Je suis un sous-officier de légion étrangère et je peux vous assurer qu’au regard des agissements de notre glorieuse Institution, le régime général (la régulière) me paraît être un havre de paix…
Que dire de tous ces militaires qui, écoeurés du sort qu’on leur réservait, sont partis frapper à la porte de la Légion pour voir si l’herbe était plus verte et qui, après avoir été pressés comme des citrons, se font mettre à la porte sans autre forme de procès ? L’affaire Staron de ce point de vue est édifiante !
Croyez moi, je sais de quoi je parle car je fais partie de cette minorité silencieuse qui en a marre.
On en a marre que l’on se serve de nous et que l’on nous traite comme la dernière roue du carrosse ! Marre qu’on nous mute du jour au lendemain au gré des humeurs et sans préavis parce que l’on ne souhaite pas faire le BSTAT à 13 ans de service ! Marre de voir nos sous-officiers « supérieurs » ramper et dire « amen à tout » au motif que le non renouvellement de leur statut de contractuel pèse constamment au dessus de leur tête comme une épée de Damoclès ! Marre de ne pas avoir droit à une vie de famille normale en dehors des interventions opérationnelles car il faut faire passer la famille légion avant tout dans le seul but de nous isoler et de nous rendre plus contrôlables…
Excusez mon coup de gueule, mais je connais un légionnaire qui a eu l’audace de prendre contact avec une entreprise civile laquelle, croyant bien faire, a pris contact avec le Régiment pour prendre des renseignements sur lui. Immédiatement l’affaire est montée en épingle. Le bureau gestion des personnels de la Légion étrangère, mis au courant, ne supporte pas que ce légionnaire ose penser à partir. Comme on ne peut décemment pas le punir pour cela, on l’invite à faire un compte rendu écrit exprimant clairement ses choix et on lui annonce qu’il va être puni pour avoir trompé la confiance de ses chefs et être revenu sur un acte de volontariat. En attendant de pouvoir le mettre dehors à 15 ans de services, on va le dégager avec pertes et fracas au fin fond du Ventoux…Qu’il ait des enfants en bas âge ? On s’en fout ! il est là pour servir (j’allais écrire pour subir).
Lui, moi ou un autre, nous sommes nombreux à subir le même sort. Lorsque nous exprimons ce que nous ressentons, on nous traite de « pauvres schlabors » (petit nom méprisant donné à ceux du régime général) et on nous taxe bien sûr de mauvais esprit…
On en a RAS LE BOL !
J’en ai fini de mon coup de gueule. Merci de m’avoir accordé un peu de votre temps même si cela ne change rien. A qui d’autres aurais-je pu le dire ?