Désolé Mon Général, mais ce n’est pas l’allure qui fait le guerrier

Je suis tombé de haut en lisant votre note sur le soi-disant laisser-aller dans les tenues qui règnerait dans l’armée de terre. Encore une fois, nos grands chefs, du haut de leur tour d’ivoire climatisée, font preuve d’une mauvaise foi, et d’un mépris à la fois de leurs subordonnés, et du bon sens. Vous assimilez un effort d’adaptation aux réalités de la mission, pour compenser les carences criantes dont souffrent nos soldats, à un acte délibéré d’insubordination et d’immaturité; ceci conduisant, selon vous, à une disparition du maintien et de l’efficacité de la troupe.

Vous rappelez également que tout militaire doit s’astreindre à un entraînement suffisant pour conserver un niveau physique lui permettant d’accomplir sa mission, et ce sera le seul point où je serai d’accord avec vous.

Cependant si vous vous insurgez devant l’hétérogénéité de nos tenues, vous ne parlez pas de celle de nos chaussures de sport que nous devons acheter. (Faudrait-il faire une demande réglementaire au Commissariat ou à la DGA?)

Si vous prenez 5 de vos précieuses minutes pour regarder quelques photos datant, par exemple, de la fin de la Seconde Guerre Mondiale, ou de l’Indochine, vous seriez surpris par tant de disparité. En effet, les soldats français étaient équipés avec à peu près toutes les variantes des équipements et armements fournis par l’Intendance (d’avant- ou d’après-guerre), les USA, la Grande Bretagne, l’Allemagne, et d’autres. Si vous ajoutez les variations entre fabricants et les différents niveaux d’usure, le port d’effets personnels, et autres « améliorations locales », vous n’auriez pas fini de rappeler les gens à l’ordre! Corrigez-moi si je me trompe Mon Général, mais je ne pense pas que ces troupes aient fait preuve d’un manque de maintien, de cohésion, ou de combativité! Votre discours me fait penser à celui que débitaient déjà nos officiers généraux lorsqu’il fut question d’abandonner le pantalon rouge, au profit d’une tenue plus adaptée aux réalités, (qui visiblement échappaient déjà à nos grands chefs!) d’un conflit moderne.

Il me semble étrange que vous ayez découvert l’utilité des genouillères et coudières pour l’ISTC. Cela fait longtemps que nombre de militaires les utilisent pour protéger leurs articulations tant en opération, qu’en manoeuvre, et pas du tout pour jouer les « Rambo ». D’autant qu’elles protègent également nos si précieux, inconfortables et fragiles treillis !

Visiblement Mon Général, vous ne « crapahutez » plus beaucoup avec la troupe. Vous n’avez pas non plus eu à utiliser nos nouveaux équipements (copies dégradées, inadaptées et souvent fragiles d’équipements issus du civil ou d’armées étrangères). Dans le cas où vous auriez des difficultés à en prendre conscience, il est tout à fait inutile de rajouter inutilement l’inconfort, et un matériel inadapté, au stress et à la fatigue en opération, ou en manoeuvre. Et je trouve affligeant vos propos selon lesquels, il faudrait que les conditions soient particulièrement difficiles pour commencer à légèrement tolérer des équipements non réglementaires. Pourquoi, et selon quels critères, faudrait-il que le soldat français subisse en permanence un certain degré d’inconfort? (pour l’aguerrissement, le maintien, et la combativité, me répondrez-vous. Cela me rappelle les explications délirantes que nous sortaient nos généraux pour justifier l’inconfort et l’insalubrité de nos tranchées pendant la Grande Guerre)

Maintenant, il est vrai qu’on rencontre des gens atteints de « mythotisme », mais rassurez-vous Mon Général, on ne se gêne pas pour les remettre à leur place (sauf lorsque ce sont des officiers supérieurs ou des généraux), et dans le cas contraire, ça me réconforte de savoir qu’un de nos chefs s’est donné pour mission de rappeler à l’ordre ces pseudo-guerriers.

Mon général, si la tenue réglementaire doit rester de rigueur dans les corps de troupe pour des raisons de rigueur et d’esthétique, il est grand temps d’arrêter la « langue de bois », de ranger un orgueil désuet mal placé, et de saluer les efforts entrepris par les soldats pour s’adapter en opération et en manoeuvre. Une des solutions serait peut-être de fixer quels effets non réglementaires peuvent être achetés avec nos deniers, comme cela se fait dans certaines armées.

Un sous officier de l’armée de terre

Tenue vestimentaire ou look du baroudeur ?

