Les généraux s’occupent des problèmes de leur niveau

Des généraux poussent des « coups de gueule ». Faut-il s’en réjouir ?

L’Adefdromil a fait paraître début décembre 2007 sur son site une note du Général Bonnemaison, commandant la 9ème Brigade légère blindée de marine en date du 7 novembre 2007, concernant la TENUE. Nous avons approuvé ce recadrage formulé avec conviction dans un style un peu gouailleur. En effet, l’uniformité de la tenue contribue à renforcer l’image de cohésion d’une armée et la prise de position du Général peut éviter que certains officiers en mal d’initiative ne demandent aux militaires placés sous leur autorité d’acquérir des effets non règlementaires sur leurs propres deniers (Lire « Tenues vestimentaires fantaisistes »). Il reste que ce « coup de gueule » ne s’adressait qu’à des subordonnés sur un problème du niveau des chefs de section, celui de la tenue.

Tout récemment, Le Figaro, sous la plume d’Arnaud de la Grange, (Lire « Le franc coup de gueule d’un général ») a médiatisé une lettre du général de corps d’armée Faugère,(Lire la « Lettre du général de corps d’armée Jean-Marie FAUGERE, Gouverneur militaire de Metz, commandant la région terre Nord-Est, des forces françaises et de l’élément civil stationnés en Allemagne ») commandant la région Nord Est qui s’insurgeait contre l’instruction d’organiser une cérémonie sportive commémorant la création du conseil international du sport militaire. Le courrier n’est cependant destiné qu’à son chef direct le Chef d’Etat Major de l’Armée de Terre. Bref, il ne s’agit que d’une chikaya entre étoilés. Et le grand reporter de conclure que la grogne monte dans les armées. Quel scoop !

Pourtant, il suffit de fréquenter le site de l’Adefdromil pour savoir que le mécontentement, la lassitude et parfois l’exaspération sont présentes dans les Armées depuis plusieurs mois et minent le moral des troupes toutes armées confondues.

On aurait aimé que des généraux se manifestent lors du statut général voté en 2005, qui n’est que la triste copie de celui de 1972 à peu de choses près. Mais, pour ce faire, il aurait fallu qu’ils aient une vision prospective – nous pourrions dire politique – du devenir des Armées françaises. C’était trop leur demander. Il n’y a plus de penseurs, il n’y a que des exécutants qui croient réfléchir et qui, en fait, ne reproduisent que du prêt à penser ou du prêt à communiquer.

Les généraux ont encore perdu une occasion de s’exprimer lors des derniers CSFM où ont été exposées les conclusions du rapport du HCECM et les mesures qui verront peut-être le jour fin 2009.

Bref, on aurait applaudi que des chefs veillent enfin aux intérêts de leurs subordonnés conformément aux dispositions de l’article L 4121-4 du code de la Défense.

Sur ces points, c’est en fait un silence radio fracassant qui a été entendu. Il permet de comprendre que de nos jours les généraux, petits poulets élevés au grain du Collège Interarmées de Défense et des Etats majors préfèrent traiter des problèmes de leur niveau : la tenue et l’organisation d’une manifestation sportive commémorative.

Le reste ne les concerne pas !

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