La tournure prise par la procédure à l’encontre du gendarme qui a reconnu le cambriolage de l’OCRTIS fait grincer les dents du syndicat Alliance Police Nationale. Selon lui, l’affaire ne peut pas se terminer comme ça. Il demande des comptes.
« Passe-droit », « tentative de couvrir un gendarme », « scandale », le syndicat Alliance Police Nationale, par la voix de son secrétaire régional adjoint Louisy Berté, n’y va pas avec le dos de la cuiller. « Révolté » par la tournure prise par la procédure judiciaire déclenchée contre le gendarme qui a reconnu le cambriolage de l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants, Louisy Berté demande des comptes.
Mis en examen, le militaire qui était en poste à l’OCRTIS a été remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire jeudi.
Une décision judiciaire motivée par une expertise psychiatrique qui conclue à une abolition du discernement. Une expertise qui suscite beaucoup d’interrogations.
« Il n’est pas acceptable qu’il y ait deux poids, deux mesures. Si n’importe qui avait volé des ordinateurs et des armes à l’OCRTIS, il serait en prison ou à la limite en hospitalisation d’office si l’expertise avait vraiment décelé un problème psychiatrique. Là, sous prétexte qu’il s’agit d’un gendarme, il a été remis en liberté. On se pose beaucoup de questions sur cette expertise qui est sortie de nulle part au dernier moment.
Dans quelle mesure n’a-t-elle pas été pilotée par la gendarmerie ? C’est scandaleux. Il ne faut pas oublier que les armes n’ont pas été rendues et qu’elles peuvent désormais se retrouver braquées contre des policiers ou des civils. »
Après l’assourdissant silence observé par la hiérarchie de l’OCRTIS, la gendarmerie, les autorités judiciaires et l’avocat du mis en cause, le coup de gueule syndical tranche et jette un pavé dans la mare. Pas question selon Alliance de « laisser les gendarmes laver leur linge sale en famille et dans la discrétion ». « Nous demandons que ce gendarme, qui a déjà regagné la métropole, soit rapidement jugé en Martinique. Nous demandons aussi que des excuses soient formulées par la gendarmerie aux policiers chez qui ils ont fait des perquisitions. » Au-delà de l’humiliation qu’à pu représenter pour ces fonctionnaires le fait de se voir traiter en suspect, Alliance dénonce une mise en danger.
« Les policiers de l’OCRTIS, ce ne sont pas des policiers comme les autres. Face à eux, il y a de très gros délinquants qui ont des moyens considérables. Ils ont besoin d’être très discrets pour se protéger et protéger leur famille.
Depuis que des dizaines de gendarmes ont perquisitionné chez eux, tous leurs voisins savent qu’ils travaillent à l’OCRTIS. C’est d’autant plus grave que ces perquisitions ont été faites alors qu’il n’y avait aucun élément solide contre eux. »
Invité à réagir à ces propos, le commandement de la gendarmerie n’a pas souhaité polémiquer. « Je n’ai aucun commentaire à faire sur cette déclaration, pas plus que sur l’ensemble de cette affaire » annonce le colonel Bourges. Rappelons qu’à, la mi-juillet, un cambriolage avait été commis dans les locaux hyper sécurisés de l’OCRTIS au Fort-Saint-Louis.
Trois armes (deux pistolets et un fusil-mitrailleur selon une source proche de l’enquête) ainsi que des ordinateurs ont disparu. Après une enquête toute en discrétion, les gendarmes ont fini par interpeller un des leurs en poste à l’OCRTIS.
Selon le communiqué officiel du parquet, il a reconnu les faits.
Les armes et les ordinateurs n’ont cependant pas été retrouvés. L’auteur du vol aurait annoncé les avoir jetées dans le canal Levassor. Mais les recherches des plongeurs n’avaient hier après-midi toujours pas permis de les retrouver.
P.-H.C.
(Source : France Antilles du samedi 26 et dimanche 27 juillet 2008)
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