Afghanistan: la transition en Kapisa, déjà une réalité

En Afghanistan, les forces françaises et l’ensemble de la coalition ont déjà entamé la première tranche de la transition de responsabilité sécuritaire.

C’est dans ce cadre que s’opéreront les premiers désengagements annoncés par le Président de la République, monsieur Nicolas Sarkozy, alors que les ANSF gagnent tous les jours en autonomie et en efficacité.

Cependant, il leur reste de nombreux défis à relever.

Alors que l’échéancier de la transmission de responsabilité de la sécurité de la région KAPISA entre les forces françaises et l’Armée Nationale Afghane (ANA) est encore à définir, une chose est sûre: le processus de transition est déjà lancé.

Certaines des meilleures compagnies de l’ANA sont désormais tout à fait autonomes, ce qui a permis de réduire la présence des OMLT depuis le mois de juin.

Sur le terrain, les deux WEAPON COMPAGNIES des Kandaks 33 et 31 travaillent côte à côte avec leurs compagnies binômes françaises (respectivement les SGTIA VERT et GRIS du Battle Group RAPTOR).

Ce partenariat opérationnel débute avec la phase de conception des ordres et prend tout son sens pendant la phase de conduite des opérations où les unités combattent en s’appuyant mutuellement.

La coopération ne s’arrête cependant pas de retour dans les FOB’s.

En effet, les bonnes relations entre soldats français et leurs homologues afghans se concrétisent bimensuellement par l’organisation d’instructions jumelées à l’image de séances de tir ISTC, de cours de secourisme ou même de tir mortiers.

Les afghans sont-ils donc prêts à assurer seuls leur sécurité?

La réponse est d’autant plus évidente qu’elle est visible sur le terrain dans la province de SUROBI.

Certes au regard de critères occidentaux, les seuils minimaux attendus en terme de planification, de gestion, d’informatisation ne sont pas tout à fait atteints.

Mais une erreur grossière serait de penser que ce sont ces critères là qui permettent seuls de gagner une guerre ou de combattre une insurrection.

Leur armée, bien trop différente d’une armée à «l’occidentale», n’a pas toute la puissance logistique et l’organisation qui nous semble indispensable pour prendre un ascendant définitif sur les insurgés.

Il faut néanmoins admettre que les atouts principaux de l’ANA résident souvent dans des domaines où apparaissent clairement nos limites et nos faiblesses.

Là où nous planifions, eux préfèrent se fier à leur instinct et user de réactivité en captant immédiatement les tensions entre villages, entre ethnies et une discussion rapide avec les «elders locaux» leur suffit à prendre la mesure d’une situation.

Là où nous cherchons la concentration des efforts, eux ont l’avantage de la rapidité de décision et d’exécution ainsi que la vitesse de déplacement.

Là où nous réfléchissons à court (6 mois) ou moyen terme (horizon 2014), eux développent un rapport au temps bien différent car la plupart de ces soldats sont en guerre depuis plus de dix ans déjà et n’ont pas la «pression du calendrier»

Enfin les Afghans ont un rapport à la vie différent du nôtre qui leur fait relativiser l’engagement et qui s’inscrit dans la continuité de leur histoire et de leur foi.

De même, force est de constater que l’ANA peut tout à fait mener de longues opérations sur le terrain en totale autonomie.

L’opération SHAMSHIR au début du mois de juillet en est un exemple concret.

Durant plus de six jours, la WEAPON COY et la 4ème COY du Kandak 33 étaient pleinement intégrées au sein du GTIA RAPTOR et plus particulièrement du SGTIA VERT, qui avait détaché une équipe DL pour l’occasion.

Ainsi ces compagnies afghanes ont profité des appuis aériens et sanitaires au même titre que les autres unités françaises au sol.

Cette coopération shona bashona a permis la saisie et la fouille d’objectifs déterminants en vallée d’ALASAY.

Les soldats afghans ont montré leur professionnalisme tant dans la maîtrise des déplacements que dans leur connaissance du terrain, de la population, et l’efficacité de leur réseau logistique.

Après une phase d’observation mutuelle, une véritable confiance mutuelle s’est instaurée entre les deux unités.

Le point fort de ce partenariat déboucha sur l’étroite coordination entre la compagnie afghane et française lors des violentes prise à parties dans la région d’ADIZAI.

Dès lors la fraternité d’armes entre ces soldats français et afghans prenait tout son sens.

L’expérience a également prouvé qu’elle peut rapidement faire intervenir une QRF au profit d’une unité de l’ANP ou de l’ALP ; cela fut notamment le cas lors de l’intervention en vallée de GHAYN le 28 Juillet lorsque plusieurs dizaines d’insurgés tentèrent de détruire les postes ALP.

Leur intervention rapide et brutale permit non seulement d’apporter un appui rapide aux postes ALP sous le feu mais également de détruire plusieurs insurgés et de constituer des prisonniers.

L’ANA est désormais à même de monter, seule, une opération d’envergure comme la fouille du village de GIASKHEL dans la vallée de SHOWKI le 13 août qui a permis l’arrestation de plusieurs insurgés et la destruction de plusieurs dizaines d’obus et de composants d’IED trouvés sur place.

Au moment où les opérations vont de plus en plus dans le sens du concept «ANA first, ANA leads» (ANA devant, ANA mène), quelques défis restent à relever avant que l’ANA ne puisse seule assumer la sécurité de la région.

En effet, afin de pouvoir au mieux occuper le terrain, les chefs afghans devront davantage déléguer à leurs subordonnés notamment les chefs de section qui sont véritablement compétents.

Enfin, et c’est peut être aujourd’hui l’obstacle majeur, l’armée nationale afghane, composée d’une multitude d’ethnies, doit réussir à s’imposer aux yeux de la population des vallées comme étant non pas une armée à la solde de quelques hauts responsables de KABOUL, mais bien l’armée du peuple afghan.

Source: http://www.ariegenews.com

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