINE C.C. Maniba – 97222 CASE PILOTE

Site internet : http://www.editions-lafontaine.com

  •(2)   Les Antilles sans fard – Marcel MAINVILLE

 Editions L’Harmattan

 Site internet http://www.editions-harmattan.fr/

  Lire :  

L’OCRTIS CAMBRIOLE 

ROCAMBOLESQUE MAIS VRAIE

Un pirate des Caraïbes chez les pandores   

Les policiers énervés par le sort du « gendarme voleur »

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