Je lis avec intérêt les différents échanges sur la tenue du militaire (principalement sur le terrain) et vous soumets mes modestes commentaires:

Concernant les libertés prises avec le règlement, il est évident que certains soldats arborent désormais des tenues de plus en plus éloignées des standards du commissariat. Citons quelques exemples bien concrets :

J’ai connu dans les années 80 la mode des treillis « retaillés » avec trois ou quatre rangées d’élastiques à l’arrière des vestes, parfois presque aussi courtes qu’un haut de spencer ( j’exagère mais à peine) J’ai aussi connu les plis permanents et les pantalons portés si serrés qu’il était parfois difficile d’embarquer dans son blindé ( j’ai été méca…) Il fallait être svelte pour rester élégants dans ces conditions!!!

A cette époque, nous avons côtoyé en Allemagne américains et canadiens dont il était fréquent de dire qu’aucun n’était dans la même tenue et c’était parfois exact. En revanche, pour bien connaître ces armées, j’ai constaté que tous les effets portés faisaient partie d’un paquetage réglementaire, très complet. La modularité était déjà à l’ordre du jour chez eux.

J’ai connu dans les années 90 le phénomène issu (du moins chez les métros) de l’après guerre du golfe et des clichés ramenés de ces nouveaux conflits : Plus que de tenue, je pense qu’il faut parler de look. Car comme l’a très bien dit un internaute de ce site, toutes les personnes qui arborent ces tenues n’en ont pas forcément le légitime usage. Un sous officier restauration collective portant un étui PA de cuisse me laisse dubitatif, de même que le conducteur du chef de corps avec son gilet de combat israélien. Seulement comment ne pas donner envie à nos petits soldats d’avoir eux aussi le look du baroudeur (depuis très longtemps véhiculé par les forces spéciales)

On a beaucoup parlé des tenues, quid des accessoires : Les lunettes OAKLEY, les mitaines, les bandanas, les mousquetons bien brillants portés sur une tenue au total look camo, etc., etc.

Vous l’aurez compris, je pense que tout ceci relève (aussi) de la recherche du look, pour être raccord avec les autres. Pour faire mon mea culpa, je reconnais avoir aussi porté les tenues « mytho » en Afrique ou ailleurs (en prenant soin d’immortaliser ces moments bien sûr !!!)

A mon avis, si tout ceci est limité par le commandement (ce qui est tout de même le cas dans la majorité des situations) et si la tenue « au quartier » est irréprochable, je dis pourquoi pas.

En revanche, au quartier (et donc aussi dans la garnison) j’observe un relâchement de plus en plus flagrant des tenues  » de tous les jours » une fois encore quelques exemples qui datent de cette semaine:

Un officier supérieur (emploi dans un bureau) pas rasé …. Des tenues débraillées (parka ouvertes, mains dans les poches) pour des militaires en ville…. Un blouson perso, porté à pied et en ville… Des bérets portés avec l’insigne à la verticale du nez…

J’arrête là mon inventaire à la PREVERT.

Que le commissariat dote le militaire d’un vrai paquetage OPS, modulable et évolutif. Il existe déjà tout ce qu’il faut sur « étagères ». Pourquoi ne pas créer, à l’instar des américains, des military clothing shops (à mi-chemin entre le MCC et le foyer)

Que l’encadrement soit toujours dans une tenue irréprochable (une question de volonté).

Pour terminer, je voudrais dire en réponse à une remarque publiée, que si la France a perdu bien des batailles malgré la tenue « nickel » de ses soldats, les américains sont en train d’en perdre une majeure, malgré le look très guerrier et extrêmement personnalisé de ses GI… Donc, comme dirait FOX MULDER, la vérité est ailleurs…

Un officier fraîchement retraité, qui respecte la tradition et assume la modernité !!

NB : La lettre du général Bonnemaison sur la tenue vestimentaire suscite de vives réactions de la part d’officiers et de sous-officiers de l’armée de terre. Il semblerait à la lecture des différents témoignages que les tenues de cette armée ne soient plus ou pas adaptées aux missions opérationnelles confiées aux différentes forces. Il est bien évident que le fait de critiquer la tenue vestimentaire n’a rien à voir avec le syndicalisme et encore moins avec les qualités du général Bonnemaison! Le sujet est important et l’Adefdromil va attirer l’attention des membres de la Commission de la défense nationale sur ce problème d’équipement car ce n’est pas la première fois que la qualité des équipements de l’armée française est mise en cause par les utilisateurs.

Lire également :
Pauvre Bourbaki

À lire également