L’OCRTIS CAMBRIOLE

Quand le gendarme joue au voleur

Dix jours après le cambriolage des locaux hyper-sécurisés de l’OCRTIS au Fort-Saint-Louis, un suspect a été présenté hier à la justice. Il s’agit d’un gendarme en poste à l’office.

Hier, un major de gendarmerie, en poste à l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants a été mis en examen pour le vol des armes et des ordinateurs portables à l’OCRTIS dans la nuit du 15 au 16 juillet.

Il « a reconnu être l’auteur de ces faits » annonce le parquet dans un communiqué volontairement laconique. Le mystère du « cambriolage impossible » est enfin résolu.

En découvrant que les locaux hyper-sécurisés du Fort-Saint-Louis avaient été cambriolés, que des armes et des ordinateurs portables avaient été volés, les enquêteurs se posaient bien des questions. Pour faire un coup comme ça, il faut une chance insolente…ou de solides informations.

Après avoir assez rapidement écarté la piste de gros bonnets de la drogue voulant dérober des secrets, les gendarmes avaient rapidement orienté leurs investigations vers une hypothèse interne.

Une stratégie qui met tout le monde sur les dents et pourrit complètement l’ambiance au sein de l’équipe, mais qui paye.

Après avoir effectué des perquisitions chez deux policiers et un gendarme, les enquêteurs qui s’avouaient un peu perdus dans les premiers jours, tiennent enfin quelque chose.

Pas de chance pour les gendarmes cependant, c’est un des leurs qui se retrouve sous le feu de leurs questions. Forcément, ça fait tache et la gendarmerie se fait très discrète sur le sujet. Impossible hier d’avoir une réaction du commandement de la gendarmerie.

Impossible aussi d’arracher un commentaire à Romuald Muller, le commissaire de police qui pilote l’antenne Caraïbe de l’OCRTIS. « Je n’ai rien à dire » grince-t-il, manifestement amer.

Une surprenante procédure

Les motivations du militaire, âgé d’une quarantaine d’années et en poste depuis près d’un an au Fort-Saint-Louis, restent floues. Selon son avocat, il « avoue, mais n’explique pas ».

D’après ce qui a fuité de l’enquête, il n’aurait pas supporté la pression de travail et avait de sérieux accrochages avec sa hiérarchie. Il en aurait même été déstabilisé psychologiquement.

Est-ce pour cela que la procédure judiciaire a pris une tournure surprenante en cours de route ?

Possible.

Seule certitude, alors qu’il se murmure que le parquet avait la ferme intention de faire rapidement comparaître le gendarme devant le tribunal correctionnel, il en a été empêché par une expertise psychiatrique de dernière minute.

« il a été décidé d’ouvrir une information judiciaire et de requérir un placement sous contrôle judiciaire avec obligation de soins au regard de sa situation psychologique constatée par un expert judiciaire » annonce le parquet dans son communiqué. Etonnant. D’autant plus qu’aux dernières nouvelles, les armes volées n’auraient toujours pas été retrouvées.

En clair, hier un homme que les experts décrivent comme déstabilisé et qui n’a pas rendu les armes qu’il reconnaît avoir volées, a été remis en liberté en attendant d’être jugé…plus tard. Il aurait même déjà regagné l’hexagone. Cherchez l’erreur.

Au parquet général, on grince que cette décision « a été prise pour appliquer les textes de loi et qu’au niveau du parquet en tout cas, rien n’a été fait pour trouver un arrangement entre OCRTIS et gendarmerie ».

Un « en tout cas » du parquet général qui en dit long.

P.-H.C.

(France-Antilles n°12461 du Vendredi 25 juillet 2008)

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Rocambolesque mais vraie

Les policiers énervés par le sort du « gendarme voleur »

Un pirate des Caraïbes chez les pandores   

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