Le Canard enchaîné – mercredi 2 mai 2001 :
Avec la professionnalisation, ça leur pendait au nez : l’armée a son syndicat. Et l’annonce va faire l’effet d’une bombe. Le 13 avril, un capitaine, Michel BAVOIL, a déposé les statuts d’une association que la préfecture n’aurait jamais dû enregistrer. Car son objet est contraire à l’article 10 du statut des militaires, qui interdit « l’existence de groupements professionnels (…) incompatibles avec les règles de la discipline militaire ». Or ladite association « de défense des droits des militaires » a pour objet « l’étude et la défense des droits, des intérêts matériels, professionnels et moraux, collectifs ou individuels, des militaires ».
Pour l’heure, la hiérarchie croule sous les recours de soldats de tous grades mécontents qui d’une note, qui d’une mutation. L’Etat-major, qui ne supporte pas de devenir une administration comme une autre, s’apprête, pour tenir ses troupes, à créer une commission. Quatre généraux chapeautés par un contrôleur général décideraient au vu de chaque dossier, si l’intéressé a droit ou non de saisir les tribunaux administratifs.
La contre-attaque du capitaine BAVOIL prend donc tout le monde à revers. A ce rythme-là, l’année prochaine, le « syndicat » des militaires participera aux manifs du 1er Mai!