Sihem Souid, auteur du brûlot « Omerta dans la police » qui dénonçait l’homophobie et le racisme, va sans doute écoper d’une « exclusion temporaire de fonction » de dix-huit mois, dont six avec sursis, dans les jours à venir pour « atteinte au devoir de réserve » et « violation du secret professionnel ».
Les soutiens se multiplient pour demander la clémence du ministre de l’Intérieur qui a la possibilité d’alléger ou annuler la sanction. La jeune fonctionnaire attribue ses ennuis à la secrétaire d’Etat à la Jeunesse, Jeannette Bougrab, lorsque celle-ci était présidente de la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde).
Vous l’avez forcément vue, lue, entendue. Depuis octobre, Sihem Souid, auteure d’un ouvrage dénonçant la loi du silence et les dérives racistes au sein de la police aux frontières (PAF), est partout.
Son livre, « Omerta dans la police », raconte sa mauvaise expérience à la PAF et des mois de lutte pour que les agissements de ses collègues soient sanctionnés : racisme, homophobie, sexisme, etc.
Aujourd’hui adjointe administrative à la préfecture de police de Paris, la jeune femme vient d’être suspendue pour manquement à son obligation de réserve. Une sanction qui ne concerne pas directement la publication de son livre mais ses prises de positions politiques sur un plateau télé.
De ses critiques visant la police, Sihem Souid est en effet progressivement passée à une guerre beaucoup plus frontale avec le gouvernement.
Elle se retrouve aujourd’hui en conflit ouvert avec Jeannette Bougrab, secrétaire d’Etat à la Jeunesse, présidente de la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde) jusqu’au dernier remaniement ministériel.
Deux jeunes femmes « issues des minorités », l’une, ambitieuse militante UMP qui dénonce le discours de victimisation des dites minorités ; l’autre, en guerre contre une institution qui ne pardonne pas à ceux qui crachent dans la soupe.
C’est via la Halde qu’elles se rencontrent. L’une est en est donc la présidente, l’autre, une victime.
Souid apprend en direct à la télé que la Halde la lâche
En 2009, Sihem Souid et six de ses collègues déposent une plainte au pénal et saisissent la Halde pour discrimination. La policière, alors suspendue pour avoir transmis des documents confidentiels sur la PAF à un journaliste, est réintégrée. Pour elle, la Halde s’est prononcée en sa faveur. Mais à l’époque, ledit avis n’est pas publié.
En avril 2010, Louis Schweitzer quitte la Halde. L’UMP Jeannette Bougrab le remplace. Sihem Souid a le sentiment d’être baladée, on lui annonce la publication de l’avis pour juillet, puis pour septembre, mais rien. La jeune femme se sent flouée :
« Je commençais à avoir des doutes vu son comportement sur certains dossiers, comme celui de la circulaire des Roms.
Je me suis dit qu’elle allait mettre le mien de côté, vu qu’il concernait la police, donc l’Intérieur, donc le gouvernement. »
En septembre, les deux femmes se rencontrent au cours d’une soirée à l’ambassade des Etats-Unis. Tous les ans, quelque cinquante personnalités d’origine maghrébine sont reçues rue du Faubourg Saint-Honoré pour un repas de rupture du jeûne du ramadan. Sihem Souid raconte :
« Je lui ai demandé des explications sur mon dossier qu’elle connaissait très bien. Elle me dit : “Oui, il y a eu discrimination sur votre dossier, je vais vous recevoir, ne vous inquiétez pas, la Halde est derrière vous.” Elle a dit ça devant plein de monde, des journalistes vont témoigner pour moi.
Mais elle ne m’a jamais rappelée et je n’ai jamais reçu l’avis. Je m’inquiétais mais je ne pouvais pas attaquer Mme Bougrab sans savoir quelle était la décision prise par la Halde. »
Le 19 novembre, alors qu’elle participe à l’émission de Franz-Olivier Giesbert, « Semaine critique » sur France 2, Elisabeth Lévy, chroniqueuse, lit l’avis rendu par la Halde sur l’affaire.
La demande de Sihem Souid est rejetée. Cette dernière l’ignorait et l’apprend en direct….
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