Réactions de
Akacia P’tit MOUSSE Un adjudant chef en activité Zef
Je me permets de faire suite à l’article cité en objet. Militaire de la gendarmerie depuis 1990, « GD » j’ai à mon actif plusieurs OPEX. Mais aussi plusieurs unités de GD, BT et BR comme gendarme ou gradé et même commandant d’unité.
Je suis consterné de l’attitude de l’auteur de votre article même si elle ne me surprend pas. Une fois de plus nos anciens collègues du ministère de la défense (car poussés dehors par eux nous ne devrions plus y rester encore longtemps) se trompent de cible. Son article est truffé d’erreur…
Ils sont englués dans leur sacro-saint mythe « militaro-militaire » et ne voit pas le monde tel qu’il est.
En sociologie ou dans l’observation de la faune sauvage on prend des espèces sentinelles. C’est à dire des groupes d’animaux dont la race est plus sensible que les autres. Lorsque cette espèce est malade, cela signifie qu’un virus, qu’une bactérie, qu’un élément de la biodiversité s’attaque à l’environnement.
Les premières espèces « sentinelles » signalent alors aux scientifiques le début de l’infection. Cette comparaison me permet de vous dire que les gendarmes, plus tout à fait des militaires et pas encore tout à fait des policiers sont les sentinelles de la communauté militaire… C’est peut être pour cela que le corps est l’objet de ces convulsions dont je suis le premier fatigué, lassé…
Le vrai combat, la vraie réaction dont nous gendarme devrions être porteur au profit de nos camarades militaires c’est par exemple de revendiquer l’attribution de l’ISSP (Indemnité de Sujétion Spéciale Police d’environ 24% de la solde brute) pour les militaires des armées chargés de missions vigipirate dans les gares parisiennes, les aéroports… Voilà le vrai sujet d’intérêt.
Concernant les horaires, j’ai préféré être en OPEX à 1,5 point très loin de chez moi (sans repos, sans QL alors que les militaires en avaient) qu’affecté en unité périurbaine pour rien, travailler comme un malade de jour comme de nuit… se faire taper dessus et n’avoir pour droit que celui de fermer sa gueule. Je n’ai jamais « gueulé » lorsque j’étais avec des RPIMA dont les caporaux gagnaient plus que moi (et de loin) car bénéficiant de la solde à l’air abondée en OPEX. Lorsqu’en repos je suis constamment appelé (même en repos de famille) par un procureur, un juge d’instruction ou un « tonton »… Que hors ou en service, je suis et je reste un gendarme. Lorsque mon unité est l’objet de menaces, tentatives d’attentat et que ma famille est directement exposée à cela.
J’ai du respect pour les militaires en général et les sous-officiers terriens… Mais j’ai rarement eu de l’estime de leur part… De l’envie, souvent !!!
Encore une fois, cet adjudant chef se trompe de cible… Sa hiérarchie doit être contente avec des serviteurs comme lui elle ne risque rien.
Akacia
[article retiré du site à la demande de son auteur.]
Je viens de prendre connaissance du courrier transmis par le pseudo JOSIAN en date du 23 novembre 2007. Mais de quel droit cet individu se permet-il de salir l’image des gendarmes. A t-il seulement connaissance exacte du metier de gendarme. D’après ses propos, je ne pense pas. Mis à part les points positifs et encore, faut-il qu’ils soient exacts, cet ignorant ne connait pas le travail du gendarme. Son descriptif en fait un panel d’avantages. Mais les patrouilles de nuit, les sorties à toutes heures du jour et de la nuit, par tous les temps, les heures d’enquêtes, les interventions plus ou moins risquées, les gardes statiques, la vie de famille, le travail les week-ends et jours de fête, les OPEX de 6, 9 ou 12 mois en individuel. Allez parlez aux mobiles qui se trouvaient au Kosovo il y a encore quelques temps. Lorsque ça pétait sur le pont entre serbes et kosovars, je crois me souvenir que les premiers en ligne étaient bien des hommes en bleu qui étaient les seuls à rétablir l’ordre. J’en parle en connaissance de cause j’étais présent. Le logement :parlons en du logement, effectivement on ne paye pas de loyer, mais demandez aux gendarmes les avantages qu’ils ont pour acheter un logement. AUCUN au contraire, c’est considéré comme résidence secondaire.. Les mutations : 37 ans dans une brigade, il ne doit pas y en avoir beaucoup en FRANCE. Pour ma part en 25 ans de service j’en suis à ma 8ème. J’en passe et des meilleures. Quand vous avez un escadron de mobiles employé en maintien de l’ordre qui se tape 70 heures en 3 jours, il lui reste encore 2 jours de boulot derrière. Les exemples ne manquent pas. Ne nous voilons pas la face, il y a militaire et militaire. Notre travail à nous gendarmes se rapproche plus de la police que du militaire. Alors pourquoi vouloir nous aligner sur un statut qui est désuet et qui n’a rien à voir avec notre profession. Notre intérêt c’est d’avoir un statut à part, un statut particulier de gendarme et non pas de militaire. Alors quand je vois le listing de méconnaissances que vous faites sur une institution que vous connaissez à peine, mon pauvre vieux la critique est toujours facile, mais elle doit être constructive, et là votre prose n’amène rien d’autre que de l’amertume pour les gendarmes qui la liront.
Un adjudant chef en activité
Bonjour,
Par ce mail je souhaiterai répondre à la lettre de l’adjudant-chef « JOSIAN » écoeuré par l’attitude des gendarmes. »
Pour commencer, je n’ai pas l’esprit « syndicaliste». Je suis militaire et, à ce titre, je ne suis pas de ceux qui manifestent, et crient aux loups pour leurs soit disant intérêts. Bref, je ne cautionne pas certains comportements.
Cependant, je suis gendarme de carrière. J’ai 17 ans de service et j’aime mon arme d’appartenance. Et lorsque je lis « Josian », je ne peux rester inactif devant ses propos qui portent atteinte à notre institution et ceux qui la servent.
Mon adjudant-chef, dans un premier temps je vous répondrai, chacun a le libre choix de l’arme dans laquelle il souhaite servir. Chaque arme a sa propre spécificité. Vous avez choisi l’infanterie, certainement plus par amour pour l’armée de terre que par envie de passer le concours de sous-officier de gendarmerie.
Je vous rappelle par ailleurs qu’une personne qui intègre l’école de sous-officiers, signe un contrat de 6 ans. Au cours de sa formation qui dure un an, l’élève-gendarme doit passer plusieurs examens (R.V.O.) auxquels il doit satisfaire. En cas d’échec, il est renvoyé. A sa sortie d’école, l’élève gendarme, ou jeune gendarme sous contrat choisit son affectation. Durant un période de deux ans, il continue sa formation et passe des examens tous les mois. La réussite à ces examens veut dire passage de carrière. Là, il peut s’attaquer à la formation pour l’obtention ou du brevet d’arme, ou du certificat d’officier de police judiciaire (obligatoire pour monter en grade). Encore plus d’un an de travail personnel, en dehors des horaires de service, sanctionné chaque mois par un devoir noté. Il n’est pas certain de réussir aux épreuves.
NOUS aussi nous devons passer plusieurs examens pour y arriver, et je ne parle pas des formations liées à nos spécialités.
Nous sommes également militaires. Nous intervenons également en OPEX. Des gendarmes ont servi au Kosovo, en ex-Yougoslavie. Certains ont participé aux évènements du Liban ou, encore, à l’opération tempête du désert…
Concernant nos « avantages » (je vous rappelle que la grogne des gendarmes en 2001, n’a pas été QUE négative pour les militaires des autres armées qui ont bénéficié de certaines primes supplémentaires).
Un gendarme en brigade territoriale, même celui qui y passe 37 ans de sa carrière, ne compte plus ses heures. Lorsqu’il effectue un service de nuit, il travaille la journée avant sa nuit et reprend son service huit heures après sa nuit, si aucun évènement ne vient à le rappeler. Il fait jusqu’à huit nuits par mois. Un gendarme de brigade commence « normalement » sa journée à 07h00 du matin pour la finir à 19h00. Ses horaires ne sont pas ceux d’ouverture des bureaux au public. Il travaille avant, pendant et après ces horaires. ET oui, les procédures (ou PV si vous préférez) ne s’établissent pas toutes seules. Il faut rédiger plusieurs pièces pour tenir informé les autorités judiciaires, administratives et parfois militaires.
Un gendarme passe les fêtes de fin d’année dans son véhicule de service pour assurer la sécurité des citoyens, y compris les militaires qui ont laissé leur uniforme au bureau. Un gendarme travaille deux week-end, parfois trois, par mois! Je pense que si nous devions comparer les heures de service d’un adjudant-chef de l’infanterie et d’un gendarme, vous comprendriez alors que certains puissent en avoir ras le bol.
Le gendarme est également « mangé à toutes les sauces ». Il doit être assistante sociale, médiateur lorsqu’il intervient pour un mari ivre qui frappe sa femme et laisse ses enfants dehors, psychologue lorsqu’il doit se présenter chez les parents pour leur annoncer que leur fils ou fille est décédé ce jour dans un accident de la circulation qu’il a constaté (et oui les pompiers ne sont pas les seuls à voir des horreurs sur les routes!). Il doit garder son sang froid devant un individu armé qui le menace lui ou des personnes civiles. Et il doit encore rester diplomate lorsqu’au cours d’un service de police de la route il se trouve devant une personne pour qui les gendarmes ne sont là que pour « faire chier » le monde. Mais au fond nous pardonnons ce genre d’individu qui ignore par quelle situation le gendarme est passé avant de le contrôler.
Et tout cela, nos familles, épouse et enfants, le subissent au quotidien. Ils vivent avec nous dans notre logement de fonction « attribué par nécessité absolu de service ». Ils sont réveillés par les appels de nuits. Dans certaines communes, ils subissent des agressions verbales, voire même physiques, parce qu’ils sont épouse, fils ou fille de gendarme. Rappelez-vous des attentats en Corse et imaginez comment les vôtres réagiraient si votre habitation était attaquée au lance roquette ou était régulièrement la cible d’armes automatiques.
Pour finir, n’oubliez pas le nombre de militaires de la gendarmerie qui trouvent la mort chaque année dans l’exercice de leurs fonctions. Il est certainement plus élevé que celui des militaires de l’infanterie…
Alors s’il vous plaît mon adjudant chef, ayez un peu plus de respect pour vos camarades de la gendarmerie! A moins que vous fassiez partie de la catégorie de personnes qui ne supporte pas d’être prise à défaut et pense que les gendarmes ne sont là que pour faire « chier » le monde! Mais si c’est le cas, sachez que je vous pardonne car vous ignorez certainement que cette nuit, après avoir réussi à calmer un individu ivre qui venait de violenter son épouse devant ses enfants parce qu’elle ne voulait pas lui servir à boire, j’ai dû me présenter au domicile des parents de deux jeunes hommes qui se sont tués sur la route.
Cordialement
Zef
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